«Ça me déchire le cœur»
Le Canton de Vaud fait démolir 30 chalets au bord du lac de Morat

Le canton de Vaud a résilié les contrats de bail de 30 chalets au bord du lac de Morat, en raison du statut de réserve spéciale de la forêt voisine. Les propriétaires sont désemparés.
1/5
Dans le village vaudois de Salavaux, une bonne trentaine de chalets doivent être démolis.
Photo: Screenshot RTS
Anna Clara_Kohler_Journalistenschülerin_Blick_2-Bearbeitet.jpg
Anna Clara Kohler

Dans le village vaudois de Salavaux, au bord du lac de Morat, plus de 30 chalets font face à un avenir incertain. En octobre, leurs propriétaires ont reçu un courrier du Canton: tous les bâtiments doivent être démolis. La nouvelle a provoqué la stupeur des intéressés, qui envisagent d'engager des démarches judiciaires.

Les chalets du secteur, dit «Chablais», se situent sur un terrain cantonal classé comme réserve pour les oiseaux d’eau et les oiseaux migrateurs. Une partie de la zone est boisée et soumise à la Loi fédérale sur les forêts.

En vertu de ces dispositions, les constructions ne peuvent pas être maintenues durablement sur place. Pour que ce soit le cas, une demande de défrichement et un changement d'affectation du terrain auraient été nécessaires. Or, selon l’administration vaudoise, de telles démarches n'ont jamais été entreprises.

«Ça me déchire le cœur»

Pour les propriétaires, la décision du Canton est un choc. L’un d’eux, Peter Pfister, raconte à Radio Fribourg: «Je suis très touché. J’ai des photos de moi à trois ans au bord du lac avec mon papa.»

Cet endroit, c'est toute sa vie, ou presque: «J’ai grandi dans ce chalet, entre la pêche, les jeux dans l’eau et les nuits passées ici, explique Peter Pfister. Mon père l’avait acheté dans les années 1950 puis me l’a transmis. Je voulais faire la même chose avec mes enfants.» Il se dit désemparé par la décision du Canton: «Avec cette annonce, tout s’effondre. Ça me déchire le cœur. »

Les baux seront résiliés à la fin décembre. Les propriétaires auront ensuite deux options: démonter leur chalet d’ici fin mars 2026, en à peine trois mois, ou accepter un contrat non renouvelable de sept ans, avec obligation de restituer le site dans son état initial à son échéance.

Le canton accusé d’avoir tardé à informer

Michel Verdon, le syndic de Vully-les-Lacs (la commune qui abrite le village de Salavaux), comprend la détresse des habitants. «Nous avons à plusieurs reprises évoqué le sujet avec la Direction générale vaudoise de l’environnement lors de réunions sur d’autres dossiers, explique-t-il à Radio Fribourg. Nous leur avions demandé d’informer rapidement les résidents, pour qu’ils sachent à quoi s’attendre.»

Mais selon lui, le Canton a beaucoup trop tardé: «Les procédures se sont finalement éternisées, c’est incompréhensible.» Les propriétaires ont jusqu'à la fin du mois pour faire une choix.

Articles les plus lus