Lundi, les autorités vaudoises ont présenté les résultats des tests de pollution aux dioxines effectués dans les sols lausannois. Les chiffres sont particulièrement élevés, pour certains bien au-delà de la limite autorisée en Suisse. Plusieurs dizaines de milliers de personnes vivent dans les zones concernées. Leur santé est-elle en danger? Doivent-elles s’inquiéter? Blick fait le tour de la question en dix points.
La dioxine, c’est quoi?
Selon l'Organisation mondiale de la santé, les dioxines sont des polluants persistants dans l’environnement. Ils constituent un groupe précis de «composés chimiquement apparentés».
Quelle est l’étendue de la pollution?
La zone est située dans la partie nord de la commune de Lausanne. Les environs du Parc de l’Hermitage et la forêt de Sauvabelin sont particulièrement touchés. L’aire descend jusqu’à la gare et au lac, à un niveau moindre.
Les communes d’Epalinges et du Mont-sur-Lausanne sont aussi touchées. Pully et Prilly le sont «marginalement», indiquent les autorités. Le Canton a émis une carte précise disponible en ligne.
Comment ces toxines se transmettent-elles?
Les dioxines sont contenues dans les sols et se transmettent via l’ingestion de produits contaminés. Elles ne sont pas présentes dans l’atmosphère, ni dans l'eau.
Le contact avec la peau représente peu de dangers. Les autorités recommandent de bien se laver les mains après avoir touché de la terre de cette zone.
Comment la terre a-t-elle été contaminée?
Ce sont les fumées de l’usine d’incinération des ordures du Vallon, fermée en 2005, qui ont contaminé les sols environnants. L'usine aurait rejeté des fumées nocives depuis son inauguration en 1958. Différents aménagements ont eu lieu au fil du temps pour réduire la pollution.
L’usine d’incinération a été remplacée par celle du Tridel, en 2006. Elle est située à côté de l’arrêt «Sallaz» du métro m2.
Les produits alimentaires sont-ils concernés et si oui, lesquels?
Les œufs et les cucurbitacées (courges, courgettes, etc.) produits dans la zone ne doivent plus être consommés, ou en très petites quantités.
Concernant les légumes du supermarché, il y a peu de chances que des produits de cette zone finissent dans les étalages. Aldi l'exclut et indique que «les aliments de nos filiales vaudoises peuvent être consommés sans hésitation». La Coop se dit en contact avec ses fournisseurs. «Nous ne nous approvisionnons pas en produits provenant des zones touchées», dit-elle.
J’ai un potager dans la zone concernée et mange les légumes que j’y produis. Suis-je en danger?
Pas forcément. Si votre potager se trouve dans l'une des deux aires les plus concernées, oui, et il vous faudra renoncer à consommer vos oeufs et cucurbitacés.
Pour les zones où ces deux produits sont considérés comme sûrs, les autorités recommandent malgré tout de limiter la consommation des cucurbitacées à maximum 100g par personne et par semaine, et à un œuf par personne par semaine.
Les légumes racines (carottes, radis, etc.) peuvent être mangés une fois pelés et lavés.
Et si l'on dépasse ces doses limites?
«Il n'est pas possible de quantifier individuellement l'effet sur la santé, prévient David Vernez, chef du Département santé au travail et environnement d’Unisanté. Cela peut contribuer, mais ce n'est pas le seul facteur «à la probabilité d’apparition d'effets de perturbation endocrinienne, comme la baisse de la fertilité chez les jeunes hommes.»
Le centre universitaire minimise cependant les chances de développement de cancers. Ceux-ci et d'autres pathologies «ont été associées aux dioxines, mais à des seuils d'exposition beaucoup plus élevés que les scénarios actuels rencontrés à Lausanne.»
Je vivais dans la zone concernée avant le démantèlement de l'usine du Vallon. Ai-je été contaminé par les dioxines?
«Nous n'avons pas de données sur les exposition aériennes aux dioxines à l'époque, explique Unisanté. L'exposition à proximité de l'usine était sans doute plus élevée qu'à l'heure actuelle, où seuls les sols sont concernés.»
Les enfants sont-ils en danger s’ils ont ingéré de la terre située dans cette zone?
Le Canton de Vaud est conscient du problème et recommande de limiter à 3 fois par semaine la fréquentation des parcs et jardins dans l'aire la plus touchée («bleu très foncé»). Les quatre autres aires ne sont pas concernées.
D’autres villes en Suisse romande sont-elles touchées?
Certaines zones autour des autres usines d’incinération des ordures ménagères (UIOM) du pays auraient-elles pu être touchées? Il y a 30 usines de ce genre en Suisse, présentes dans 17 cantons.
Les zones autour de ces usines pourraient-elles contenir des traces de dioxine? «On peut s'attendre à en trouver, cela dépendra des méthodes d'analyse», signale Matthias Wüthrich, spécialiste des sites contaminés chez Greenpeace, qui explique que les UIOM sont beaucoup moins polluantes depuis les années 1990, grâce à la présence de filtres plus modernes. «Pour les usines les plus anciennes, la pollution propagée jusqu’à cette période pourrait toujours être présente dans les sols, comme c’est le cas à Lausanne.»
Elles sont présentes dans tous les cantons romands, à l'exception du Jura. À Genève, elles se situent dans la commune d'Aire-la-Ville, dans le Valais à Monthey et à Sion, dans le canton de Fribourg à Posieux, dans le canton de Neuchâtel à Boudry et La Chaux-de-fonds et dans le Jura bernois à Bienne. À Lausanne, l'UIOM du Tridel a remplacé celle du Vallon, sur le même site.
Elles sont présentes dans tous les cantons romands, à l'exception du Jura. À Genève, elles se situent dans la commune d'Aire-la-Ville, dans le Valais à Monthey et à Sion, dans le canton de Fribourg à Posieux, dans le canton de Neuchâtel à Boudry et La Chaux-de-fonds et dans le Jura bernois à Bienne. À Lausanne, l'UIOM du Tridel a remplacé celle du Vallon, sur le même site.
Selon lui, d’autres zones contaminées en Suisse romande pourraient cependant être découvertes. «On ne trouve des résultats que quand on les cherche, estime-t-il. Mais les tests sont chers et compliqués à réaliser. «Je note que les traces de dioxine à Lausanne n’ont pas été trouvées à cause de tests systématiques mais notamment parce qu’un particulier a fait tester son terrain.»
Quelle solution est prévue?
Les autorités n’ont pas encore décidé d’une solution. Le Canton indique avoir envoyé des «demandes urgentes» à l’Office fédéral de l’environnement concernant «la fixation d’un seuil d’assainissement» pour décider de la suite.
Interrogée, Sophie Michaud Gigon, conseillère nationale verte et habitante de Lausanne, préconise un programme de biosurveillance national pour monitorer les impacts des produits chimiques sur la santé.
Elle estime que la vision d'ensemble manque encore. «Il faudra développer scientifiquement d'autres pistes que l'excavation pure et simple de la terre polluée. Assainir autant de milliers de mètres cube est colossal!»
Interrogée, Sophie Michaud Gigon, conseillère nationale verte et habitante de Lausanne, préconise un programme de biosurveillance national pour monitorer les impacts des produits chimiques sur la santé.
Elle estime que la vision d'ensemble manque encore. «Il faudra développer scientifiquement d'autres pistes que l'excavation pure et simple de la terre polluée. Assainir autant de milliers de mètres cube est colossal!»