Une première depuis le Covid
Le secteur de l’horlogerie coupe des postes partout, sauf à Genève

L'industrie horlogère suisse enregistre sa première baisse d'effectifs depuis la période post-Covid. Une diminution de 1,3% sur neuf mois est observée, reflétant un contexte économique exigeant et un ralentissement de la consommation mondiale.
Une employée vérifie une montre Freelancer Date à cadran vert dans l'usine Raymond Weil de Genève, le 18 novembre 2025.
Photo: KEYSTONE
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ATS Agence télégraphique suisse

Les effectifs dans l'industrie horlogère suisse enregistrent leur première baisse depuis la période post-Covid, mesurée à fin septembre, informent mardi les patrons du secteur. Ceux-ci s'attendent à ce que les perspectives pour 2026 restent incertaines, avec une pression sur les employés qui ne bénéficieront plus des dispositifs de réduction de l'horaire de travail (RHT).

Sur neuf mois, l'horlogerie helvétique perd 835 postes, soit une diminution de 1,3% par rapport à la même période en 2024, fait savoir la Convention patronale de l'industrie horlogère suisse (CP) dans un communiqué. «Ces résultats reflètent les efforts des entreprises pour préserver l'emploi dans un contexte exigeant. Le recours étendu aux RHT, ainsi que leur prolongation, a permis de limiter l'ampleur de cette diminution et de maintenir la capacité productive», soulignent les patrons.

Ce recul des effectifs à précisément 64'807 collaborateurs s'inscrit dans un environnement économique exigeant, «marqué par une baisse des volumes et par un contexte de consommation mondiale en ralentissement», ajoutent-ils. Ainsi, à la fin novembre, plus d'un quart des entreprises liées à l'horlogerie avait opté pour des mesures de RHT, «dont la prolongation de 18 à 24 mois a été déterminante pour limiter l'impact sur l'emploi et préserver la continuité des savoir-faire horlogers».

Par région, les cantons historiques de sous-traitance horlogère et microtechnique enregistrent les baisses les plus marquées: soit 4,2% dans le canton de Vaud, 3,5% dans celui de Neuchâtel, 3,2% dans celui du Jura et de 2,1% dans celui de Berne. Cette contraction reflète la baisse des volumes dans les activités de composants, d'outillage et d'assemblage, ainsi que les difficultés rencontrées dans les secteurs connexes à la microtechnique, comme les machines ou l'automobile, qui renforcent la pression sur les fournisseurs.

Dynamique positive à Genève

A l'inverse, le canton de Genève affiche une dynamique positive et enregistre une progression de 3,0% des effectifs, portée par des segments moins exposés aux aléas économiques. Selon l'expert en horlogerie Olivier Müller, contacté par AWP, cette hausse s'explique par le fait que les principales maisons horlogères faisant dans le très haut de gamme se trouvent à Genève – comme Rolex, Patek Philippe ou Vacheron Constantin – et que le segment est nettement moins touché par les aléas économiques.

Dans le reste de la Suisse, une hausse de 2,9% est observée, notamment en raison de nouvelles implantations d'entreprises, «mais sur des volumes nettement plus modestes que ceux des régions de l'Arc horloger», relève la Convention patronale. Pour 2026, si la conjoncture peu favorable devait perdurer, «il est vraisemblable que certaines entreprises seront contraintes de redimensionner leur outil de production, malgré les efforts engagés pour s'adapter dans un environnement économique toujours plus exigeant», avertit-elle.

Olivier Müller estime que des vagues de licenciements pourraient survenir, si les RHT n'étaient pas prolongées au-delà des 24 mois actuels, ce qui est à craindre puisque cette mesure «est conjoncturelle et non pas structurelle». Et même en cas de scénario plus positif, avec une reprise sur les marchés courant 2026, par exemple, l'amélioration ne se ferait pas sentir avant plusieurs mois, selon lui. Dans ce contexte morose, les patrons tiennent par ailleurs à signaler que le nombre d'apprentis s'est malgré tout enrobé sur un an de 2,7%, et se monte à 1685 personnes: «Ces chiffres confirment l'engagement du secteur pour la transmission des savoir-faire et le développement des compétences face aux évolutions technologiques et aux exigences de qualité.»

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