Décès d'un homme noir au poste
«Que la police vise les deux genoux!» Le dérapage d'une élue UDC à Lausanne

Une élue lausannoise de l’UDC choque avec un commentaire Facebook invitant à tirer «dans les genoux» des dealers noirs. Ses propos surviennent en pleine tempête autour d’une nouvelle mort d'un homme noir en lien avec une intervention policière à Lausanne.
Publié: 28.05.2025 à 20:24 heures
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Dernière mise à jour: 28.05.2025 à 22:42 heures
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Josée-Christine Lavanchy a choqué avec ses publications Facebook invitant la police à «viser dans les genoux» des «dealers».
Photo: UDC Vaud
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Alessia BarbezatJournaliste Blick

«Tous ces Noirs dealers et récalcitrants, que la Police vise les deux genoux. Soutien aux policiers!» Ces propos sont ceux d’une élue, qui les a publiés sur Facebook. Josée-Christine Lavanchy est conseillère communale (législatif) à la Ville de Lausanne. Interpellée par l’un de ses followers qui lui demande pourquoi les genoux? Elle répond: «Pour qu’ils ne meurent pas. Nos valeureux policiers ont des ennuis, sinon.»

Publication Facebook de Josée-Christine Lavanchy
Photo: Facebook

Pour rappel, quatre policiers sont poursuivis pour homicide par négligence après la mort d’un homme noir dans les locaux de la police municipale. Un décès survenu le dimanche 25 mai. Agé de 39 ans, Michael Kenechukwu Ekemezie avait été interpellé en raison de soupçons d’activité liée au domaine des stupéfiants. Une fois sur place, ce Nigérian, père de deux enfants, aurait été pris d’un malaise et les secours auraient tenté en vain de le réanimer, selon la version donnée par la police. Une enquête a été ouverte et une autopsie ordonnée.

Un événement qui survient dans un climat de vives critiques à l’égard de l’action policière. Entre 2016 et 2021, quatre autres hommes noirs sont morts à la suite d’interventions de la police dans le canton de Vaud. Ces drames ont donné lieu à de nombreux rassemblements et manifestations dénonçant le racisme et les violences policières.

Echange sur Facebook entre Josée-Christine Lavanchy et un follower.
Photo: Facebook

Au téléphone, la conseillère communale assume ses propos qui tiennent plus du «gag» selon elle. «Ce n’était peut-être pas très malin. Je souhaitais avant tout afficher mon soutien envers les policiers. Ils ne peuvent plus faire leur travail», s’exclame-t-elle. «Je ne suis pas raciste, j’ai des amis au sein de la communauté africaine. Mais j’ai envie de dire aux personnes qui sont choquées par mes propos: ‘que font-elles pour lutter contre le deal de rue? Rien!' On n’en peut plus. Quand je rentre du Conseil communal le soir, je me fais alpaguer par des dizaines de personnes qui cherchent à me vendre de la mort.»

«
C'est une dérive gravissime et irresponsable de la part d’une conseillère communale
Samson Yemane, conseiller communal socialiste (législatif) à la Ville de Lausanne
»

«Les propos de cette élue relèvent d’une apologie de la violence, voire du meurtre. Une dérive gravissime et irresponsable de la part d’une conseillère communale», nous dit Samson Yemane, lui-même élu socialiste au législatif de la Ville.

Il est choqué, mais pas surpris. «Ce n’est pas la première fois qu’elle publie sur Facebook des posts diffamatoires ou racistes. Au Conseil communal, elle peut aussi faire des interventions déplacées, c’est très problématique.» Il ajoute: «J’invite les associations actives dans la lutte contre le racisme à procéder à une dénonciation pénale.»

Et de rappeler que la norme pénale antiraciste (art. 261bis CP) punit les actes racistes qui consistent à nier publiquement, de manière explicite ou implicite, la dignité humaine et le droit à l’égalité de certaines personnes en raison de la couleur de leur peau, de leur origine ethnique ou de leur religion. 

L'UDC Vaud se distancie

Contacté par téléphone, le vice-président de l’UDC Vaud et conseiller national Sylvain Freymond est un brin emprunté après qu’on lui a appris l’existence des propos. «Nous regrettons les propos excessifs de Madame Lavanchy sur les réseaux sociaux, dit-il. L’UDC soutient les policiers qui doivent affronter une insécurité grandissante et qui le font en ayant que peu de soutien des autorités.»

De là, à prendre des sanctions à l’égard de l’élue lausannoise? «Nous ne surveillons pas les réseaux sociaux de chacun de nos membres. Ce qui est certain, c’est que ses propos n’engagent qu’elle et qu’elle devra répondre de ceux-ci si dénonciation il y a.»

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