Les fronts sont flous autour de l’abolition de la valeur locative. Non seulement le parti socialiste (PS) et les Vert-e-s s’opposent au projet, mais de plus en plus de politiciens bourgeois expriment aussi leur réserve.
Ces derniers jours, un tract circule régulièrement dans les boîtes aux lettres suisses. Sur une grande photo, le conseiller aux États du Centre Beat Rieder et le coprésident du PS Cédric Wermuth mettent en garde contre une hausse des impôts.
Des coûts élevés pour les cantons alpins
Beat Rieder s’oppose ainsi à la ligne de son propre parti. Mais l’abolition de la valeur locative provoquerait d’importantes pertes financières pour les cantons de montagne... et Beat Rieder est valaisan.
Mais il n'est pas le seul. Le conseiller d’Etat libéral-radical (PLR) uranais Urs Janett se dresse lui aussi contre le projet. Même s’il en profiterait personnellement: «Je place le bien de l’Etat au-dessus de mon bien privé», dans une interview à CH Media. À ses yeux, la réforme crée de nouvelles incertitudes et des failles. Carmelia Maissen, conseillère d’État du Centre dans les Grisons, a annoncé dès mars à Blick qu’elle résisterait: «Rien que pour le canton et les communes des Grisons, cela représente 90 millions de francs par an.»
Pourtant, le PLR a lui-aussi donné le mot d’ordre du «oui». Mais il y a des dissidents. La conseillère nationale Simone de Montmollin rejette la suppression: «En Suisse romande notamment, nombreux sont ceux qui seraient durement touchés et qui manqueraient de moyens si cette réforme passait, explique-t-elle à Blick. En outre, les rénovations et les assainissements ne pourront plus être déduits des impôts. De nombreux propriétaires ne pourront alors plus se le permettre.»
«Une maison est hors de prix»
Au sein du PLR, personne ne l’a critiquée pour son opposition à la ligne officielle. «Je suis aussi fondamentalement contre la valeur locative, mais pas de cette manière. Ce projet pénalise les jeunes familles, pour lesquelles une maison à soi devient inabordable.» Son collègue vaudois et conseiller aux États Pascal Broulis a lui aussi pris position contre.
Même à l’Union démocratique du centre (UDC), des voix critiques s’élèvent contre l’abolition. Le conseiller national valaisan Jean-Luc Addor en est un exemple. Pour lui, le Parlement a créé un «monstre». «Ce qu’on nous donne de la main droite, on nous le reprend de la main gauche.»
Le Centre, le PLR et l’UDC défendent pourtant officiellement la suppression de la valeur locative. Ils la qualifient d’«impôt punitif». «Celui qui occupe son propre logement est aujourd’hui doublement ponctionné», font-ils valoir.