La Suisse achètera «autant d'avions F-35 que possible» dans la limite de l'enveloppe financière de 6 milliards de francs. Aucun crédit supplémentaire ne sera alloué, a indiqué vendredi le Conseil fédéral. La volonté populaire sera respectée.
Le nombre de jets achetés n'est pas précisé. Cette décision est liée à l'intransigeance des Etats-Unis sur le prix. La Suisse ne pourra pas leur imposer de prix fixe pour l'achat des 36 avions de combat F-35A initialement prévu. Le Conseil fédéral ne veut toutefois pas renoncer à cet avion. Treize pays européens l'acquièrent également, ce qui renforcera l'interopérabilité au sein de l'Europe, justifie-t-il. D'après Martin Pfister, le président américain Donald Trump n'a joué aucun rôle dans cette décision.
Le Département fédéral de la défense lance les travaux nécessaires pour compléter les capacités de défense aérienne. Celle-ci doit être adaptée aux menaces actuelles. Cela requiert donc un renouvellement en profondeur et un renforcement des performances de la défense sol-air, ainsi que le déploiement de 55 à 70 avions de combat modernes.
De nouvelles menaces
«Nous vivons une période de profonds bouleversements géopolitiques», a déclaré Martin Pfister en conférence de presse. Ces bouleversements rendent l'Europe plus vulnérable et exposent la Suisse au terrorisme et à la cybercriminalité. La Confédération s'est donc dotée d'une nouvelle stratégie de politique de sécurité pour les prochaines années afin de faire face à une «menace grandissante», notamment de porter les dépenses de défense à 1 % du PIB d'ici 2032. La stratégie présentée aujourd'hui s'articule autour de trois axes principaux:
Renforcer la résilience: la Suisse doit protéger ses infrastructures critiques, son approvisionnement énergétique et alimentaire, et se défendre des cyberattaques. Elle doit donc réduire les dépendances et les vulnérabilités critiques pour minimiser les dommages en cas d'attaque.
Renforcer la protection et la défense: La protection de la population et la sécurité intérieure doivent être améliorées pour que le pays puisse mieux se défendre contre d’éventuelles attaques. La Suisse doit donc se préparer aux menaces d’espionnage, aux cyberattaques, au terrorisme et au crime organisé, aux catastrophes naturelles.
Renforcement des capacités de défense: la Suisse doit pouvoir se défendre aussi efficacement que possible contre une attaque. L'armée a donc besoin d’un équipement adéquat, quitte à envisager une défense conjointe avec les pays voisins.
Martin Pfister a précisé que le processus de consultation sur la stratégie a commencé.
Une guerre en Europe?
La Russie intensifie sa guerre hybride et nourrit des ambitions territoriales, alerte Martin Pfister. «Ces risques vont empirer dans les années à venir.» Une escalade, «pouvant aller jusqu'à une guerre en Europe de l'Est», aurait aussi des répercussions majeures pour la Suisse. La Suisse doit être prête à se défendre. Selon le Conseil fédéral, 55 à 70 avions de chasse modernes seraient nécessaires pour un système de défense aérienne complet et adapté aux menaces actuelles.