En quête du bonheur
Mathilde Maillard: «Le plus grand malentendu, c’est de penser que le bonheur doit venir des autres. Ou pire, de l’Etat»

Conseillère communale à Lausanne et présidente du PLR local, Mathilde Maillard vit le bonheur comme un art de vivre. Entre travail engagé et spontanéité assumée, elle confie sa vision intime de la joie.
Publié: 10:06 heures
Partager
Écouter
Pour trouver le bonheur, Mathilde Maillard cultive une certaine spontanéité, quitte à être parfois en retard.
Photo: Keystone
Blick_Lucie_Fehlbaum.png
Lucie FehlbaumJournaliste Blick

Le bonheur. Derrière ce mot galvaudé, chacun cache une idée, une sensation, un souvenir, parfois un rêve. A travers une série d’entretiens intimes et légers, nous avons demandé à des personnalités de tous horizons ce que signifie, pour elles, être heureux. Nos interlocuteurs ont accepté de se confier. Pas pour donner des leçons, mais pour partager une trajectoire, des doutes, des petits riens – et peut-être, offrir aux lecteurs une boussole intérieure.

Conseillère communale à Lausanne, Mathilde Maillard n'est pas du genre à donner des leçons. Consciente que le bonheur est aussi subjectif qu'individuel, la présidente du Parti libéral-radical (PLR) Lausanne s'est tout de même confiée sur sa vision de la joie, depuis un train la menant de Florence à Rome. Interview – entre deux tunnels – d'une avocate engagée qui vit à 200%.

Mathilde Maillard, qu’est-ce qui vous rend heureuse au quotidien, de façon simple et concrète?
Prendre l'apéro en fin de journée au bar le Meraki, avec mes proches. On peut constater, au vu de ce qu'il se passe en contrebas sur la place de la Riponne, qu'on est bien écoutés dans notre combat politique (rires). Mais c'est surtout le fait de partager un moment avec mes proches et de rire qui m'apporte du bonheur.

Avez-vous une définition personnelle du bonheur? A-t-elle évolué avec le temps?
C'est intimement lié à la notion de liberté. Celle de penser et d'agir. Ça nécessite de nous imposer certaines limitations afin que notre liberté n'empiète pas sur celle des autres.

«
Le bonheur est quotidiennement à notre portée
Mathilde Maillard, présidente du PLR Lausanne
»

Quel est, selon vous, le plus grand malentendu autour du bonheur?
Il y en a au moins deux. Le premier, c’est de penser que le bonheur ne peut pas être composé de choses simples. Il ne faut pas avoir toujours plus, ou obtenir quelque chose que l'on n'avait pas, pour être heureux. Le bonheur est composé de choses très simples qui sont quotidiennement à notre portée. Et le deuxième malentendu, c'est de penser que ce sont aux autres de nous amener le bonheur. Ou pire, à l'Etat. Il doit offrir des conditions favorables et libres pour que chacun puisse construire son bonheur. Je mesure la chance que j'ai de vivre en Suisse pour cela.

Y a-t-il un moment de votre vie où vous avez touché du doigt le bonheur absolu?
Franchement, fondamentalement, non. Je n'arriverai pas à choisir un moment. Il y a des moments de ma vie quotidienne qui me rendent heureuse. Au travail aussi, ce qui est positif puisque c'est quand même ce que je fais le plus. Quand un dossier avance, quand j'arrive à aider quelqu'un, je ressens quelque chose qui dépasse ce que je peux ressentir au quotidien. C'est lié à ma relation aux autres, à mon rôle pour les autres, en politique ou au travail.

Et dans le privé aussi, vous avez besoin d'être celle qui aide?
Non, je n’arriverais pas à me caricaturer comme ça. Mais mes proches ont un rôle essentiel dans mon bonheur quotidien. C’est une réciprocité, je suis là pour eux et ils sont là pour moi.

Le bonheur se cultive-t-il ou survient-il par surprise?
C’est un doux mélange des deux. C’est un art de vivre, un état d’esprit. Il ne faut pas attendre le bonheur, chercher à le provoquer absolument. On vit la vie qu'on doit vivre, on ne peut pas tout choisir et certaines responsabilités font que tout n'est pas l'éclate absolue, tout le temps. Mais trouver du bonheur dans toutes les situations, c'est un art de vivre. Il faut savoir saisir les moments qui surviennent de manière inattendue. 

Vous y parvenez?
Je suis une pro de la spontanéité! Si un moment est chouette, j'aime le vivre et parfois le prolonger. C'est un reproche que mes proches me font souvent.

Pourtant, c'est plutôt positif, non?
On me le reproche avec affection. Je peux facilement être en retard. Si on me donne rendez-vous, mais que je fais un truc génial avant, par exemple.

Qu’est-ce que vous avez cessé de faire pour être plus heureuse?
Faut-il vraiment cesser de faire quelque chose pour être heureuse? On peut arrêter la viande, la clope, la voiture… Mais je crois plutôt qu’il faut cultiver sa routine quotidienne de la manière la plus positive possible, cultiver la spontanéité. Je prends les bons côtés partout où ils sont. Je ne pense pas qu’il faille s’interdire des choses, qu’elles soient matérielles ou comportementales.

«
J’ai un rapport assez leste avec le temps. C’est ma manière de vivre ma vie
Mathilde Maillard, conseillère communale lausannoise
»

Quelle place tient la solitude dans votre quête du bonheur?
Quand on vit à 200% comme moi, les moments de solitude sont assez rares. C'est donc toujours des moments que j'associe au bonheur. Je peux faire quelque chose pour moi, comme bouquiner et me promener. Mais je ne suis même pas sûre d'avoir un moment comme ça toutes les semaines.

Avez-vous une habitude, une pratique ou un rituel qui vous aide à approcher le bonheur?
Je ne regarde pas tellement ma montre, j’ai un rapport assez leste avec le temps. C’est ma manière de vivre ma vie quotidienne, dans les limites de ma pratique professionnelle.

Quel livre, film ou rencontre a changé votre manière de penser le bonheur?
Je ne pense pas le bonheur, je le vis. Je trouve ça un peu triste de me dire qu’il faut y penser, ça explique peut-être le mal-être d’une certaine partie de la société? Cela dit, lire contribue vraiment à vivre le bonheur au quotidien. Je lis des bouquins qui me permettent de m’évader, des épopées liées au voyage.

Si vous pouviez offrir une seule clé du bonheur aux lecteurs, laquelle serait-elle?
Je ne veux pas donner de conseils aux autres, ils savent bien mieux que moi ce qui contribue à leur propre bonheur. Mais si je devais donner un conseil collectif, ce serait de préserver, en tant que société, nos fondamentaux: la démocratie, la liberté et le respect des autres, pour que chacun puisse réaliser sa vision du bonheur.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus