«Injuste et stigmatisante»
La nouvelle stratégie sur le crack divise les partis à Lausanne

La nouvelle stratégie anti-drogue de Lausanne suscite des réactions contrastées. L'UDC critique le manque de fermeté, tandis qu'Ensemble à Gauche dénonce la restriction d'accès aux espaces de consommation.
La nouvelle stratégie concernant le crack à Lausanne sème la discorde entre les partis.
Photo: keystone-sda.ch
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ATS Agence télégraphique suisse

Plusieurs partis politiques lausannois ont réagi à la présentation de la nouvelle stratégie de la drogue face à la crise du crack par la Ville. Pour des raisons différentes, l'UDC et Ensemble à gauche ont critiqué les annonces faites mardi. Le Parti socialiste salue plutôt la nouvelle approche globale, tout comme les commerçants.

«Alors que la qualité de vie au centre-ville se dégrade de jour en jour sous la pression de véritables scénettes de la drogue, la Municipalité continue de naviguer à vue», écrit l'UDC Lausanne dans un communiqué. «Pendant des années, la majorité de gauche a défendu une vision 'ouverte' et sans restriction de ces espaces et du domaine public alentours, ignorant par angélisme les nuisances massives subies par les habitants, les commerçants et les touristes».

«Aujourd'hui, en envisageant d'introduire des critères d'accès au local d'injection, la Municipalité admet enfin que son modèle a créé un immense appel d'air et aggrave les problèmes. Un 'progrès' qui ressemble à un aveu d'échec. C'est un premier pas timide dans la bonne direction, mais qui reste très insuffisant», estime l'UDC. «Il est temps de passer des mesurettes à une politique ferme et cohérente», selon le parti. L'UDC va continuer de plaider pour «la fermeture immédiate» du local d'injection de la Riponne, notamment par le biais d'un postulat récemment déposé au Conseil communal.

«Injuste et stigmatisante»

La gauche radicale lausannoise est aussi très critique, mais pour d'autres raisons. Ensemble à Gauche dénonce fermement la volonté de la Municipalité de restreindre l'accès aux Espaces de consommation sécurisé (ECS) aux seules personnes domiciliées dans le canton de Vaud.

«Une telle mesure est non seulement injuste et stigmatisante, mais aussi dangereuse sur le plan de la santé publique. Refuser l'accès à des personnes qui consomment ne fera pas disparaître la consommation: cela la déplacera simplement dans la rue, accroissant les risques sanitaires, la précarité et les tensions dans l'espace public», écrit Ensemble à Gauche dans son communiqué.

Le Parti socialiste (PS) salue pour sa part une «stratégie ambitieuse» et «une approche globale qui allie santé publique, accompagnement social et mesures sécuritaires». Le signal est fort, selon lui: Lausanne «assume une politique de lutte contre les produits stupéfiants humaine, structurée et cohérente».

Le PS lausannois salue également le renforcement sécuritaire annoncé dans l'espace public. «Une présence uniformisée, visible, respectueuse de chacun, et fondée sur la coopération entre corps et acteurs sociaux, combinée à des interventions de police et au travail de la police judiciaire, est fondamentale pour avancer vers une gestion apaisée et cohérente de l’espace public», note-t-il.

«C'était le moment d'agir»

Interrogée par Keystone-ATS, la Société coopérative des commerçants lausannois (SCCL) salue aussi ces «annonces et décisions prises de manière globale». «C'était le moment d'agir. Nous attendons de voir si cela est suffisant. Mais c'est une réponse à l'une des problématiques les plus importantes pour nous», a commenté sa présidente Anne-Lise Noz.

«Le suivi de ces mesures et de leurs mises en place ainsi que le retour du terrain seront déterminants. La crainte est le risque de voir le problème se déplacer ailleurs en ville», ajoute-t-elle.

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