La Romandie aussi touchée
Une station de ski sur six a disparu en Suisse depuis le début du millénaire

Les domaines skiables suisses traversent une période difficile: enneigement réduit, recettes en baisse et coûts en hausse pèsent sur de nombreux domaines. Blick révèle combien de pistes notre pays a perdu au cours ces deux dernières décennies.
Publié: 05:29 heures
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Dernière mise à jour: 06:02 heures
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Depuis le début du millénaire, près de 50 domaines skiables suisses ont été rayés de la carte, comme à Langenbruck (BL).
Photo: Blick
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Michael Hotz

La nation du ski qu'est la Suisse souffre. Tout d'abord, de plus en plus de personnes tournent le dos aux sports d'hiver classiques. Selon une enquête de l'Observatoire suisse du sport de 2022, seule une bonne personne sur quatre dit skier encore régulièrement. Les raisons de cette baisse d'intérêt sont multiples: pour certains, c'est une question d'argent, tandis que d'autres préfèrent s'adonner à d'autres sports.

En parallèle, le nombre de stations de ski ne cesse de diminuer. Il y a trois ans, l'université technique de Dortmund a publié une étude à ce sujet. Le résultat est alarmant: sur les quelque 550 pistes et mini-remontées mécaniques jamais ouvertes en Suisse, plus de 40% ont disparu! Et le démantèlement des petits téléskis dans les villages, et même de certaines destinations, se poursuit.

Près de 50 domaines de ski ont disparu

Blick a voulu savoir combien de domaines skiables suisses avaient disparu depuis le début du millénaire. A noter que sont également considérés comme domaines skiables les téléskis individuels de villages, tant qu’ils ne sont pas connectés à un réseau de téléskis, télécabines ou télésièges.

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Résultat: 49 domaines ont été rayés de la carte au cours des 25 dernières années – soit une station sur six. Aujourd'hui, la Suisse compte 276 stations de ski, selon la plateforme européenne d'activités de plein air Bergfex.

Au total, 17 cantons ont perdu au moins une station de ski au cours du 21e siècle, dont plusieurs cantons de plaine. Mais le graphique montre aussi que les cantons montagneux sont particulièrement touchés par le phénomène. Ainsi, le Valais et les Grisons ont respectivement perdu 9 et 7 stations de ski.

Les stations de ski sont confrontées à divers problèmes

Ce déclin s'explique aussi par les problèmes d'argent auxquels font face de nombreuses stations de ski. Les exploitants sont souvent confrontés à des coûts fixes croissants, ayant toujours plus besoin d'installations d'enneigement artificiel. Les domaines qui n'arrivent pas à augmenter leurs recettes tombent donc dans le rouge. A l'image des remontées mécaniques de Belalp à Naters, en Valais. Le domaine skiable valaisan est accablé par une montagne de dettes de 20 millions de francs. La reprise des remontées mécaniques s'est soldée par plusieurs échecs. L'avenir est incertain, la commune est divisée.

Le rapport entre dépenses et recettes se pose surtout en basse altitude, où ce sont fréquemment des particuliers ou associations qui gèrent bénévolement les téléskis des villages. Sauf que le travail bénévole finit parfois par peser. Bruno Mathys en sait quelque chose: ce marchand de sport et pionnier du snowboard d'Adelboden, dans le canton de Berne, s'est retiré après avoir exploité pendant près de deux décennies le téléski d'entraînement culte sur la pente Norro, au cœur du village. Aujourd’hui, il cherche désespérément un successeur et serait même prêt à céder gratuitement le téléski et son matériel.

Le réchauffement climatique a aussi sa grosse part de responsabilité. De nombreux experts s'accordent à dire que les domaines skiables situés à basse altitude n'ont aucune chance de survivre sur le long terme. «Les stations situées à moins de 1600 mètres d'altitude doivent s'éloigner du tourisme lié au ski», avertissait en 2022 dans Blick Thomas Egger, directeur du Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB).

Des personnes engagées sauvent leur domaine

Malgré ces sombres perspectives, il reste quelques lueurs d'espoir. Au printemps dernier, le feuilleton du téléski à assiettes du domaine de Schwändli, dans l'Oberland bernois, a par exemple connu un happy end. La Confédération souhaitait en finir avec cette remontée très appréciée des enfants, en raison de sa localisation dans un bas-marais d'«importance nationale». L'ensemble du domaine skiable, qui comprend un autre téléski et un téléski d'entraînement pour les tout-petits, était donc menacé de disparition. Mais finalement, les exploitants sont parvenus à le sauver grâce à un accord conclu en mai dernier avec les autorités. 

Le Valais a lui aussi eu droit à sa bonne nouvelle. Après avoir accumulé 20 millions de francs de dettes, l'exploitant domaine skiable de Grächen n'avait d'autres choix que de trouver 6 millions en urgence pour pouvoir fonctionner cet hiver. Avec succès: une souscription d'actions a permis de lever 6,7 millions de francs pour cette station de ski familiale. Grächen est donc sauvé... du moins, pour l'instant.

Ces exemples montrent à quel point des personnes sont prêtes à se battre pour sauver leurs téléskis, qui sont liés à des souvenirs d'enfance inestimables pour tant de gens. Tous ne gagnent pas leur combat. Mais ils tentent d'empêcher que l'éclat de la Suisse, nation du ski, ne pâlisse aussi vite.

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