Les manifestants, rassemblés en mémoire de Michael, Nigérian décédé après son interpellation par la police lausannoise, ont déposé des fleurs, des bougies et des photos de la victime sur les marches du tribunal. Certains d'entre eux arboraient un T-shirt à l'effigie de Michael, dénonçant «Swiss police killed again, enough!» («La police suisse a encore tué, assez!»). Des pancartes proclamaient «Being black is not a crime» («Etre noir n'est pas un crime») ou encore «Justice for Michael».
Le rassemblement s'est déroulé dans le calme, encadré par une présence policière discrète. Le silence a prévalu durant la première demi-heure. Puis des prises de parole ont suivi, la plupart en anglais, entrecoupées par le slogan «No justice, no peace» («Pas de justice, pas de paix»).
«Nous sommes des êtres humains, pas des animaux», «Pas tous les hommes noirs ne sont des dealers», «Il y a eu trop de morts en Suisse, en particulier à Lausanne», ont notamment déclaré divers intervenants.
Transfert de l'enquête demandé
La manifestation faisait suite au décès, dimanche 25 mai dernier, d'un homme d'origine nigérienne dans les locaux de la Police municipale de Lausanne. Il avait été interpellé dans la rue de façon musclée pour des soupçons d'activité en lien avec les stupéfiants. Une fois à l'hôtel de police, il a été pris d'un malaise. Les secours ont tenté en vain de le réanimer. Quatre policiers sont prévenus d'homicide par négligence dans le cadre de cette affaire. Une enquête a été ouverte et une autopsie ordonnée.
Le collectif lausannois Kiboko, créé à la suite du décès en 2018 du Nigérian Mike Ben Peter entre les mains de la police, ainsi que le parti Ensemble à Gauche ont demandé le transfert de l'enquête au Ministère public d'un autre canton «pour réduire les risques de collusion». Ils ont également réclamé la suspension des agents impliqués, la sauvegarde des enregistrements des caméras de surveillance, la nomination d'un expert médico-légal indépendant et la conduite d'une enquête de voisinage rigoureuse.
Père de famille, époux, ami
Michael était «un père de famille, un époux, un ami, un membre de la communauté large de Demeure/Canopy». Il s'agit d'un groupe luttant sur les thématiques du droit au logement et au travail et pour la régularisation des sans-papiers, a souligné le collectif Justice pour Michael dans un communiqué.
Ce tragique événement s'inscrit dans un contexte critique envers l'action de la police vaudoise. Quatre autres hommes noirs sont décédés des suites d'une intervention policière dans le canton, entre 2016 et 2021. Ces morts ont suscité de multiples rassemblements et manifestations dénonçant le racisme et les violences policières.