Comment enrayer le deal de rue qui gangrène les villes vaudoises? Cette question a animé une table ronde tenue lundi soir 26 mai à Yverdon-les-Bains – en particulier après le décès d'un suspect lié au trafic de drogue dans les locaux de la police à Lausanne. Mais aucune mesure concrète n'en est ressortie.
Le conseiller d’Etat vaudois chargé de la Sécurité Vassilis Venizelos a préféré clarifier la ligne du canton: pas question d’alourdir l’arsenal répressif. Selon lui, augmenter la répression déplacerait le deal de la rue aux appartements, relate ce mardi «La Matinale» de la RTS. L'élu vert a soutenu le système dit des quatre piliers – prévention, thérapie, réduction des risques et répression – et souhaite particulièrement renforcer la prévention.
«Pas de solution miracle»
Une table ronde qui compte donc pour beurre? Pour Frank Zobel, directeur adjoint d’Addiction Suisse, ces moments permettent d'échanger sur des solutions entre les différents acteurs concernés. Mais «il n'existe pas de solution miracle», nuance-t-il sur la RTS.
Le spécialiste rappelle que de nombreuses mesures sont déjà en place dans le canton de Vaud. Elles ne suffisent toutefois pas à inverser la tendance: si elles peuvent déranger le marché, elles ne le font en aucun cas disparaître.
Hausse de la pureté, baisse des prix
Et pour cause, le marché de la cocaïne explose: près de 3000 tonnes de cocaïne ont été produites en 2022 (+20% par rapport à 2021), selon l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Et si la production de coke continue de foisonner, c'est qu'elle génère des bénéfices hors normes: un produit qui vaut 1000 francs à la sortie de la production, en vaudrait 150'000 dans les rues de Lausanne.
Sur ces dernières années, la pureté de la poudre blanche a plus que doublé en Suisse, alors que le prix a baissé pour atteindre une moyenne de 89 francs le gramme, selon Addiction Suisse. «Aujourd’hui à Lausanne, une dose de cocaïne coûte 10 francs», précise Frank Zobel à «La Matinale». Une situation paradoxale qui s'explique par la suroffre et une surproduction. En gros, plus besoin de couper la substance avec d'autres. Les prix sont bradés pour trouver des consommateurs.
Cette hyperaccessibilité n’implique pas nécessairement plus de consommateurs, nuance Frank Zobel, mais une consommation plus fréquente chez les usagers réguliers. Pour répondre à ce problème, la question de la dépénalisation agite toujours le débat.