Les banques suisses s'effondrent: un expert met en garde contre une crise financière
Que se cache-t-il derrière les crédits douteux aux Etats-Unis ?

Les marchés boursiers ont connu une chute inattendue vendredi. Les créances douteuses des banques régionales américaines ont semé la panique. UBS et Julius Baer ont enregistré des pertes importantes. La prochaine crise bancaire se profile-t-elle, après 2023?
Publié: 18.10.2025 à 17:03 heures
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Dernière mise à jour: 18.10.2025 à 17:10 heures
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Les actions bancaires font un plongeon spectaculaire ce vendredi.
Photo: imago/UPI Photo
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Martin Schmidt

Les cours des actions bancaires étaient dans le rouge vendredi: quelques créances douteuses de banques régionales américaines ont suffi à faire chuter les institutions financières américaines et européennes en bourse. UBS et Julius Baer ont perdu environ 3%. Ces vives réactions ont été surprenantes, car ces prêts semblent n'être qu'une bagatelle pour le secteur bancaire mondial. Elles ont pourtant été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

La banque régionale américaine Zions Bancorporation a annoncé jeudi soir qu'elle devrait radier des prêts d'un montant de 50 millions de dollars. Western Alliance a intenté une action en justice concernant 100 millions de dollars de créances douteuses. Les actions des deux banques ont chuté de plus de 10% jeudi.

«Beaucoup trop complexe et opaque»

Marc Chesney, professeur émérite de finance à l'Université de Zurich, explique à Blick pourquoi ces montants inquiètent autant les investisseurs. «Le système financier est bien trop complexe et opaque. Des événements prétendument limités peuvent alors suffire à déclencher la panique.»

Le problème est plus profond: les investisseurs ont déjà été pris au dépourvu il y a deux semaines. L'équipementier automobile américain First Brands a été contraint de déclarer sa faillite. Selon la demande d'insolvabilité, l'entreprise aurait au moins 10 milliards de dollars de dettes. Selon le média économique Bloomberg, UBS aurait également investi environ 500 millions de dollars dans First Brands. En outre, Tricolor Holdings, un prêteur automobile américain à haut risque, a également déposé son bilan.

Le secteur des prêts privés est florissant

Les transactions financières concernées relèvent toutes du secteur des crédits privés, aussi appelés fonds de dette privée. Après la crise financière de 2007, l'octroi de crédits a été plus strictement réglementé. Les entreprises de taille moyenne, en particulier, se financent donc de plus en plus par le biais de crédits privés émis par des fonds de dette privée. Leur volume a plus que décuplé depuis la crise financière et s'élève, selon la banque américaine JP Morgan, à 3 milliards de dollars dans le monde. Les taux d'intérêt sont lucratifs, mais les risques sont d'autant plus élevés.

Ces opérations sont aussi intéressantes pour les banques. JP Morgan s'attend à ce que le volume des crédits privés atteigne 5 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années. Les risques liés à ces fonds sont répartis entre un large éventail d'emprunteurs. Mais si un grand nombre d'entre eux devaient soudainement faire défaut concernant le paiement des intérêts, alors un petit choc se transformerait rapidement en panique générale.

Souvenirs de la débâcle de CS

Dernièrement, les défaillances de crédits privés ont augmenté. «Comme le marché est peu réglementé, il se peut que nous soyons confrontés à des problèmes plus importants», explique le professeur Marc Chesney. Il existe par exemple des produits complexes que les entreprises utilisent pour transférer leurs obligations de paiement aux fournisseurs ou leurs créances clients impayées vers des fonds tel que Credit Debt. Ils reçoivent ainsi des liquidités en retour. Ces fonds, comme dans le cas de First Brands, n'apparaissent souvent pas de manière transparente dans les comptes des entreprises. Les risques réels sont donc difficiles à évaluer.

De telles transactions dans la chaîne d'approvisionnement sont déjà connues depuis la débâcle de Greensill impliquant le Crédit Suisse. La banque suisse a investi environ 10 milliards de dollars dans cette opération.

Plus récemment, la hausse des taux d'intérêt des banques de la Silicon Valley a déclenché une crise bancaire mondiale en 2023, entraînant Crédit Suisse dans une spirale descendante et nécessitant finalement son sauvetage par UBS. «La dette mondiale ne cesse de croître et les paris financiers se complexifient. Ce n'est qu'une question de temps avant que nous assistions à de nouveaux défauts de paiement et que nous glissions vers une nouvelle crise financière aiguë», déclare finalement Marc Chesney.

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