La Suisse pousse un soupir de soulagement. Depuis vendredi, un accord douanier a enfin été conclu avec le gouvernement américain de Donald Trump. Les droits de douane sur les marchandises suisses devraient passer de 39 à 15%. L’euphorie était particulièrement visible dans les rangs de l’UDC, qui a même publié trop tôt son communiqué: «Bien joué, Monsieur Parmelin», apparaissait sur son site avant que le ministre de l’Economie ne puisse annoncer l’accord.
L’enthousiasme de l’UDC suscite désormais de vives critiques du PLR. «Qu’est-ce qui ne va pas avec l’UDC?», interroge la coprésidente fraîchement élue Susanne Vincenz-Stauffacher sur X. Selon elle, célébrer cet accord avec une telle avalanche de superlatifs relève «presque de la satire».
«Des envies sécessionnistes»
Si la question portait sur les accords bilatéraux avec l’Union européenne (UE), l’UDC invoquerait l’indépendance du pays avec ses «clowneries de hallebardes». Mais selon la libérale, le parti applaudirait sans réserve un deal opaque avec Trump. «C’est étrange», résume Susanne Vincenz-Stauffacher. La Saint-Galloise critique aussi les propos de deux anciens présidents de l’UDC: Toni Brunner et l’ancien conseiller fédéral Ueli Maurer ont récemment exprimé dans un podcast leur sympathie pour une scission des cantons critiques envers l’UE.
Toni Brunner est même allé jusqu’à évoquer une nouvelle confédération spéciale. Toni Brunner et Ueli Maurer pourraient «laisser libre cours à leurs envies sécessionnistes sans être contredits par les leurs» et proposer publiquement de démanteler la Confédération, critique Susanne Vincenz-Stauffacher. «Difficile de faire plus anti-suisse.»
Déjà après le revers douanier d’août, l’UDC avait été vivement critiquée pour sa position sur la politique américaine. Aucun élu d’autres partis n’avait jusque-là affiché une telle proximité avec Donald Trump. Le président des Vert’libéraux Jürg Grossen avait parlé de «glorification de Trump».
Scepticisme parmi les parlementaires
Après un premier soulagement à l’annonce de l’accord vendredi, la méfiance gagne les élus des autres partis. Pour la gauche, la déclaration d’intention reste trop peu contraignante et laisse de nombreuses zones d’ombre. Le parti socialiste (PS) veut même lancer un appel pour «stopper le deal Trump».
Le PLR lui-même a rappelé, peu après la conclusion de l’accord, que la baisse des surtaxes n’était «pas une raison d’être euphorique». Le Conseil fédéral n’aurait fait qu’éviter le pire. La Suisse doit désormais avancer: améliorer les conditions-cadres des entreprises, conclure des accords de libre-échange et stabiliser ses relations avec l’UE.