L'Amérique séduite malgré les taxes
Le rêve américain brisé… puis relancé pour le roi grison de la tarte aux noix

Le pâtissier grison Reto Schmid voit son rêve américain renaître. Après l'échec initial dû aux droits de douane imposés par Trump, le géant Costco revient à la charge pour ses tartelettes aux noix des Grisons.
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Reto Schmid dirige «La Conditoria» à Sedrun (GR) depuis 2004.
Photo: KARL-HEINZ HUG
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Nathalie Benn

Depuis plus de 21 ans, le pâtissier Reto Schmid prépare jour après jour les célèbres tartelettes aux noix des Grisons dans son fournil de La Conditoria, à Sedrun (GR). A la tête de longue date de cette entreprise traditionnelle, il a enchaîné les succès: sous sa direction, un nouveau site de production a vu le jour, la pâtisserie approvisionne désormais la majorité des grands détaillants suisses et s'affiche dans de nombreuses foires internationales. Sur le papier, 2025 devait marquer l'apogée de sa carrière. 

Pendant plus d'un an et demi, le Grison a travaillé à un méga-deal aux Etats-Unis. En ligne de mire: un partenariat avec le géant américain de la distribution Costco, prêt à proposer la spécialité grisonne à sa clientèle. Mais le président américain Donald Trump est venu balayer cette opportunité en imposant des droits de douane records. «Pour nous, c'est une catastrophe!», s'était exclamé Reto Schmid en septembre dans Blick. 

Même allégés, les taxes restent dissuasives

A l'époque, la Suisse subissait encore des droits d'importation de 39%. Mais même ramenés à 15% dans le cadre du nouvel accord, ils ne rendent pas l'opération viable pour Reto Schmid. «Avec l'évolution du taux de change depuis le début de l'année, nous faisons face à des coûts supplémentaires d'environ 30%. Pour nous, c'est tout simplement trop», explique-t-il à Blick. 

Mais le «Nusstörtli-Gate» connaît aujourd'hui un nouveau rebondissement, comme l'a révélé en premier la RTR. Manifestement très friand de cette pâtisserie sucrée, Costco est revenu à la charge le jour même de l'annonce de la baisse des droits de douane. Et le groupe américain a même revu ses ambitions à la hausse: au lieu d'une seule référence, il souhaite désormais acheter trois variantes de «Mini Bündner Nusstörtli» et les intégrer à son assortiment, raconte Reto Schmid à la RTR.

On ignore encore si l'entrepreneur devra s'acquitter de droits de douane pour ses livraisons outre-Atlantique, et à quel niveau. «Nous n'en sommes pas encore là dans les négociations», précise-t-il.

Inde et Chine en embuscade…

Les tartelettes aux noix de Reto Schmid ne font pas seulement saliver les Américains. Depuis le coup de massue douanier asséné par Trump le 1er août, les lignes ont bougé en coulisses. Le pâtissier a aussi mené des discussions avec la Chine et l'Inde, ouvrant ainsi de nouveaux débouchés. Les participations à des salons à l'étranger – notamment à Cologne, Amsterdam ou Dubaï – ont porté leurs fruits, assure-t-il. «Nous n'avons pas eu besoin d'aller chercher les entreprises indiennes, ce sont elles qui sont venues à nous.»

Des représentants chinois se seraient même rendus à Sedrun et auraient immédiatement passé commande. Mais comme souvent, il faut faire des choix. Alors que les perspectives s'éclaircissent à nouveau du côté des Etats-Unis, le contrat chinois tombe à l'eau.

«La grosse commande n'a pas pu être honorée dans les délais souhaités», explique Reto Schmid. En contrepartie, des capacités de production se libèrent à nouveau à La Conditoria. L'accord avec Costco n'est pas encore signé. Mais une chose est certaine: la route vers le rêve américain est de nouveau dégagée. 

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