Il y a de cela 14 ans, une mauvaise respiration et des infections fréquentes des sinus ont contraint Aimée Köfers, une Zurichoise aujourd'hui âgée de 30 ans, à subir sa première opération du nez. Ce qu'elle ne savait pas, c'est que cette intervention allait marquer le début d'une longue et douloureuse odyssée. «Dès 16 ans, j'étais en arrêt maladie, même pour le sport à l'école. C'était terrible, j'adorais le sport», confie la jeune femme à Blick.
Cette intervention chirurgicale au sein d'un établissement suisse devait améliorer sa situation. Elle l'a empirée. «Ma respiration n'a connu aucun progrès et mon nez était tordu après l'opération», raconte celle qui est aujourd'hui entrepreneuse.
Une grande souffrance
En grande souffrance, Aimée Köfers a décidé de retenter l'expérience, deux ans seulement après sa première opération. «J'ai choisi une clinique suisse renommée. Le chirurgien avait une bonne réputation, je me suis dit que ça allait bien se passer», explique-t-elle. Lors des entretiens préliminaires, le médecin l'a même confortée dans ses espoirs.
Mais la deuxième fois aussi, les choses ont mal tourné. «Tout est devenu bien pire. Mon nez avait une apparence horrible et je sentais une odeur d'oeufs pourris, se souvient la Suissesse. Quand le plâtre a été enlevé, j'ai pleuré.»
A 20 ans, Aimée Köfers s'est résignée à passer sur le billard pour la troisième fois. Cette fois-ci, sa quête l'a menée au-delà des frontières suisses. «Je cherchais les meilleurs chirurgiens du nez, où qu'ils soient», explique-t-elle. «A l'époque, c'étaient les médecins en Turquie et en Iran. J'ai choisi la Turquie.» Et cette fois, bingo: «Le résultat était bon, enfin! J'ai pu respirer normalement pour la première fois depuis des années.»
«Une opération sur trois est une révision»
Malgré cette amélioration notable, le nez d'Aimée Köfers n'est aujourd'hui toujours pas parfait. Elle devra donc subir une dernière opération, afin de faire disparaître une légère asymétrie. Cette intervention sera réalisée par le chirurgien plasticien Simon Zimmermann, qui a accepté de se confier à Blick.
«Environ un tiers de mes patients et patientes viennent pour une précédente opération du nez qui n'a pas donné le résultat escompté. Cela signifie qu'une opération sur trois est la correction d'une intervention ratée», explique ce spécialiste de la chirurgie plastique et esthétique.
Lui-même peine à expliquer pourquoi autant d'erreurs sont commises. Il est néanmoins certain d'une chose: «Souvent, on enlève trop de cartilage et d'os, ce qui peut entraîner l'affaissement de toute la structure du nez.» Le médecin évoque deux autres conséquences possibles qui font écho à l'histoire d'Aimée Köfers: «Le nez devient asymétrique (...) et semble alors penché, ou alors la respiration se détériore.»
Une opération sur 10 vire au fiasco
En Suisse, environ 4000 opérations du nez sont réalisées chaque année, et 5 à 15% d'entre elles nécessitent une correction ultérieure. Des études menées sur le long terme aux Etats-Unis et en France montrent quant à elles qu'environ une opération du nez sur dix se passe mal.
Malgré ces statistiques préoccupantes, Simon Zimmermann se veut rassurant. Selon lui, ces erreurs peuvent être corrigées dans leur grande majorité. «Si le nez manque de cartilage, il y a des zones du corps où nous pouvons prélever du matériel», explique-t-il.
Lors de ces opérations de correction, la peau du nez est soulevée et l'ossature nasale est remodelée, puis stabilisée à l'aide de cartilage prélevé ailleurs. Le chirurgien prévient toutefois: «L'opération de révision est beaucoup plus complexe et nécessite deux fois plus de temps que la première intervention, car elle implique de modifier l'anatomie du nez.»
Trop de cartilage enlevé
Sur la longue liste des patients inscrits pour une opération de révision figure également le nom de Sandra B.*, une Suissesse dont le visage a été abimé par deux interventions ratées. Elle a accepté que Blick montre son visage, mais elle ne souhaite pas révéler son nom.
«Quand j'ai vu le résultat après la deuxième opération, j'ai été en état de choc pendant 15 jours. Je n'ai pas pu dormir et j'ai beaucoup pleuré,» raconte-t-elle. Aujourd'hui, elle reste profondément affectée. «Mon ancien visage me manque encore.»
Lors de sa première opération, une quantité excessive de cartilage a été retiré, comme lui l'a expliqué l'expert Simon Zimmermann. «La structure cartilagineuse s'est effondrée, la pointe du nez est devenue asymétrique et les deux narines ne sont plus égales.» Blick n'a pas été autorisé à divulguer le nom des cliniques responsables des opérations ratées d'Aimée Köfer et de Sandra B.
L'association professionnelle prône le dialogue
Pour se prémunir du risque d'une opération ratée, certaines règles essentielles doivent être observées par le patient, explique Simon Zimmermann: «Tout d'abord, je choisirais des chirurgiens qui n'opèrent que le nez, puis j'étudierais la clinique et je m'y rendrais pour un entretien personnel: quelle est la qualité des soins postopératoires? Les patients sont-ils satisfaits?» Le médecin tient toutefois à rassurer sur un point: «Les prix ne sont pas déterminants»
Si, malgré toutes ces précautions, l'opération ne se déroule pas comme prévu, l'association professionnelle Swiss Plastic Surgery conseille aux patients de discuter dans un premier temps avec le chirurgien lui-même. Souvent, les explications du médecin permettent déjà de clarifier la situation. Si le doute persiste, l'association recommande de solliciter un deuxième avis. En dernier recours, il est toujours possible de contacter le service de médiation.
* Noms modifiés