Les avancées grâce au Pacte mondial des réfugiés sont «réelles» mais «insuffisantes» et «inégalement réparties». Au début d'une réunion de suivi lundi à Genève, le conseiller fédéral Ignazio Cassis a souhaité davantage d'aide aux personnes et non aux «structures».
Il faut «réduire la bureaucratie» et «renforcer le rôle des acteurs locaux», a dit le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) devant des milliers de participants. Pour la communauté internationale, l'objectif doit être d'aboutir à terme à une émancipation économique des réfugiés, selon lui.
Il a rendu un vibrant hommage à «l'engagement inlassable» de l'Italien Filippo Grandi qui quittera fin décembre son poste après dix ans à la tête du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Et il a promis également son soutien au successeur désigné, l'ancien président irakien Barham Saleh.
Les tensions politiques actuelles rendent la situation des déplacements dans le monde «plus complexe», a ajouté le conseiller fédéral. Notamment sur le lien entre protection des réfugiés et migration économique. En Occident, «nous peinons» à mener des discussions «responsables» sur cette question, admet le conseiller fédéral. Il souhaite que la réunion prévue jusqu'à mercredi à Genève donne une feuille de route avant le prochain Forum mondial des réfugiés en 2027. La Suisse va elle continuer à donner 300 millions de francs par an.
Grandi à l'offensive
De son côté, Filippo Grandi a dénoncé les «attaques répétées» contre la Convention de 1951 sur les réfugiés cette année dans le monde. Il a déploré «une tempête après l'autre». Mais, demandant de préserver le partage de responsabilités entre Etats, il a promis que la communauté internationale continuerait à oeuvrer pour faire preuve de solidarité, en s'appuyant sur le Pacte mondial.
Après Grandi, Barham Saleh va piloter une agence onusienne qui fait face à de nombreuses difficultés, après les coupes américaines et d'autres pays. Quelque 5'000 postes ont été biffés. Des effets ont été observés dans 185 bureaux du HCR dans le monde. Et l'enveloppe financière a été ramenée à 8,5 milliards de dollars pour 2026, en recul de près de 20% par rapport à cette année.
Récemment, les donateurs ont promis une première aide de 1,5 milliard de dollars pour l'alimenter. Mais les coupes ont eu des conséquences sur un certain nombre de dispositifs pour les réfugiés.
Milliers d'engagements récents
Dans un rapport publié lundi, des organisations de réfugiés elles-mêmes déplorent le manque de soutien dont elles font preuve. Elles demandent aux autorités et aux donateurs d'éliminer les barrières financières et légales pour que les engagements des acteurs locaux puissent être appliqués.
Des centaines de réfugiés doivent s'exprimer lors de la réunion prévue jusqu'à mercredi à Genève, dont près de 130 ont été soutenus par la Suisse pour leur participation. Plusieurs milliers de personnes sont attendues pour évaluer les avancées sur le Pacte. Outre les Etats et les réfugiés, le monde académique et le secteur privé sont notamment représentés.
Ces dernières d'années, dix Etats ont approuvé des législations pour permettre aux réfugiés de travailler. Depuis 2019, plus de 3400 promesses ont été lancées dans le cadre du Pacte mondial, portées par plus de 1300 acteurs, sur des questions d'emploi à celles des finances en passant par le lien avec les communautés nationales. Au total, deux tiers d'entre elles ont été menées ou ont au moins démarré. La plupart des réfugiés sont accueillis dans des pays du sud.