Dans les cellules de l'Hôtel de police de Lausanne, 82 tentatives de suicide se seraient produites en 2023. Le compte Instagram militant Ragekiit a sorti ce chiffre explosif, relayé par la presse romande et décrypté par «Le Temps». Il ne peut pas être confirmé, mais est pourtant tiré du dernier rapport de la Commission des visiteurs du Grand conseil. Il a en fait été mal dégrossi car il englobe autre chose que des tentatives de suicide au sens strict du terme.
C'est bien la police municipale lausannoise qui l'a transmis à la Commission. Comme le confirme la porte-parole Alexia Hagenlocher à Blick, le chiffre, qui ne peut pas être confirmé, mélange «tous actes auto-dommageables confondus, sans validation médicale». Ces données ont été relevées à des fins exclusivement internes, sans coordination ni protocole statistique commun. Elles ne peuvent donc pas être interprétées comme un indicateur fiable, ni utilisées pour des comparaisons hors de leur contexte.»
Pour faire la lumière sur cette situation, Blick a posé ses questions au ministre vaudois de la Sécurité, le Vert Vassilis Venizelos.
Vassilis Venizelos, ce chiffre, 82 tentatives de suicide en 2023 à l'Hôtel de police de Lausanne, ne peut pas être confirmé et engloberait d'autres actes. Lesquels?
Selon la Ville, ce chiffre ne correspond pas au nombre de tentatives de suicide dans les zones carcérales, comme on peut l’entendre dans le langage courant, mais à des atteintes auto-agressives qui peuvent être, par exemple, des automutilations liées à un trouble antérieur à la détention. Ce qui n’est pas moins dramatique et grave. Mais au-delà des chiffres, qu’il faut manier avec prudence sur ce thème complexe, ce qu’il faut retenir, c’est que la santé mentale et les conditions de détention sont pour moi des sujets de préoccupation et j’en fais une priorité politique.
Avez-vous validé le rapport de la Commission avant sa publication?
Quand la Commission des visiteurs établit son rapport annuel, elle le partage avec les autorités concernées qui peuvent se déterminer. Mais nous n’avons pas à le valider. Même si ce chiffre ne renvoie à aucune statistique fiable, il a le mérite de remettre en lumière un vrai problème: les conditions de détention dans les zones carcérale sont très difficiles. Nous finançons plusieurs mesures mises en place par la Ville pour améliorer le quotidien des personnes qui sont détenues dans ces cellules. Mais soyons clairs, cela reste inacceptable.
Quelles sont les conditions de détention à l'Hôtel de police?
Ce sont des cellules prévues pour de la garde à vue, donc maximum 48h, avant un transfert dans un établissement pénitentiaire. Avec la surpopulation carcérale actuelle, ces transferts prennent trop de temps faute de places, et nous devons mettre un terme à cette situation.
Certains détenus sont-ils prioritaires pour ces transferts?
Le système fait tout pour transférer en priorité les personnes détenues qui ont besoin d’un suivi thérapeutique urgent ou régulier. C’est pour cela que le Canton a annoncé la création de 60 nouvelles places en préfabriqué béton à Orbe dès fin 2027. J’espère que le Grand conseil suivra. A terme, la prison des Grands-Marais devrait aussi offrir un bol d’air à un système pénitentiaire saturé, et en bout de chaîne, je le rappelle. Le système pénitentiaire ne décide pas qui entre et qui sort des prisons. Il applique des décisions de justice. Le Canton a pour rôle de garantir des conditions de détention correctes sur son territoire, en fournissant suffisamment de places notamment. Donc on s’y attelle, même si on ne pourra pas construire des prisons à l’infini.
Est-il possible de chiffrer concrètement le nombre de tentatives de suicide dans les cellules de l’Hôtel de police, en 2023?
Il faut rester très prudent avec ce genre de chiffres. En l’occurrence, les cellules de l’Hôtel de ville sont exploitées et gérées par la Municipalité. Donc le Canton ne tient pas de statistiques sur ces zones carcérales. Et même si c’était le cas, je vous inviterais à contacter le Service de médecine et psychiatrie pénitentiaires, qui dépend du Département de la Santé, et pas du Département de la sécurité.
Lorsqu’un suicide survient dans une cellule vaudoise, estimez-vous que c’est à vous – en tant que ministre de tutelle – de présenter des condoléances aux familles concernées?
Cela n’est jamais arrivé dans une zone carcérale, heureusement. Un effort important de prévention et de suivi est fait au quotidien dans tous les établissements pénitentiaires. On sait que les premiers jours d’incarcération sont particulièrement à risque. C’est un point de vigilance continu. Nous devons tout faire pour qu’un tel drame ne se produise pas.
Ces services sont disponibles 24 heures sur 24:
- Consultation téléphonique de la Main Tendue: téléphone 143 www.143.ch
- Conseil téléphonique de Pro Juventute (pour les enfants et les jeunes): téléphone 147 www.147.ch
Urgences médicales: 144
- Autres adresses et informations: https://www.parler-peut-sauver.ch/
Ces services sont disponibles 24 heures sur 24:
- Consultation téléphonique de la Main Tendue: téléphone 143 www.143.ch
- Conseil téléphonique de Pro Juventute (pour les enfants et les jeunes): téléphone 147 www.147.ch
Urgences médicales: 144
- Autres adresses et informations: https://www.parler-peut-sauver.ch/