Un trio puissant contre Klaus Schwab
Le conflit autour du fondateur du WEF secoue toujours Davos

Le Forum économique mondial provoque une escalade en jouant un coup bas contre son fondateur Klaus Schwab. Le médiateur Philipp Hildebrand est appelé à intervenir.
Publié: 19:53 heures
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Le fondateur du WEF, Klaus Schwab, est hors de lui.
Photo: Keystone
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Reza Rafi

Dans le conflit autour du fondateur du Forum économique mondial (WEF), il s’agit d’une question d'enjeu national. On ne peut interpréter autrement le fait que même le diplomate vedette de la Confédération soit impliqué.

Gabriel Lüchinger dirige au DFAE le département de la sécurité internationale. Il n’a pas de mandat formel de médiation. Mais Klaus Schwab, fondateur du WEF, lui fait confiance. En 2024, ce quadragénaire a organisé à Davos la réunion des conseillers nationaux à la sécurité sur l’Ukraine. Une autre rencontre importante est prévue en 2026. Gabriel Lüchinger sait donc ce qui est en jeu.

Les Américains s’inquiètent à Berne

Les Américains ont déjà exprimé leur inquiétude à Berne et se sont renseignés sur ce qui se passe avec le Forum économique mondial. La période d’inscription pour l’année prochaine commence en août.

Une rupture est survenue entre le WEF et son fondateur Klaus Schwab. Ce dernier a été écarté de manière abrupte de l’organe de direction, à la suite d’accusations anonymes qu’il conteste. Une réconciliation est désormais urgente. Cette mission a été confiée au nouveau membre fraîchement élu du conseil de fondation, Philipp Hildebrand.

Quatre heures à l'hôtel Metropole

Après l'esclandre, une accalmie semblait possible. Philipp Hildebrand a réussi à convaincre Klaus Schwab et le WEF de conclure un accord intermédiaire: le fondateur a obtenu un droit de regard sur le projet de rapport d’enquête. En contrepartie, Klaus Schwab a accepté de répondre aux questions des enquêteurs. Ainsi, le 15 juillet, une audition de quatre heures a eu lieu à l’hôtel Métropole de Genève, menée par l’avocat de l’étude Homburger, Claudio Bazzani.

Jusqu’ici, tout semblait (presque) normal. Puis, cinq jours plus tard, l’affaire a éclaté: d’abord, la «SonntagsZeitung», appartenant au groupe Tamedia, a publié des détails issus du rapport d’enquête. Il y était question de l’accusation déjà connue de manipulations dans des rapports, de détournement de fonds via la fondation privée de Hilde Schwab, ainsi que de «mails embarrassants» que le fondateur aurait envoyés à de jeunes collaboratrices. Le «Wall Street Journal» et Bloomberg ont ensuite enchaîné. Les médias anglo-saxons affirment avoir en leur possession un document de 60 pages.

La réconciliation plus éloignée que jamais

Contrairement aux journalistes, Klaus Schwab, qui se bat pour préserver l’œuvre de sa vie, n’a pas vu une seule ligne du rapport d’enquête — en dépit de l’accord intermédiaire conclu. A cela s’ajoute une curiosité troublante: les «mails embarrassants» n’ont jamais été évoqués lors de l’audition à Genève.

Les positions se sont à nouveau durcies. Klaus Schwab est hors de lui: il a déclaré pouvoir réfuter toutes les accusations et refuse désormais de coopérer avec les enquêteurs. Ce qui signifie que les auteurs anonymes des accusations ont atteint leur but: une réconciliation semble plus éloignée que jamais. La mission consiste-t-elle à destituer le fondateur une bonne fois pour toutes?

Le trio Brabeck, Brende, Buberl

Il est clair que Klaus Schwab fait face, de l’autre côté, à un trio puissant: Brabeck, Brende, Buberl. Le président intérimaire du conseil de fondation, Peter Brabeck-Letmathe, qui informe régulièrement le gouvernement, fait partie depuis longtemps des opposants du fondateur. Le président du FEM, Børge Brende, est lui aussi soupçonné d’avoir ses propres ambitions. Quant à Thomas Buberl, chef du comité d’audit et des risques, il a chargé en toute hâte, au printemps, le cabinet Homburger d’enquêter sur Klaus Schwab suite à l’apparition des accusations anonymes. Le fait que Homburger compte parmi ses principaux avocats ceux du groupe d’assurance Axa, dont le PDG s’appelle également Thomas Buberl, est au moins un détail piquant — dans une querelle qui tend peu à peu au vaudeville.

Schwab refuse de commenter. Un peu d’espoir subsiste: selon des sources, une nouvelle rencontre entre les parties est prévue la semaine prochaine. Le diplomate Gabriel Lüchinger suivra donc de près les résultats de cette nouvelle tentative en vue d'apaiser les tensions.

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