L'impartialité et la communication du Ministère public (MP) vaudois sont remises en question dans l'affaire de l'homme noir mort dans les locaux de l'hôtel de police de Lausanne le 25 mai dernier – formellement identifié comme le Nigérian de 39 ans Michael Kenechukwu Ekemezie. Quatre policiers sont prévenus d'homicide par négligence à la suite de ce décès.
Et en face, une poignée d'élus au Grand Conseil vaudois se mettent à douter aussi bien de la police que de la justice, relate d'abord «24 heures» ce vendredi 20 juin. A l'initiative d'Hadrien Buclin (Ensemble à Gauche), les députés Yves Paccaud (Parti socialiste), Sylvie Podio (Vert-e-s) et Graziella Schaller (Vert’libéraux) ont signé une lettre, saisissant ainsi le Conseil de la magistrature, l'organe chargé de la surveillance de la justice.
Au vu de la «collaboration très étroite et régulière» entre police et justice, il est question d'analyser comment «le Ministère public communique et mène des investigations impliquant des agents de police». Exemple de communication trouble selon les élus? Le MP a d'abord affirmé qu'il n'y avait «pas eu de témoin oculaire, ni de placage au sol et de clé d'étranglement par les forces de l'ordre». Une version contredite rapidement par une vidéo de l'arrestation musclée, relayée par plusieurs médias dont la RTS.
Le Ministère public «rectifie»
Ce jeudi, le Ministère public vient de communiquer pour confirmer l'identité du défunt et indiquer que les causes de la mort ne sont pas encore connues. La justice vaudoise a aussi tenu «à rectifier certains propos lus ou entendus dans certains médias». Le Ministère public indique qu'«il ne s'est à aucun moment exprimé ni n'a qualifié les circonstances précises de l'interpellation à ce stade de l'enquête».
«Des auditions de témoins relatives au déroulement de l'intervention de police ont été menées à la suite de l'enquête de voisinage immédiatement réalisée, selon les instructions données par la direction de la procédure», continue l'organe judiciaire. Les résultats de l'autopsie, confiée au Centre universitaire romand de médecine légale, sont attendus. Notamment des analyses toxicologiques du corps de l'homme, suspecté par la police d'activité liée au domaine des stupéfiants.