Equipe israélienne invitée
Vevey se désolidarise d’un tournoi de basket qui accueille le Maccabi

La Municipalité de Vevey retire 1000 francs de subvention à la Coupe Zana de basket, a appris Blick, en raison des positions de l’équipe israélienne invitée et du risque de sécurité jugé élevé. L'ex-champion Thabo Sefolosha réagit.
Publié: 27.08.2025 à 18:01 heures
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Dernière mise à jour: 27.08.2025 à 18:44 heures
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Les joueurs du Maccabi Tel Aviv avant le match de l'Euroligue en hommage à toutes les victimes du conflit israélo-gazaouie, le 18 octobre 2023.
Photo: keystone-sda.ch
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Myret ZakiJournaliste Blick

La Zana Cup, un tournoi international de basket pour les moins de 16 ans (U16), qui se déroule à Vevey du 5 au 7 septembre, suscite la polémique. L’organisateur, Nathan Zana, président du Vevey Riviera Basket, a en effet décidé d’inviter l’équipe du club israélien Maccabi.

Le 25 août, la Municipalité de Vevey a décidé de couper la subvention à l’événement, a appris Blick. En effet, la conseillère municipale Laurie Willommet (PS), en charge des Sports, y voit un problème de sécurité, en plus d’un souci lié au positionnement pro-israélien du Maccabi Basketball Club.

«Risques sécuritaires importants»

Contactée, la conseillère municipale s’explique: «J’ai plusieurs fois appelé l’organisateur, Nathan Zana. Il s’agit d’un tournoi où les équipes sont invitées. J’ai essayé de lui demander de désinviter l’équipe israélienne, mais il n’a pas accepté. Or la présence du Club Maccabi, aux positions pro-israéliennes, pose des risques sécuritaires importants.» 

Fin juin, précise l'élue, s’est déroulée à Lausanne la Coupe du monde U19 FIBA avec une équipe israélienne. «Il s’agissait alors d’une équipe qualifiée. Mais pour ce tournoi, en revanche, il aurait été facile de pas inviter d’équipe israélienne. Au vu de la non entrée en matière de l’organisateur et des risques sécuritaires importants, nous avons décidé de retirer la subvention de 1000 francs de la municipalité.» Au vu de la somme, ajoute Laurie Willommet, cela ne met pas en péril le tournoi. «Notre but est seulement d’envoyer un message quant à notre désaccord. Si le Comité international olympique (CIO) s’était positionné comme il l’a fait pour la Russie, nous n’en serions pas là», conclut-elle. 

Contacté à plusieurs reprises, le président du Club, Nathan Zana, n'a pas retourné nos appels et messages 

Slogans politiques

Sur sa page Instagram, le Maccabi Tel Aviv Basketball affiche tout en haut de sa bio son soutien au gouvernement israélien (#StandWithIsraël), suivi d’un autre slogan politique, lié aux otages (#BringThemHomeNow). Ses trois premiers posts montrent les joueurs réclamant le retour des otages israéliens. 

Charlotte, créatrice de contenus sur Instagram («charlotte_ensaigne»), avait relayé le buzz préalable qu'avait suscité l’affaire de la Zana Cup, autour du 21 août. Elle reproche au Maccabi Basketball Club ses messages très politiques: «Ils reprennent de manière univoque, dans une publication épinglée, le narratif qui vise à mettre l’emphase uniquement sur le retour des otages, alors qu’on sait clairement que l’ambition du gouvernement israélien est d’étendre ses territoires.» 

Images de drones, musique épique: la podcasteuse veveysane constate que «de nombreuses publications du club sont en lien avec le retour des otages, tant et si bien qu’on a le sentiment que les performances sportives passent au second plan. On est loin de la vision idéalisée de jeunes athlètes apolitiques.»

Volet footballistique sulfureux

Le nom du Maccabi reste par ailleurs associé au décrié club de foot. A l’automne 2024, des supporters de ce dernier, dont les ultras appelés les «Maccabi Fanatics», ont été filmés en train d’arracher des drapeaux palestiniens sur des façades, voire d’en brûler, tout en proférant des slogans tels que «mort aux Arabes». Ces images ont rapidement circulé et alimenté l’indignation. Aujourd’hui, les clubs Maccabi de football et de basket sont deux entités distinctes, mais elles portent le même nom, les mêmes couleurs (jaune et bleu) et le même emblème.

Précédent «à haut risque»

Mi-janvier, à Paris, le match de basket opposant Paris Basketball au Maccabi Tel Aviv, en Euroligue, avait été classé «à haut risque», au niveau 4 sur une échelle de 1 à 5, par la Division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH). Cela constituait une première en France pour une rencontre de basket. Cela aurait également pesé dans la décision de la Municipalité de Vevey.

«Sur les réseaux, les gens sont remontés, note Charlotte. Nous allons lancer une pétition pour faire en sorte que le club renonce à la venue de cette équipe.» Elle souligne qu’il s’agit d’une «démarche entièrement pacifique, destinée à marquer notre mécontentement plus général aussi, face à une situation de complicité de notre pays.» 

L’ex-champion Sefolosha réagit

Blick a voulu savoir ce qu’en pensait Thabo Sefolosha, ancien basketteur professionnel suisse, né à Vevey, qui fut le premier joueur helvétique à avoir évolué en NBA. Contacté, il répond: «D’un côté, le sport, c'est le sport, c’est magnifique lorsqu’il y a un échange de cultures et un brassage ethnique, et on ne peut que féliciter Nathan Zana de vouloir donner à Vevey cette envergure internationale et de faire profiter la jeunesse de ce type de tournoi.»

De l’autre, ajoute le basketteur qui a porté les couleurs de Chicago, d’Oklahoma City ou encore d’Atlanta, «on a une situation au Proche-Orient qui est très préoccupante. Je trouve qu’il y a des forces en présence qui sont très différentes les unes des autres, et qu’il faut être humain et oser se placer du côté des plus faibles et des gens qui vivent une situation très injuste», ajoute ce fils d’un Sud-africain qui a fui l’Apartheid, et qui hérite d’une grande sensibilité, de par son histoire, à la cause palestinienne.

«Par conséquent, je dis aussi bravo à la Ville de Vevey d’avoir voulu marquer le coup et montrer un soutien à la cause palestinienne, conclut cette figure emblématique du sport suisse à l’international. Dans un moment comme celui qu’on vit aujourd’hui, c’est une position que je soutiens. Le sport et le sport, oui, mais je comprends aussi la Ville dans les circonstances qu’on vit aujourd’hui.»

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