L'hiver approche à grands pas et le ski reste une passion intacte en Suisse. Dans les hôtels, restaurants, magasins de sport et stations de ski, les préparatifs s'intensifient. Selon l’institut BAK Economics, la saison s’annonce à nouveau solide, bien que la hausse des nuitées reste modérée.
Pour que la saison hivernale démarre pleinement, il faut non seulement de la neige, mais aussi suffisamment de personnel dans les stations de sports d’hiver – une ressource toujours plus rare. A l'aube de la saison, plusieurs centaines de postes restent à pourvoir.
Dans l'hôtellerie grisonne et dans l'Oberland bernois, les responsables estiment que la saison d'hiver commencera avec un déficit de 5% en personnel qualifié. En Valais, on s'attend à un manque de 5 à 10%.
Les Grisons lancent un «Tinder» de recrutement
La concurrence pour recruter du personnel qualifié s'intensifie. Dans les Grisons, une nouvelle plateforme de recrutement inspirée des applications de rencontre entre en phase pilote cette semaine. «Les hôtels postuleront directement auprès des employés», explique Ernst Wyrsch, président d’Hotellerie Suisse Grisons.
Comme sur Tinder, les candidats peuvent liker une offre. Si les deux parties se plaisent mutuellement, le contact s'établit avec, à la clé, une possible embauche. Environ trente entreprises des domaines de l'hôtellerie, de la restauration et des remontées mécaniques participent à cette initiative.
Les candidatures ne manquent pas, affirme le coprésident de la Société valaisanne des hôteliers Olivier Andenmatten. «De nombreux établissements sont submergés de candidatures et de demandes de personnel auxiliaire».
Les jeunes Espagnols et Argentins sont les plus nombreux à rechercher ce type d'opportunités à l'étranger. Cependant, ils manquent souvent d’expérience professionnelle pertinente et ne maîtrisent ni l'allemand, ni l'anglais. Ils peuvent néanmoins combler certaines pénuries, notamment dans le nettoyage des chambres.
Des offres alléchantes pour les saisonniers
Dans le canton des Grisons, on observe également une hausse du nombre de jeunes candidats originaires d'Allemagne. En Suisse romande, de plus en plus d'établissements recrutent du personnel venu de France pour quelques mois. «Une véritable bataille pour les talents fait rage dans l’hôtellerie», souligne Ernst Wyrsch.
Un coup d'œil sur les offres d'emploi le confirme: de nombreux hôtels attirent les candidats avec des prestations supplémentaires. Repas à prix fortement réduit, rabais importants sur l'utilisation des offres des hôtels, comme le spa, le fitness, les massages et autres. Certaines prestations sont même parfois offertes. Ici et là, on fait la promotion d'une semaine de cinq jours, d'horaires de travail réguliers ou d'un salaire supérieur à la moyenne. De nombreuses annonces mentionnent en outre qu'un appartement est mis à disposition.
Olivier Andenmatten loue lui-même dix appartements afin de pouvoir offrir un toit aux employés de son hôtel Hannigalp à Grächen, en Valais. «Sans proposition de logement, on peut pratiquement oublier que les saisonniers signent un contrat», dit-il. Le marché du logement est en effet trop saturé dans les destinations touristiques populaires pendant la haute saison.
Le client ne doit rien remarquer
Lorsqu'un hôtel manque de personnel, il doit ajuster son offre afin de préserver le bon fonctionnement de la saison hivernale. «On réduit par exemple le nombre de plats à la carte», explique Stefan Grossniklaus, président des hôteliers de l’Oberland bernois. L’essentiel, selon lui, est de maintenir la qualité, un bon rapport qualité-prix et un service rapide. «Le client ne doit pas se rendre compte que l’offre a été allégée.»
Les établissements, forts de l'expérience des dernières années, ont trouvé des moyens d'adapter leurs horaires sans nuire à l'expérience des clients. Dans certaines coopérations hôtelières, les repas du soir sont servis dans un seul hôtel, tandis que les cuisines des autres restent fermées. D'autres établissements choisissent de collaborer avec un restaurant voisin où leurs clients peuvent dîner.
Les nuitées deviennent plus chères
Pendant les semaines particulièrement chargées autour de Noël et de Nouvel An, les hôtels essaient de trouver des intérimaires dans le village, au moins pour quelques semaines. «Sinon, les établissements perdent un chiffre d'affaires colossal», explique Olivier Andenmatten.
La pénurie de personnel qualifié a aussi un impact sur les salaires: recruter un cuisinier expérimenté coûte désormais jusqu’à 10% de plus qu’il y a deux ou trois ans. A cela s’ajoute la hausse des prix des denrées alimentaires.
En revanche, la baisse légère des taux d'intérêt et des coûts énergétiques permet aux hôtels de réaliser quelques économies. Dans l'Oberland bernois, les prix devraient ainsi rester stables, tandis que dans le Valais et les Grisons, une augmentation de 2 à 5% est attendue.