Les experts sont clairs. La consommation de réseaux sociaux serait aussi dangereuse que l’alcool. Les plateformes seraient conçues pour créer une dépendance. Interdire leur usage aux jeunes serait donc une mesure sensée, d’autant que l’alcool et le tabac sont déjà réglementés.
Cette position a déjà trouvé un écho dans plusieurs pays. En Australie, les moins de 16 ans n’ont plus accès à Snapchat, Instagram, TikTok, Facebook et autres. La Grande-Bretagne et les Pays-Bas prévoient aussi d’introduire une limite d’âge. En Norvège, le seuil devrait être fixé à 15 ans.
67'000 signatures pour des mesures en Suisse
La Suisse pourrait bientôt suivre ce mouvement. Jeudi, une pétition a été remise à la ministre de la Santé Elisabeth Baume-Schneider. Elle a récolté environ 67'000 signatures. Les auteurs réclament une limite d’âge à partir de 16 ans, un contrôle obligatoire de l’âge par les plateformes et une stratégie nationale de prévention dans les écoles.
Chez les jeunes, le temps passé devant les écrans ne cesse d’augmenter. Même de nombreux adultes peinent à utiliser correctement les réseaux sociaux. «Mais pour les enfants, c’est une surcharge», expliquait déjà la conseillère nationale UDC Nina Fehr Düsel à Blick lors du lancement de la pétition en ligne. Beaucoup de parents tentent de fixer des limites, mais celles-ci sont facilement contournées.
«Nous ne pouvons plus les ignorer»
Des études montrent que les réseaux sociaux augmentent le risque de dépression et même de pensées suicidaires de près de 70%, en particulier chez les filles. «Nos enfants grandissent dans un monde où les likes, les filtres et les comparaisons constantes façonnent leur image d’eux-mêmes, souvent avant même qu’ils aient appris à se connaître eux-même», déplorent les pétitionnaires. Cette pression permanente conduit de nombreux jeunes à une crise silencieuse «que nous ne pouvons plus ignorer».
Le Conseil fédéral se dit attentif à ces préoccupations. Il veut examiner comment protéger les enfants et les adolescents des effets négatifs des réseaux sociaux. C’est ce qui ressort de ses réponses aux interventions de la conseillère aux Etats Maya Graf, élue des Verts, et de l’ancienne conseillère aux Etats Céline Vara (Vert-e-s).
Reste la question de la mise en œuvre. En Australie, l’interdiction s’est révélée compliquée à appliquer lorsque les jeunes indiquent un âge erroné. En Suisse, un contrôle pourrait à l’avenir passer par l’E-ID, sur laquelle le peuple se prononcera le 28 septembre.