George Floyd avait aussi été tué un 25 mai par la police. C’était en 2020, à Minneapolis. Comme un rappel de ce funeste anniversaire, ce 25 mai 2025 à Lausanne, pile 5 ans après, c’est Michael Kenechukwu Ekemezie, un Nigérian de 39 ans, qui décédait des suites de coups reçus par la police lausannoise, qui le soupçonnait de trafic de drogue. Les agents municipaux sont sous enquête du Ministère public vaudois pour homicide par négligence.
Schéma répétitif de plaquage au sol
Comme George Floyd, Michael a été plaqué au sol par les agents de police, et a, lui aussi, averti qu’il se sentait mal. Avant de succomber, moins d’une heure plus tard.
Et comme l’Afro-américain, dont la mort a fait naître le mouvement de protestation mondiale «Black Lives Matter», la multiplication des cas dans le canton de Vaud a vu naître plusieurs collectifs, qui se coalisent au fur et à mesure et qui désormais totalisent des milliers de followers sur Instagram.
La mort de Michael a en effet été précédée de quatre autres depuis 2016, dans le canton de Vaud. En 2018, un autre Nigérian de 39 ans aussi, Mike Ben Peter, est mort dans des circonstances similaires, après avoir été violemment plaqué au sol par la police antidrogue lausannoise. Les agents ont été acquittés.
Affaires classées
Ces deux cas font suite à trois autres qui ont eu lieu dans le canton de Vaud. En 2017, un Gambien arrêté par erreur à Lausanne a subi une crise d'épilepsie dans sa cellule, à laquelle il a succombé sans que quiconque vienne à son secours. L’affaire a été classée par la justice vaudoise, mais sa famille a déposé un recours en 2023.
En 2016, un Congolais avait été abattu par un policier à Bex (VD) alors qu'il brandissait un couteau. L’agent a été acquitté, mais le Tribunal cantonal vaudois vient d’exiger que le Parquet rouvre l’enquête ce 28 mai. A ce jour toutefois, il n’y a eu aucune condamnation de policier dans l'ensemble de ces affaires.
Collectifs: cumul d'expérience
L’affaire Michael Kenechukwu Ekemezie a mobilisé les collectifs antiracistes qui s’étaient déjà créés pour les affaires précédentes, et qui dénoncent l’impunité de la police. Cinq d’entre eux, dont «Justice pour Mike» (le Nigérian mort en 2018), «outrage collectif», ou «43 m2», ont partagé des messages sur Instagram, avec pour adresse «coalitioncontrelescrimespoliciersCH@proton.me».
Ils dénoncent le fait que les quatre agents à l’origine du décès d’il y a 5 jours soient toujours en service, et réclament leur suspension. Ils qualifient la police d’institution «raciste et coloniale». Un sitting de protestation a réuni 150 personnes le 27 mai devant les locaux de la police à Lausanne.
Souci d’indépendance
Autre préoccupation exprimée par les collectifs: le manque d’indépendance de l’enquête en cours. Ils dénoncent le fait que ce soit la police vaudoise qui enquête sur la police municipale, et exigent qu’un autre canton s’en charge.
En effet, les collectifs ont encore en mémoire le procès du Nigérian tué en 2018: «confier l’enquête à la police vaudoise est incompréhensible, écrivent-ils sur Instagram, après le procès de Mike Ben Peter, les avocats de toutes les parties s’étaient accordés sur le fait qu’ils n’avaient jamais vu une enquête aussi bâclée».
Contacté ce vendredi du week-end de l'Ascension, le Ministère public vaudois n’était pas disponible pour nous répondre sur la question de l’indépendance de l’enquête.