Dans les centres de tri de la Poste suisse, des colis venus du monde entier sont traités 24 heures sur 24. Rien qu’à Frauenfeld (Thurgovie), entre 300'000 et 400'000 envois transitent chaque jour. Mais dans cette installation ultramoderne, l’inquiétude grandit.
Plusieurs collaborateurs de la Poste affirment souffrir d’éruptions cutanées sur les mains et les avant-bras, rapporte le «Thurgauer Zeitung». Ces symptômes seraient apparus depuis que les employés manipulent des dizaines de milliers de colis provenant de plateformes chinoises comme Temu, Shein ou Wish.
Alertée par des signalements anonymes, la Suva a procédé à une inspection du centre de colis thurgovien. Sur place, aucun défaut ni problème n’a été constaté, selon son rapport. Les employés ont toutefois été rappelés à leur obligation de porter des gants, précise l’assurance-accidents. «Il est très inhabituel de soupçonner que des envois en provenance de Chine provoquent des éruptions cutanées», a expliqué une porte-parole de la Suva au «Thurgauer Zeitung».
La politique s'en mêle
Concrètement, les soupçons portent sur les sacs en plastique dans lesquels les marchandises chinoises sont expédiées. Ceux-ci contiendraient des substances nocives, notamment des plastifiants, susceptibles de provoquer des irritations cutanées.
Est-ce possible? «Vu le nombre de colis traités chaque jour, le phénomène semble rare. Mais il ne peut être exclu», poursuit la porte-parole. Les collaborateurs sont invités à signaler immédiatement tout symptôme à leur supérieur et à consulter un médecin. «Si plusieurs employés présentent la même symptomatologie dans le cadre d’une même activité, un examen s’impose», précise-t-elle.
Le dossier prend désormais une tournure politique. La conseillère cantonale socialiste thurgovienne Edith Wohlfender estime que les investigations de la Suva ne vont pas assez loin. Elle réclame une enquête de l’Inspection du travail du canton. «Il peut exister des particularités de construction ou un défaut de ventilation. Cela pourrait être une bombe à retardement – on ne tombe pas malade du jour au lendemain à cause d’allergies de contact ou d’asthme», avertit-elle.
Un constat alarmant
Le risque sanitaire lié aux emballages des envois chinois constitue une nouveauté. Mais les produits de Temu et consorts font régulièrement polémique. En fin de semaine dernière, une enquête de l’Association des fabricants européens de jouets a fait sensation: une centaine de jouets ont été commandés et testés, avec un constat alarmant.
Près de 80% ne respectent pas les normes de sécurité de l’UE. Parmi eux, des produits sensibles, comme un anneau de dentition cassé en deux dont les morceaux pouvaient être avalés, ou encore une pâte à modeler fortement contaminée.
L’Union européenne entend désormais durcir les contrôles et lutter plus efficacement contre les jouets toxiques. Reste à savoir si le futur passeport numérique des produits, prévu à cet effet, constituera un outil réellement efficace.