«Sale gauchiste», «grosse connasse»
Une élue locale d'Yverdon dénonce une agression verbale vécue au resto

Conseillère communale socialiste à Yverdon, Aurélie-Maude Hofer dénonce sur Facebook une agression verbale vécue ce jeudi au restaurant. Une étude montre l'ampleur des insultes, menaces et violences envers nos élus, en particulier les femmes de gauche. Témoignage.
Publié: 24.10.2025 à 17:19 heures
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Aurélie-Maude Hofer, conseillère communale socialiste et ancienne présidente du Conseil communal, dénonce une agression à Yverdon.
Photo: Sigfredo Haro
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Léo MichoudJournaliste Blick

Ce jeudi 23 octobre, Aurélie-Maude Hofer pensait pouvoir «passer une bonne soirée», tranquille dans sa ville d’Yverdon. C’était sans compter sur «la table d’à côté». Dans une publication Facebook, la conseillère communale socialiste témoigne de l’agression verbale qu’elle a subie de la part de deux inconnus. «Sale gauchiste», «sale pute» et «grosse connasse»: voilà les insultes que rapporte avoir reçues celle qui arbore fièrement des cheveux de couleur rouge vif.

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Une «triste» et «inacceptable» expérience qu’elle relie à son rôle de politicienne locale de gauche et au fait qu’elle est une femme. Son vécu fait écho à une récente étude de l’Université de Zurich, qui dévoile que la majorité des élus de Suisse sont victimes d’hostilités en raison de leur fonction. Au niveau communal, les femmes, les élus orientés à gauches ou ceux issus de minorités seraient plus souvent visés que la moyenne.

«Et là, tout a vrillé…»

«J’aurais été un homme de droite, cela ne se serait pas du tout passé comme ça, assure à Blick l’Yverdonnoise. C’est la première fois que cela m’arrive dans la vie quotidienne, lors d’une soirée qui n’a rien de politique». Ce soir-là, l'ancienne présidente du Conseil communal se rend dans «un restaurant connu du centre-ville» avec une amie qu’elle n’a pas vue depuis longtemps.

A la table voisine, deux messieurs – selon elle quinquagénaires et «d’apparence respectable» – leur tapent rapidement la causette. «Ils ont d’abord fait des blagues sur ma chevelure. On passait une bonne soirée, jusqu’au moment où ils m’ont demandé ce que je faisais dans la vie. Tout a vrillé au moment où j’ai dit que je faisais de la politique.»

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On a attendu qu’ils partent pour nous en aller
Aurélie-Maude Hofer, conseillère communale socialiste et ancienne présidente du Conseil communal
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Les esprits s’échauffent. L’intervention d’un serveur aurait été mal prise par un des deux hommes. Les regards des autres clients se tournent vers l’altercation. «Nous avons dû partir au fond du restaurant pour finir nos amarettos et nos cafés, relate cette mère au foyer de 42 ans. On a attendu qu’ils partent pour nous en aller. La réaction du restaurant a été exemplaire.»

Plus violent que sur les réseaux

Pour expliquer l’escalade verbale, l’élue communale met la faute le désaccord politique, mais surtout sur la misogynie et sur l’alcool qui a délié les langues. «Ils ont plus osé parce que j’étais une femme. J’ai l’habitude d’être attaquée sur les réseaux sociaux. Mais on peut toujours éteindre son téléphone et ignorer les insultes. Là, en live, c’était une première et c’était beaucoup plus violent. J’ai eu peur qu’ils en viennent aux mains.»

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Si personne ne parle de ce genre de choses à visage découvert, on ne va pas avancer
Aurélie-Maude Hofer, conseillère communale socialiste et ancienne présidente du Conseil communal
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L’élue nous explique avoir beaucoup pleuré et très mal dormi ce soir-là. Elle a publié son récit sur ses réseaux sociaux «comme une thérapie». «C’était surtout pour moi, pour l’écrire quelque part. Si personne ne parle de ce genre de choses à visage découvert, on ne va pas avancer», affirme celle qui dit n’avoir aucun mal à discuter et à débattre avec des personnes de droite.

Pas de plainte en vue

Elle se réjouit du soutien reçu sur place et sous sa publication. «Heureusement qu’il y avait des témoins. Sinon, on aurait pu ne pas me croire ou me traiter de parano.» La socialiste dit avoir eu honte pour les gens qui étaient au restaurant, auprès desquels elle s’est excusée: «Tous les partis ont du mal à recruter. Voir une telle situation ne donne pas envie de s’engager en politique, à gauche comme à droite. Mais je vais continuer.»

Aurélie-Maude Hofer compte bien ressortir dans ce même restaurant, qu’elle préfère ne pas nommer. Mais elle espère que sa prise de parole fera fuir ceux qui s’en prennent à des personnes pour leurs idées politiques. «Je ne vais pas porter plainte, même si c’est inadmissible, conclut l’élue. J’aurais pu le faire mille fois dans ma carrière, mais je veux mettre mon énergie ailleurs.»

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