Pour la gérance, tout est normal
Locataires impuissants face à leur immeuble luxueux rongé par l'humidité

Les locataires d'un immeuble de luxe à Rapperswil (SG) tombent des nues. Ils sont confrontés à des moisissures sur de grandes surfaces et la gérance ne réagit pas.
Publié: 10:49 heures
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Le nouveau lotissement à Rapperswil est habité depuis octobre 2024.
Photo: zVg
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Dorothea Vollenweider

Le nouveau lotissement s'appelle «Harmonie» et il jouit d'un emplacement de rêve. Les cinq immeubles de luxe se trouvent sur la rive du lac de Zurich à Busskirch, un quartier extérieur de Rapperswil. Les appartements à louer sont équipés de manière raffinée: système smart home, appareils V-ZUG, robinet Quooker dans la cuisine et sols en parquet de chêne.

Mais pour les habitants du lotissement, la somptueuse façade a commencé à s'effriter – et ça peu après l'emménagement fin octobre 2024. Il n'y a plus aucune trace d'harmonie. Blick a rencontré plusieurs locataires qui font état d'épouvantables défauts dans les immeubles.

Pourtant, un appartement de 2,5 pièces coûte entre 2000 et 2980 francs de loyer – charges comprises. C'est nettement supérieur aux loyers du marché de la région. Selon l'évaluateur immobilier Realadvisor, on paie en moyenne 1600 francs de loyer pour 2,5 pièces à Rapperswil.

Premiers ennuis lors de l'emménagement

Lena D.* et Andrea M.* font partie des locataires qui ont contacté Blick. Toutes deux ont emménagé très tôt dans l'un des appartements du même bloc du lotissement de luxe dont Blick parlait déjà il y a un an. A l'époque, ce lotissement proposé par l'agence immobilière de luxe Ginesta Immobilien, avait fait la une des journaux. Les nouveaux bâtiments, très coûteux, étaient restés longtemps vides malgré la pénurie générale de logements.

Lena et Andrea ont emménagé dans un appartement de 2,5 pièces. Elles souhaitent rester anonymes. Dès la remise des clés, Andrea se montre sceptique: l'appartement était sale. «On voyait partout les traces de chaussures des ouvriers», dit-elle. Dans la salle de bain, elle a encore dû nettoyer des restes de matériaux de construction et de la saleté.

Mais la situation est encore pire.

Un plafond qui se courbe

Andrea ne tarde pas non plus à remarquer les premiers défauts. D'abord, le chauffage ne fonctionne pas. Puis elle remarque des bulles d'air et des bosses dans le plâtre du plafond de son appartement. «Nous avions un taux d'humidité élevé dans les pièces», raconte-t-elle, «même les vêtements dans l'armoire semblaient humides».

Elle signale immédiatement les problèmes à sa gérance – Wincasa — et place un déshumidificateur dans l'appartement. «Il a retiré 30 litres d'eau de l'air en une semaine», dit-elle. C'est énorme.

D'autres locataires ont également eu des problèmes d'humidité. Ils les ont aussi signalés à la gérance. Mais Wincasa n'a pas réagi. Les habitants doivent aérer davantage, s'est-on contenté de leur dire. Une drôle de réponse quand on sait que les immeubles sont conformes au standard Minergie. En règle générale, cette distinction signifie que les fenêtres des chambres doivent rester fermées.

Tout moisit dans la cave

En juillet, nouveau choc. La cave est envahie par la moisissure sur une grande surface. Sur les murs, les sols, les armoires – il y a partout une couche aux reflets verdâtres. Les locataires mesurent ici aussi l'humidité de l'air: l'appareil de mesure indique 80% d'humidité ambiante.

Les compartiments de la cave d'au moins cinq locataires de cet immeuble sont concernés. Leurs vêtements, leur équipement de ski, leurs livres et leurs tableaux y étaient entreposés. Tout est envahi par la moisissure, comme le montrent les photos. «Les étagères en bois dans notre compartiment de cave sont vivantes!», dit Andrea. Elle estime les dégâts dans sa seule cave à 3000 francs et Lena à plus de 5000 francs.

Les personnes concernées s'adressent à nouveau à l'administration. Cette fois encore, ils reçoivent une réponse standard: il faut aérer davantage. «Mais il n'y a pas de fenêtres dans la cave, nous ne pouvons pas aérer», dit Lena D..

La frustration et la colère s'installent parmi les habitants du luxueux lotissement. Encore aujourd'hui, la cave continue à moisir. Et elle n'est pas utilisable par les locataires. «Personne n'est jamais passé – ni un concierge, ni quelqu'un de Wincasa, ni un maître d'ouvrage» dit Lena.

Wincasa, tout est normal

Interrogé par Blick, Wincasa affirme que les bulles et les bosses dans le crépi dont se plaignent les locataires ont été examinées par l'entreprise de construction responsable, photos à l'appui. «Il ne s'agit pas de dégâts dus à l'humidité, mais de la structure habituelle du matériau», précise la gérance. De plus, des mesures effectuées dans la cage d'escalier et dans les caves auraient montré que les valeurs d'humidité se situaient dans la norme.

«Dans les nouvelles constructions, il est normal qu'il y ait une humidité élevée au cours des premières années», explique Wincasa. Les locataires en ont été informés lors de la remise des clés et dans le contrat de location. Et d'ajouter: «Une aération régulière favorise le processus d'assèchement nécessaire».

L'un des ménages a entre-temps saisi l'autorité de conciliation et a obtenu une réduction de loyer. Désormais, les autres personnes concernées veulent également se défendre.

* Noms modifiés

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