«Pas le procès de la police»
La famille de Camila, décédée en scooter, dévoile les motifs de sa plainte

L'avocat de la famille de Camila, décédée à 14 ans dans un accident de scooter à Lausanne, détaille la plainte déposée pour homicide par négligence. Le but? Déterminer si le policier qui l'a poursuivie est en tort, mais sans faire le procès de la police municipale.
Publié: 05:27 heures
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Dernière mise à jour: il y a 5 minutes
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Toute jeune ado, Camila a lourdement chuté sur un terre-plein aux Plaines-du-Loup, après qu'un policier a tenté de l'intercepter.
Photo: Léo Michoud / Blick
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Léo MichoudJournaliste Blick

La famille de Camila a porté plainte début juillet pour homicide par négligence et abus d'autorité. Oui, mais pour quelles raisons et contre qui? Le 30 juin dernier, la jeune fille est décédée à 14 ans des suites d'une lourde chute en scooter sans casque, alors qu'elle était coursée par un policier à moto. Dans son communiqué du 1er juillet, la police évoquait alors des «rodéos urbains» dans le quartier, un terme que les parents réfutent.

L'avocat de la famille – plus précisément des parents de Camila dans le cadre de cette plainte – a accepté de donner des détails à Blick sur la procédure lancée. «Mes clients ont déposé plainte afin d’éclaircir les circonstances dans lesquelles est tragiquement décédée Camila à la suite de son accident de scooter», assure le spécialiste du droit pénal, Me Fabien Mingard.

Le policier, pas la police

La mort de Camila est citée, avec celle de Marvin, comme l'un des déclencheurs des émeutes ciblant la police. Mais l'avocat nuance: «Mes clients tiennent à préciser qu’il ne s’agit pas ici de faire le procès de la Police municipale de Lausanne.» C'est donc plutôt le policier – ayant allumé les feux et la sirène pour tenter d'intercepter l'adolescente – qui est visé par les accusations de la famille d'origine portugaise.

«L’objectif est de déterminer si des infractions ont été commises par les personnes impliquées, en particulier par le policier ayant poursuivi Camila alors qu’elle ne portait pas de casque», précise Me Mingard. Cet agent – dont la police indique qu'il a porté secours à Camila après sa chute – est également impliqué dans les affaires Mike Ben Peter et dans la révélation des messages racistes et discriminatoires sur des groupes WhatsApp de la police municipale de Lausanne.

C'est cette image d'une figurine, portant un chapeau religieux espagnol nommé capirote, sous laquelle le policier a commenté «KKK».
Photo: Police municipale de Lausanne

Dans l'affaire de la mort du Nigérian en 2018 à Lausanne, il est l'un des agents ayant procédé à son arrestation – tous ont été acquittés. Dans l'affaire des groupes WhatsApp, il est l'un des huit agents suspendus: l’un des reproches qui lui sont faits est notamment d'avoir commenté «KKK» sous une image représentant une figurine religieuse espagnole ressemblant à l'attirail du Ku Klux Klan. Contactée, son avocate Me Odile Pelet n'a pas souhaité s'exprimer.

Une audition à venir

Au sujet de Camila, cet agent devrait être auditionné au Ministère public par un procureur. Mais seulement en tant que «personne appelée à donner des renseignements», a relaté «24 heures» en évoquant la plainte. L'avocat poursuit: «L'affaire ayant initialement été confiée au Tribunal des mineurs, ils (ndlr: les parents de Camila) souhaitaient que l’enquête soit assurée par le Ministère public central, autorité normalement compétente pour ce genre de dossier.»

Un supérieur du policier concerné l'a déjà auditionné sur la situation, sous l'égide du Tribunal des mineurs. Le Parquet destiné aux moins de 18 ans aurait par ailleurs été saisi avant même que le décès de Camila ne soit prononcé, pour traiter les infractions commises par les jeunes, explique Me Mingard. Avec ces deux procédures qui se déroulent en parallèle, ce dernier se réjouit que l'instruction puisse ainsi «se poursuivre dans les meilleures conditions».

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