Le Conseil d'Etat inflexible
Les fonctionnaires vaudois ne décolèrent pas et votent une «grève sans fin»

La fonction publique vaudoise poursuit sa mobilisation contre le projet de budget 2026. Lors d'une assemblée générale, le personnel a voté la continuation du mouvement. Une grande manifestation est prévue mardi à Lausanne.
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La manifestations du mercredi 3 décembre sera suivi par une autre, vendredi 5 décembre.
Photo: keystone-sda.ch
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ATS Agence télégraphique suisse

La fonction publique vaudoise a connu jeudi une nouvelle journée de grève pour protester contre le projet de budget 2026 et ses 305 millions de mesures d'économies. C'était la septième journée de colère des employés des services publics et parapublics depuis octobre. La mobilisation va se poursuivre dès vendredi avec une grève reconductible.

Lors d'une assemblée générale unitaire en soirée, le personnel des services publics et parapublics a voté à la quasi unanimité une nouvelle résolution. Celle-ci appelle à la poursuite du mouvement, de la mobilisation et de la grève dès vendredi et la semaine prochaine, a indiqué à Keystone-ATS Cora Antonioli, la présidente du syndicat SSP-Vaud, organisatrice de la mobilisation avec les syndicats SUD et FSF.

La résolution parle de «grève sans fin». Les syndicats donnent rendez-vous pour une journée plus particulière de grève mardi ponctuée d'une nouvelle «grande manifestation» sous forme de cortège dans les rues de Lausanne. Une nouvelle assemblée décidera de la suite du mouvement mercredi prochain. Enfin, le texte enjoint aussi les parlementaires vaudois à refuser le budget de l'Etat 2026 et les décrets liés «qui ne respectent pas les revendications syndicales».

«La mobilisation reste très forte»

Sous les mots d'ordre «Contre l'austérité, on ne lâche rien!», les syndicats avaient invité tous les fonctionnaires à une «grève totale» afin de protester contre les coupes budgétaires de l'Etat. De nombreux lieux de travail avaient voté des résolutions de grève, notamment dans les établissements scolaires et universitaires, ainsi que dans le domaine de la santé et du social.

«Difficile de dire si les grévistes sont en augmentation, mais c'est déjà la quatrième journée de grève et la mobilisation reste très forte», a encore affirmé Cora Antonioli. «On constate toutefois que le nombre d'endroits mobilisés s'élargit à de nouveaux secteurs en grève».

Les cours perturbés

Jeudi, c'est dans les écoles que le mouvement de grève a été, une nouvelle fois, le plus répandu. Le Département de l'enseignement et de la formation professionnelle (DEF) a observé «une forte mobilisation sur les différents lieux de formation du canton». «Dans l'enseignement obligatoire, on peut estimer à plus d'un tiers environ la proportion des employés de l'Etat de Vaud qui ont fait grève aujourd'hui», indiquent les services du ministre Frédéric Borloz.

«Les situations peuvent varier fortement d'un établissement à l'autre. Dans certains établissements ou certains sites, aucune classe n'a eu l'enseignement habituel, dans d'autres lieux ou écoles, la journée s'est déroulée normalement ou presque», souligne le DEF.

«Dans tous les cas où les cours ne pouvaient pas avoir lieu normalement, les élèves ont été accueillis à l'école selon la décision des parents de les garder ou non à la maison. Les familles ont été informées de chaque situation par écrit», précise-t-il.

Bâtiments de l'UNIL bloqués

A l'Université de Lausanne (UNIL) par exemple, certains salariés et étudiants se sont aussi mobilisés, en faisant grève et en bloquant les bâtiments d'Anthropole et Géopolis depuis 7h du matin. Parmi les autres actions: piquets de grève, cours alternatifs, repas populaire, assemblée générale, etc, selon un communiqué.

Après les cinq manifestations dans les rues de Lausanne depuis le 2 octobre, dont deux cette semaine devant le Grand Conseil, où les députés débattent justement du budget 2026 de l'Etat, aucune manifestation n'avait été prévue jeudi en fin de journée, parallèlement à cette quatrième journée de grève.

Pression sur le Conseil d'Etat

Les trois syndicats de la fonction publique SSP, FSF et Sud fustigent toujours le gouvernement, «sa politique de (non-)communication» et «sa volonté de ne pas négocier». Ils reprochent aussi au Conseil d'Etat de «tenter de faire porter toute la responsabilité de ses choix politiques au Grand Conseil».

Ces organisations syndicales appellent donc le Conseil d'Etat à «engager sans délai un dialogue sérieux, seul moyen d'apaiser la situation et de répondre aux préoccupations légitimes exprimées». Mardi et mercredi devant le Grand Conseil, le gouvernement a plusieurs fois répété qu'il n'avait pas refusé le dialogue, contrairement aux dires des syndicats.

«Contribution de crise polémique»

La présidente Christelle Luisier a notamment évoqué deux séances de discussions et relevé que, selon elle, c'était les syndicats qui avaient «refusé toute entrée en matière». Le gouvernement a présenté le 24 septembre son projet de budget 2026, qui prévoit un déficit de 331 millions de francs et 305 millions de mesures d'économies.

Ces dernières comprennent notamment 165 millions de coupes dans les subventions. Le personnel de l'Etat est, lui aussi, directement concerné avec notamment une «contribution de crise» de 0,7% du salaire brut en 2026 sur les classes salariales de 6 à 18. Cette mesure, comme toutes les autres, est combattue par les syndicats.

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