Dépenses monstrueuses, rapports falsifiés
De nouvelles accusations accablent Klaus Schwab, le fondateur du WEF... qui contre-attaque

Le fondateur du WEF Klaus Schwab et sa femme Hilde sont confrontés à de graves accusations. Les résultats de l'enquête sont désormais disponibles pour la première fois, ainsi que des chiffres concrets, que Klaus Schwab aurait tenté de falsifier.
Publié: 06:54 heures
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Dernière mise à jour: 07:20 heures
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Klaus et Hilde Schwab auraient effectué des voyages coûteux aux frais du WEF.
Photo: Andy Mettler
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Milena Kälin

Le fondateur du World Economic Forum (WEF), Klaus Schwab, et son épouse Hilde auraient effectué des voyages de luxe aux frais de l’organisation. Pour la première fois depuis le début de l'affaire, un montant concret correspondant à ces dépenses est dévoilé: les avocats de l’étude Homburger examinent des dépenses totalisant 900'000 francs. Cette somme se serait accumulée sur une période de dix ans, selon le «SonntagsZeitung».

Une enquête interne est en cours contre Klaus Schwab et sa femme. Un lanceur d’alerte avait formulé de graves accusations à l’encontre de celui qui présidait encore récemment le conseil de fondation du WEF. C’est d’ailleurs les révélation de ce lanceur d’alerte qui l’avait poussé à la démission le lundi de Pâques, prenant de court l’opinion publique. Peu après, le WEF avait mandaté une enquête externe, confiée à des avocats de l’étude Homburger.

Le «SonntagsZeitung» affirme avoir eu accès aux premiers résultats de cette enquête. En plus des frais de voyage jugés excessifs, Klaus Schwab aurait envoyé des courriels suggestifs à de jeunes collaboratrices du WEF. Le journal ne s’attarde toutefois pas sur cette accusation.

Résultat d'études manipulés

Klaus Schwab est également soupçonné d’avoir manipulé les résultats de certaines études publiées régulièrement par le WEF, comme le Global Competitiveness Report (GCR), un rapport sur le compétivité mondiale. Il aurait transmis des données intermédiaires à un représentant du gouvernement d’un pays arabe et demandé à ce que les résultats soient modifiés.

Selon l’enquête, il serait aussi intervenu lorsque l’Inde avait fortement reculé dans le classement, perdant vingt places. Klaus Schwab aurait estimé qu’il fallait préserver les bonnes relations avec ce pays. Depuis 2021-2022, le rapport n’a plus été publié.

Au début du mois de juillet, des sources internes ont avancé que Klaus Schwab devrait être blanchi sur la plupart des points. Seule la question de la manipulation des études resterait problématique. Les conclusions officielles ne seront toutefois connues qu’une fois l’enquête bouclée, probablement d’ici à la fin août.

Interrogé, le WEF indique ne pas pouvoir commenter une procédure en cours. Klaus Schwab, de son côté, n’est pas autorisé à s’exprimer publiquement ou dans les médias, en vertu d’un accord conclu avec l’organisation.

Le fondateur contre-attaque

Klaus Schwab a toutefois publié une déclaration écrite en réaction à la fuite des premiers résultats. Il y critique vivement le conseil de fondation, qu’il accuse de ne «pas respecter l’accord de confidentialité censé encadrer les discussions en vue d’un règlement à l’amiable». Concernant les 900'000 francs de frais de voyage et des emails suggestifs évoqués, il reste vague: «Il va sans dire que, dans ce contexte, je suis en mesure de réfuter toutes les allégations portées contre moi.»

Les nouveaux éléments révélés s’inscrivent dans un climat tendu autour du Forum économique mondial de Davos, souvent ciblé par des critiques et des théories du complot. Dans sa déclaration, Klaus Schwab se dit attristé par la situation actuelle. Il dénonce une «violation massive de la confiance», qui pourrait, selon lui, porter un «grave préjudice» au WEF en tant qu’institution, et nuire à la réputation de la Suisse.

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