Un calcul «absurde»
Voici comment Berne explique les 39% imposés par Trump

Ce vendredi, Karin Keller-Sutter a déclaré que Donald Trump accuse la Suisse de lui « voler » 40 milliards de francs par an en raison du déséquilibre commercial. Le Conseil fédéral juge cette affirmation « absurde » et souhaite reprendre les discussions avec Washington.
Publié: 01.08.2025 à 15:45 heures
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Dernière mise à jour: 01.08.2025 à 23:18 heures
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Le président américain estime que le déficit commercial avec la Suisse équivaut à un vol annuel de 40 milliards de francs.
Photo: KEYSTONE
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ATS Agence télégraphique suisse

Donald Trump est de l'avis que la Suisse «vole» chaque année 40 milliards de francs aux Etats-Unis en raison du déficit commercial, a dit vendredi Karin Keller-Sutter. Le Conseil fédéral rejette cette position «absurde» et souhaite relancer les négociations.

Les 39% de droits de douane infligés à la Suisse sont «une surprise» et une «déception», car le montant négocié avec les membres du gouvernement américain était bien inférieur, a déclaré la présidente de la Confédération, interrogée par les journalistes en marge de la fête nationale sur la plaine du Grütli, au bord du lac des Quatre-Cantons.

Karin Keller-Sutter interprète le pourcentage de 39% imposé par Donald Trump par le déficit mentionné: «38,9 milliards de francs de déficit, 39% de droits de douane, c'est clair». Elle a souligné que ce niveau négocié, qu'elle n'a pas souhaité révéler, avait été accepté par les représentants des ministères du Commerce et des Finances. Ces derniers n'ont visiblement pas été entendus par le président, alors que la Suisse avait reçu d'autres signaux, a commenté la conseillère fédérale. Il est aussi possible que la proposition n'ait même pas été soumise au président américain ou qu'elle n'ait pas été discutée en détail avec lui, a-t-elle ajouté, précisant qu'il s'agissait d'une spéculation de sa part.

Un impact sur la Suisse et le monde

Le Conseil fédéral réfute l'analyse du patron de la Maison Blanche. En tenant compte des services, la balance commerciale entre les deux pays est en effet équilibrée, a fait valoir la ministre des finances. Elle a noté que jusqu'ici, le président Trump ne se focalisait pas uniquement sur la balance commerciale, mais aussi sur la création d'emplois aux Etats-Unis. Le fait que seul cet argument compte désormais est «nouveau», selon Mme Keller-Sutter.

S'agissant de la suite, le Département de l’économie va maintenant dresser un état des lieux et soumettre l’analyse au Conseil fédéral. Mme Keller-Sutter n'a pas voulu entrer dans les détails, mais une chose est claire: les droits de douane causeront des dommages à l'économie suisse, ils auront aussi un impact sur la conjoncture mondiale.

Pour amortir le choc, les entreprises suisses disposent de l’instrument du chômage partiel, a relevé Mme Keller-Sutter. Commentant les demandes des milieux de l'économie, elle a souligné que "sa porte était toujours ouverte" pour discuter de moyens pour réduire la bureaucratie ou pour améliorer les conditions cadres. D'autres mesures de soutien à l’économie ne sont pas prévues pour le moment.

«Cela ne doit pas gâcher la fête»

Karin Keller-Sutter ne veut cependant pas laisser les droits de douane gâcher la fête nationale. «Dans de tels cas, il faut simplement se lever, travailler et trouver des solutions, a-t-elle déclaré vendredi au Grütli. La Suisse a déjà vécu de telles tempêtes!» La Saint-Galloise a toutefois reconnu avoir passé une courte nuit.

Ce jeudi, elle a eu un entretien avec Donald Trump. Elle lui a dit que la Suisse célébrait aujourd'hui sa fête nationale. Le président américain lui aurait demandé la date de fondation de la Suisse et s'est montré impressionné, a-t-elle souligné. La question des droits de douane ne doit toutefois pas prendre toute la place. «Aujourd'hui, c'est notre journée, c'est la journée de la Suisse et elle doit être fêtée», a-t-elle dit.

Interrogé par la RTS, le ministre de l'économie Guy Parmelin avait dit la même chose un peu plus tôt. «Aujourd'hui nous fêtons notre fête nationale. Nous n'allons pas nous laisser perturber. Mais, naturellement, nous nous projetons déjà vers la suite», avait-il déclaré. 

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