Le siège de Mattea Meyer au Conseil national restera vacant durant la session d’hiver. Dimanche soir, la coprésidente du Parti socialiste (PS) Suisse a annoncé sur Instagram qu’elle se retirait temporairement de la vie politique.
Dans un message publié sur Instagram, la conseillère nationale a expliqué ressentir une «grande fatigue» et devoir «tirer le frein d’urgence à temps» afin de rester capable de travailler sur le long terme. Elle a demandé que l’on lui accorde le calme nécessaire pour pouvoir retrouver des forces au sein de son entourage.
Mattea Meyer prend ainsi une décision qui demande beaucoup de courage. Le hasard veut que jusqu’ici, ce soient toutes des politiciennes zurichoises qui aient parlé ouvertement d’une forte charge mentale – et qui aient pris une pause. Grâce à leur franchise, le sujet est passé au premier plan, même s'il reste encore très tabou.
Nathalie Rickli et Jacqueline Badran se sont également retirées
Un burnout avait contraint Nathalie Rickli à prendre cinq mois de pause en 2012. Pendant deux sessions, la politicienne zurichoise de l’Union démocratique du centre (UDC) est restée absente avant de se sentir suffisamment rétablie pour un retour. «Au début, j’avais l’impression d’avoir complètement échoué. Aujourd’hui, je sais que c’était la bonne décision», a-t-elle déclaré à propos de son séjour dans une clinique spécialisée dans le burnout.
Le burnout est venu insidieusement. Son corps lui avait envoyé, deux ou trois ans auparavant, des signaux sous forme de problèmes de santé. Elle ne les avait pas pris au sérieux – jusqu’à ce que la coupe finisse par déborder, explique ouvertement Natahlie Rickli.
La conseillère nationale socialiste Jacqueline Badran a elle aussi fait une pause politique en 2022. «Les nombreux combats défensifs de ces dernières années, dans lesquels le PS est forcé de s’engager, m’ont – même lorsqu’ils étaient couronnés de succès – épuisée physiquement et psychiquement», a-t-elle écrit sur Facebook.
Souvent, après des luttes politiques, elle se retrouvait désemparée et épuisée, y compris par «l’agressivité et le manque de respect envers la politique, qui ont augmenté ces derniers temps». Son médecin de famille lui avait prescrit d’urgence une pause. Elle est revenue après trois mois et demi.
Congé familial pour Cédric Wermuth
La politique est un travail difficile: les dossiers politiques sont complexes, les représentants des partis doivent assumer les défaites, et les médias exigent une disponibilité constante. Les présidentes et présidents de partis sont particulièrement exposés au regard du public. Et, finalement, les mandats politiques en Suisse sont des mandats de milice, c’est-à-dire qu’ils sont souvent exercés à temps partiel.
Pendant l’absence de Mattea Meyer, Cedric Wermuth dirigera probablement seul le parti. Il y a exactement deux ans, la situation inverse s’était présentée pour sa collègue: Cédric Wermuth avait pris un congé familial de deux mois.
«J'aime énormément être président du parti, avait-il déclaré à son retour. Mais c'est un travail que l'on porte avec soi 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ça ne s’arrête jamais.» Il ne se trouvait pas au bord du burnout en décembre, précise-t-il. «Mais si cela avait continué longtemps ainsi, le risque aurait peut-être pointé le bout de son nez.»