Nouvel échec pour Chloé Frammery
La Poste envoie valser cette figure coronasceptique qui crie à la censure

L'ex-enseignante Chloé Frammery, figure du mouvement coronasceptique, publie un livre qu'elle pensait vendre dans les bureaux genevois de La Poste. Mais l'ex-régie fédérale lui a mis un stop. Une situation dont elle se sert pour dénoncer une censure d'Etat.
Publié: 05:34 heures
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Dernière mise à jour: 08:04 heures
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Chloé Frammery a pensé que son autobiographie de «résistante des années 2020» serait vendue dans les bureaux de Poste genevois.
Photo: Keystone
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Léo MichoudJournaliste Blick

Chloé Frammery, ex-enseignante genevoise et figure du mouvement coronasceptique, refait parler d'elle. Après son échec à se faire élire au Conseil national et au Conseil des Etats en 2023, après sa condamnation pour l’enregistrement non autorisé d’une conseillère au chômage et après son licenciement de l’école publique genevoise confirmé par le Tribunal fédéral. Dernier sursaut en date: la sortie de son livre «LA SUISSE AU CŒUR Biographie d’une résistante des années 2020» et quelques bisbilles avec La Poste dont elle fait grand bruit.

Dans une longue vidéo publiée le 7 juin dernier sur YouTube, Chloé Frammery se retrouve en compagnie de quatre autres intervenants. Durant sa présentation, la coronasceptique genevoise se réjouit d’avoir été en contact avec «des responsables de La Poste Suisse», qui auraient voulu «l’aider à vendre» son livre dans «les bureaux de Poste du canton de Genève».

Un choix commercial surprenant de la part du géant jaune, dont la controversée Chloé Frammery a d’abord cru pouvoir se réjouir. Et une affirmation qui demande vérification – comme souvent avec la Française, devenue dès 2020 l’emblème genevois de l’opposition aux mesures sanitaires lors de la pandémie de Covid-19.

C'est qui, déjà, Chloé Frammery?

Pour rappel, Chloé Frammery s’est fait un nom en portant le coronascepticisme en étendard, dès la première vague de Covid-19. Ses positions, qui flirtent (très) souvent avec le complotisme, ont régulièrement fait parler depuis. Et lui ont même coûté son poste d’enseignante de mathématiques, ainsi qu’une plainte pénale.

Son recours contre son licenciement n'a pas passé la rampe du Tribunal fédéral, qui a estimé que les motifs que les motifs de justification vont bien au-delà de ses opinions par rapport au Covid-19. L'ancienne enseignante de mathématiques avait notamment remis en cause l'intégrité de son employeur dans diverses prises de position publiques et contesté la régularité de la votation fédérale sur la loi Covid, en 2021. Elle avait aussi tenu des propos dissuasifs en classe sur la vaccination contre le papillomavirus.

Chloé Frammery s'était présentée aux élections fédérales de l'automne dernier. Après avoir échoué au Conseil national, elle avait tenté sa chance au Conseil des Etats, récoltant 4225 suffrages lors du deuxième tour. Avant sa révocation, Chloé Frammery avait reçu un blâme de l'Etat de Genève, en 2020, pour des publications sur les réseaux sociaux. Elle avait fait de la publicité pour les «quenelles d'or», une cérémonie organisée par l'humoriste controversé Dieudonné, condamné à plusieurs reprises pour antisémitisme et discrimination raciale.

Avec ATS

Pour rappel, Chloé Frammery s’est fait un nom en portant le coronascepticisme en étendard, dès la première vague de Covid-19. Ses positions, qui flirtent (très) souvent avec le complotisme, ont régulièrement fait parler depuis. Et lui ont même coûté son poste d’enseignante de mathématiques, ainsi qu’une plainte pénale.

Son recours contre son licenciement n'a pas passé la rampe du Tribunal fédéral, qui a estimé que les motifs que les motifs de justification vont bien au-delà de ses opinions par rapport au Covid-19. L'ancienne enseignante de mathématiques avait notamment remis en cause l'intégrité de son employeur dans diverses prises de position publiques et contesté la régularité de la votation fédérale sur la loi Covid, en 2021. Elle avait aussi tenu des propos dissuasifs en classe sur la vaccination contre le papillomavirus.

Chloé Frammery s'était présentée aux élections fédérales de l'automne dernier. Après avoir échoué au Conseil national, elle avait tenté sa chance au Conseil des Etats, récoltant 4225 suffrages lors du deuxième tour. Avant sa révocation, Chloé Frammery avait reçu un blâme de l'Etat de Genève, en 2020, pour des publications sur les réseaux sociaux. Elle avait fait de la publicité pour les «quenelles d'or», une cérémonie organisée par l'humoriste controversé Dieudonné, condamné à plusieurs reprises pour antisémitisme et discrimination raciale.

Avec ATS

La Poste confirme les contacts

Selon nos informations, cette vidéo et l’idée d’une vente de ce livre «entre le récit autobiographique et l’essai philosophique» sont remontées dans la hiérarchie de La Poste. «Il y a eu un contact entre un représentant de La Poste Suisse à Genève et Mme Frammery», confirme le porte-parole de La Poste Suisse, Stefan Dauner.

Celui-ci explique comment fonctionnent les espaces de vente des offices de poste, dans lesquels on retrouve des bouquins parmi diverses babioles. «Des coopérations pour ces produits sont développées directement par les collaborateurs de La Poste dans les régions, détaille Stefan Dauner. C’est également par eux que passe le premier contact avec le fabricant d’un produit (ou, comme dans le cas mentionné, avec des auteurs de livres).»

«
Dans le cas présent, le groupe de travail au siège de La Poste a décidé de ne pas développer cette coopération
Stefan Dauner, porte-parole de La Poste Suisse
»

C’est ensuite «un groupe de travail au siège de La Poste» qui examine «l’idée commerciale» et «décide si le produit sera introduit ou non». Un processus qui peut prendre quelques jours. «Dans le cas présent, ce groupe de travail a décidé de ne pas développer cette coopération, continue le porte-parole. Le représentant de La Poste à Genève a ensuite informé Mme Chloé Frammery de la décision prise au siège de La Poste.» Le bouquin autoédité de l’ex-prof de maths ne sera donc pas vendu à Genève.

Ni promesse de vente, ni ingérence de l’Etat

Chloé Frammery évoque «un contrat oral, un engagement» passé avec un responsable de La Poste à Genève. Toutefois, selon le géant jaune, «aucune promesse n’a été communiquée de la part de La Poste» lors du premier contact. «Le collaborateur a informé l’auteure qu’il allait consulter les responsables concernés, selon la procédure», renvoie Stefan Dauner.

«
Ce monsieur *** est comme nous. Il pense aussi que les mesures liberticides opérées durant le Covid étaient abusives. Et pourtant il se plie aux intimidations fédérales des autorités gouvernementales
Chloé Frammery, au sujet de son contact à La Poste Genève
»

Mais comment a été prise cette décision? Sur ce point, La Poste reste discrète: «La Poste suit le même processus pour chaque produit de partenaire et décide sur la base de plusieurs facteurs si un produit de partenaire est inclus ou non dans une ou plusieurs filiales.» Pour des raisons commerciales, le communicant n'en dira pas plus sur le processus décisionnel dans ce cas précis: «La Poste ne publie pas d’informations détaillées sur le contenu des évaluations internes visant à déterminer si un nouveau produit est lancé ou non.»

Il n’en fallait pas plus pour que Chloé Frammery s’estime victime de censure d’Etat dans une deuxième vidéo disponible publiquement sur son canal Telegram: «C'est officiel, mon livre dérange!» Elle donne le nom de ce contact à La Poste, le décrivant comme un sympathisant qui – comme elle et ses followers – trouverait «abusives» les «mesures liberticides opérées durant le Covid». Mais l'ex-prof de math se plaint que cet homme se «plie aux intimidations fédérales des autorités gouvernementales».

«
La Confédération n’intervient pas dans les activités opérationnelles de la Poste
Stefan Dauner, porte-parole de La Poste Suisse
»

Ces accusations d’ingérence de l’Etat dans les choix commerciaux, l’ex-régie fédérale les rejette catégoriquement: «La Confédération n’intervient pas dans les activités opérationnelles de La Poste.» Quant au collaborateur genevois, identifié nommément par Chloé Frammery comme favorable à ses idées? «Le responsable à Genève a agi conformément selon les procédures de La Poste, assure le porte-parole. Il n’y aura aucune mesure à son encontre.»

Chloé Frammery se rétracte… un peu

Dans une troisième prise de parole à ce sujet, toujours sur son canal Telegram, la coronasceptique s'adresse cette fois à un intervieweur conquis – l’avocat Carlo Alberto Brusa, lui aussi renommé pour ses positions anti-mesures sanitaires en France. «La nouvelle a fait le tour de je ne sais quels réseaux, pour arriver jusqu’aux oreilles de La Poste de Berne qui a appelé pour intimider la personne qui m’avait promis qu’il vendrait ce livre», assène la Genevoise.

«
Berne, ça voulait dire La Poste centrale suisse, qui appartient à l’Etat, enfin en majorité à l’Etat
Chloé Frammery, revenant (un peu) sur ses accusations de complot d'Etat
»

Le revirement de son contact postal ne lui a sans doute pas plu. «Il m’avait dit: 'Pas de problème, on ne se laissera pas intimider si quelqu’un nous demande de l’enlever.'» Au final, sur cette «affaire» La Poste, la Genevoise est en partie revenue sur ses propos quant à une décision venue en droite ligne de la Confédération: «Berne, ça voulait dire La Poste centrale suisse, qui appartient à l’Etat, enfin en majorité à l’Etat.»

Ainsi, après quelques rebondissements, le livre de Chloé Frammery ne sera finalement pas trouvable dans les offices genevois. «C’est le signe que tu as tapé dans le mille, que tu déranges avec ta grâce et ton intelligence», commente son camarade de palabres du jour. En bref, en étant – selon elle – presque vendue à La Poste, Chloé Frammery a apporté une nouvelle fois de l'eau à son moulin de «résistante des années 2020».

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