La chanteuse Phanee de Pool s'exprime sur 2025
«Dès le moment où tu as des ambitions de grandir, tu dois viser l’extérieur»

Après bientôt dix ans de carrière, le nom de la chanteuse bernoise commence à circuler sérieusement au-delà des frontières helvétiques. Retour sur l’année trépidante et faste de Phanee de Pool.
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La chanteuse bernoise tire un bilan 2025 positif.
Photo: VALENTIN FLAURAUD / VFLPIX.COM
Katja Baud-Lavigne
Katja Baud-Lavigne
L'Illustré

En cette fin d’année agitée, une conversation avec Phanee de Pool fait figure d’oasis au milieu du désert. Malgré un problème de plomberie récurrent dans sa cuisine et un congélateur qui a rendu les armes, l’obligeant à se débarrasser de l’entier de son contenu – «Devoir jeter toute cette nourriture m’arrache le cœur!» jure-t-elle –, la chanteuse bernoise ne se départ pas de son humour et de sa bonne humeur. Elle nous livre son bilan 2025, plutôt très positif et rempli de promesses de succès.

Phanee De Pool, beaucoup de gens ont la dent dure quand ils évoquent l’année écoulée. Vous concernant, 2025 rime avec bénédiction ou enfer?
A titre personnel, c’était plutôt une réussite. Ma carrière a pris un tournant, d’une part parce que Camille Destraz (l’ancienne directrice du Théâtre du Pré-aux-Moines, à Cossonay, ndlr) a rejoint notre poulailler pour travailler avec nous. Et depuis la rentrée, il y a eu beaucoup de concerts, ainsi que ma participation à «Vivement dimanche», qui a créé un vrai effet boule de neige et fait circuler mon nom au-delà des frontières. Donc c’est hyper-cool.

Michel Drucker, c’est votre meilleur souvenir de l’année?
Je pense que j’en ai deux. Michel Drucker, évidemment. Et juste derrière, très, très près, quand j’ai joué à La Crique à Morges. J’ai, pour la première fois de ma carrière, fait monter sur scène une petite fille qui connaissait toutes les paroles de mes chansons par cœur. J’ai vu dans les yeux d’une enfant un truc que je n’avais jamais vu jusque-là. C’était complètement dingue. Et je crois que Drucker a vu la même chose dans les miens quand je l’ai rencontré pour la première fois.

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Il y a eu un avant et un après Michel Drucker. Je suis passée de 30'000 followers sur Instagram à 70'000.
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Vous lui avez dit être venue avec des calmants pour Léone, votre chienne. Est-ce finalement vous qui les avez avalés?
J’aurais peut-être dû. En tout cas, je ne lui ai vraiment rien donné. Elle était tout à fait relax, alors que j’étais tendue comme un ressort. Mais finalement, ni elle ni moi n’avons rien pris.

Il y a donc bien eu un avant et un après Michel Drucker?
Oui, bien sûr. Ça se répercute notamment au niveau des demandes. Pour le moment, on n’a pas encore annoncé les dates pour l’année prochaine, mais il y a beaucoup de choses prévues en France et en Belgique. Et puis au niveau des réseaux sociaux, je suis passée de 30'000 followers sur Instagram à 70'000. Même s’il y a aussi un travail de fond, il y a beaucoup de gens qui s’abonnent parce qu’ils ont regardé l’émission en replay ou parce que Elodie Poux, qui m’a invitée en tant que coup de cœur, partage mes posts.

En parlant de réseaux sociaux, plaisir ou punition?
En tout cas pas un plaisir. C’est un devoir, je pense. Un mal pour un bien. Un travail qui me fait grincer des dents, mais qui finalement porte ses fruits, puisque c’est aussi grâce à ça que je remplis les salles. Pour être honnête, au tout début de ma carrière, j’adorais ça parce que c’était une possibilité de s’exprimer librement. Mais plus le temps avance, plus je trouve que la réflexion qu’il y a derrière chaque post est une sacrée prison. Tu dois toujours réfléchir si c’est politiquement correct, si ça ne défavorise pas qui que ce soit. Donc c’est devenu quelque chose qui figure en bas de liste de ce que j’aime faire.

Vous êtes confrontée à des haters?
Oui, il y en a, par la force des choses. Mais finalement, c’est joli d’en avoir, parce qu’ils ne se rendent pas compte qu’en commentant et en déversant leur haine, ils activent juste l’algorithme et permettent que les posts soient beaucoup plus vus.

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Je suis un cheval de carnaval avec des œillères. Je n’ai pas la télé, je ne lis pas les journaux, entre autres pour me préserver de tout ce qui fait polémique et de tout ce qui est anxiogène.
»

Vous leur répondez?
Surtout pas! Je ne vais pas m’énerver ou dépenser de l’énergie pour ça.

Au chapitre des polémiques, que vous inspirent celles déclenchées par Brigitte Macron, qui traite les féministes de «sales connes», ou par Nemo, qui rend son trophée de l’Eurovision?
Pas grand-chose. Je suis un cheval de carnaval avec des œillères. Je n’ai pas la télé, je ne lis pas les journaux, entre autres pour me préserver de tout ce qui fait polémique et de tout ce qui est anxiogène. Je n’ai par conséquent aucun regard sur l’actualité. La preuve? Hier, j’étais en balade à Reconvilier. Je me suis dit: «C’est fou, il fait beau et il n’y a absolument personne.» J’ai appris ce matin que la police cherchait un homme armé en cavale à Tavannes et qu’elle avait conseillé à la population de rester à l’abri. C’est vous dire à quel point mon cas est sérieux.

Vous rayonnez de plus en plus à l’étranger. Mais est-ce qu’on peut être un artiste heureux et en vivre en se cantonnant à la Suisse romande, ou faut-il nécessairement traverser les frontières?
Il y a un moment où il faut aller voir ailleurs, c’est inévitable. La Suisse romande, c’est très petit, à peine l’équivalent d’une région française. Dès le moment où tu as des ambitions de grandir, tu dois viser l’extérieur. Où il y a beaucoup de barrières, parce que le terrain est déjà bien occupé par les artistes locaux. Et se faire une place quand tu es expat, c’est loin d’être facile. Pour ma part, c’est seulement maintenant, après dix ans d’un boulot de fourmi acharné, d’envie de tout plaquer et de baisser les bras, que ça commence à venir.

Le Québec, vous y avez pensé?
Oui, on a déjà été contactés plusieurs fois. Mais on a deux problèmes. Le premier, c’est que j’ai horreur de voyager. Alors je trouve toutes les excuses possibles et imaginables pour repousser, à tort. Le deuxième, c’est que le transport du matériel coûte extrêmement cher. Je me produis avec l’équivalent d’une camionnette pleine et je ne suis pas prête à en sacrifier une partie pour aller faire une tournée allégée à l’autre bout du monde.

Comment s’annonce 2026?
Plutôt bien. Les tournées continuent, avec beaucoup de propositions de l’étranger justement, qu’on est en train de mettre en place. Et puis, j’ai un nouveau projet sous le coude, que je prépare pour mes 10 ans de carrière.

A ce propos, une vidéo circule sur la Toile, où on vous voit faire face à un gros incident technique qui survient au beau milieu de Luis Mariano, chanson adorée du public. Votre maîtrise de la scène pendant ce moment critique est remarquable. Avez-vous déjà pensé à vous lancer dans le stand-up?
La vidéo est un condensé d’un peu plus de deux minutes. Sur scène, la panne en a duré douze. Donc oui, ça a été très long. Quant au stand-up, joker! Disons simplement que le projet destiné à célébrer mes 10 ans de carrière sera plus de l’ordre de la surprise que de la continuité. Mais laissons encore un peu bouillonner la soupe avant d’y jeter la crème.

Phanee de Pool seule en scène, 5 février 2026, Innovation Hub, Genolier et avec le Pocket Symphonik, dans le cadre du 9e Festival Riviera Classic+, 6 février 2026, salle des Remparts, La Tour-de-Peilz. Entrée libre. phaneedepool.com

Un article de «L'illustré» n°52

Cet article a été publié initialement dans le n°52 de «L'illustré», paru en kiosque le 24 décembre 2025.

Cet article a été publié initialement dans le n°52 de «L'illustré», paru en kiosque le 24 décembre 2025.

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