«Il était presque aussi gros que mon bateau»
Ce pêcheur a capturé le plus grand silure de Suisse, il nous raconte

Un silure géant de plus de 100kg a été pêché au large de Bevaix (NE). Il s'agit possiblement du plus gros spécimen jamais capturé en Suisse. Son pêcheur, Nicolas Chevallier, raconte un combat physique intense de 25 minutes pour sortir ce monstre de l’eau.
Publié: 18:00 heures
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Dernière mise à jour: 18:15 heures
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Nicolas Chevallier (à droite) et son collègue Olivier Junodposent devant leur silure de 2,43 m.
Photo: Nicolas Chevallier
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Dimitri FaravelJournaliste Blick

Il mesurait 2,43m pour 100,5kg. Un silure d’une taille exceptionnelle a été pêché ce vendredi 22 août au large du port de Bevaix (NE). Il s’agirait du plus gros spécimen jamais attrapé en Suisse.

L’homme à l’origine de cette pêche miraculeuse se nomme Nicolas Chevallier. Né à Grandson, il baigne dans l’univers marin depuis sa petite enfance. «Mon papa était pêcheur, je navigue sur le lac de Neuchâtel depuis que je peux me tenir debout.» Les années passent, mais l’amour de la pêche reste. Après un apprentissage de cuisinier, il décide finalement de suivre la voie de son père. L’homme de 36 ans est pêcheur professionnel depuis 2009.

Un combat de géants

Sa rencontre avec le silure titanesque a eu lieu le 15 août, dans les alentours de midi. A bord de son bateau, Nicolas Chevallier remonte sa palangre, un dispositif de pêche bien spécifique. Composée d’une longue ligne principale appelée ligne-mère, elle porte à intervalles réguliers des hameçons fixés à de courts cordages.

Mais ce jour-là, le pêcheur sent une résistante inhabituelle. «C’était comme si l’un de mes hameçons s’était coincé dans un rocher.» En insistant, il comprend qu’il tient une prise hors norme, que ce poisson sera bien plus imposant que tous ceux qu’il a pêchés jusqu’ici – son record pesait 60kg.

Le combat commence. Pendant 25 minutes, Nicolas Chevallier bataille pour fatiguer l’animal, tout en veillant à ce que la ligne ne cède pas. «C’était impressionnant. Il a réussi à traîner mon bateau, qui pèse pourtant une tonne, sur une quinzaine de mètres.» Le professionnel n’en mène alors pas large. «J’ai eu peur… Je me suis demandé si j’allais vraiment réussir à le sortir de l’eau.»

Au final, il parvient à épuiser la bête et à la hisser, petit à petit. «Il était presque aussi gros que mon bateau. Jamais je n’avais vu une telle bête». Rassemblant ses dernières forces, le pêcheur réussit à l’installer entièrement le pont. «J’ai alors ressenti énormément de joie… Mon cœur est parti dans tous les sens.» Son collègue, Olivier Junod, qui «relevait aux perches» pendant ce temps, finit par le rejoindre. Lui non plus n’avait jamais vu un tel animal. «Chapeau. Il est monstrueux», lâche-t-il à son camarade.

Une conséquence vivante du réchauffement climatique

Une fois rentré au port, l’animal est très vite découpé pour que sa chaire reste comestible. Une moitié part au fumage, l’autre à la buvette de plage La pointe du Grain de Bevaix pour y être frit. La saumure est quant à elle assurée par la compagne d’Olivier Junod. Cette dernière tient d’ailleurs à garder sa recette secrète.

Car la cuisine du silure n’est pas une mince affaire. «Même s’il est bien préparé, il n’a pas spécialement de goût, confie Nicolas Chevallier. Sa chaire ressemble un peu à celle du cabillaud. Les premières fois que je l’ai taillé, ce n’était pas terrible. Aujourd’hui, il est délicieux.»

Le silure se pêche dans le lac de Neuchâtel depuis environ cinq ans. Mais sa présence s’est largement amplifiée avec le réchauffement climatique. Si beaucoup de poissons disparaissent de ces eaux, comme le corégone, à cause de la chaleur et du manque de nourriture, d’autres, comme le silure, parviennent à s’adapter. Appréciant particulièrement les eaux chaudes, ce prédateur opportuniste n’est pas bien difficile, s’accommodant volontiers de perches, d’écrevisses, de vers, voire de charognes.

S’il a fallu une petite semaine à Nicolas Chevallier pour se remettre de cette aventure, le pêcheur se tient désormais prêt à une nouvelle rencontre de ce genre. «A peine pêché, notre silure était déjà vendu. Il faut vite y retourner!»

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