«Va te faire foutre, la Suisse»
L'inventeur de la trottinette moderne s’en prend à l’initiative sur les successions

Wim Ouboter, inventeur de la trottinette Micro, craint que l’initiative des Jeunes Socialistes sur les successions n’oblige ses fils à vendre l’entreprise. La famille a déjà investi 70 millions dans sa mini-voiture électrique Microlino, encore déficitaire.
Publié: 24.10.2025 à 12:14 heures
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Dernière mise à jour: 24.10.2025 à 12:30 heures
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Le fondateur de Micro, Wim Ouboter et son fils Oliver devant leur voiture électrique Microlino.
Photo: Thomas Meier
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Joschka Schaffner et Thomas Meier

Le berceau de la trottinette se trouve à Küsnacht (ZH). C'est ici, dans une ancienne maison près de la gare, que la famille Ouboter s'est installée il y a des décennies déjà. «C'est dans ces locaux que j'ai été conçu», raconte Wim Ouboter. Peu de temps après, le doux foyer s'est transformé en bureau, où le père de Wim travaillait avec des machines textiles.

Aujourd'hui, la succession familiale du roi de la trottinette serait menacée par un projet bien précis. «'L'initiative pour l’avenir' des Jeunes Socialistes nous toucherait doublement, déclare Wim Ouboter. Si elle passe en l'état, mes fils devront vendre l'entreprise.» Pourtant, il n'est pas opposé à un impôt sur les successions.

Un investissement de plusieurs millions

C'est au milieu des années 1990 que Wim Ouboter crée la version moderne de la trottinette – la micro –, en aluminium, pliable et légère. «Je cherchais quelque chose de trois fois plus rapide que la marche», dit-il. Quelque temps plus tard, il fonde la société Micro Mobility Systems AG. Depuis, l'entreprise familiale distribue ses trottinettes dans le monde entier.

Son fils, Oliver Ouboter, est assis à côté de lui. Avec son frère Merlin, le trentenaire a créé de toutes pièces le projet Microlino: une petite voiture électrique pour deux personnes, fabriquée en Italie. Avec leur père, ils ont déjà investi environ 70 millions de francs dans ce projet. «La fortune de la famille», confie Wim Ouboter.

«
Mon but, c’est avant tout de vendre des voitures
Wim Ouboter, inventeur de la trottinette Micro
»

Un projet que l'«initiative pour l'avenir» viendrait contrarier, car les successions et les donations de plus de 50 millions de francs devraient alors revenir pour moitié à l'Etat. L'initiative sera soumise au peuple le 30 novembre. Tout comme plusieurs associations économiques, Wim et Oliver Ouboter ont, eux aussi, tiré à boulets rouges sur le projet lors d'une conférence de presse de l'association faîtière Economiesuisse.

Ils ne cherchent qu'à attirer l'attention?

Dans les PME familiales, beaucoup d'argent, qui compte comme fortune, est directement lié à l'entreprise. Pour payer l'impôt, la relève n'aurait donc pas d'autre choix que de vendre la majorité des parts – très probablement à l'étranger. Si cela devait arriver, la conclusion serait claire pour Wim Obouter: «Je dirais alors tout simplement: 'Va te faire foutre, la Suisse', si c'est ma récompense pour avoir engagé des gens et payé des impôts.» Cet Hollandais d'origine ne mâche pas ses mots. 

Selon lui, les Jeunes Socialistes cherchent surtout un coup d’éclat médiatique. Un objectif qu’il reconnaît partager: «Mon but, c’est avant tout de vendre des voitures», admet le fondateur de Micro.

L’activité liée à la mini-voiture reste déficitaire. Les prises de position publiques font donc office de publicité, et l’initiative des Jeunes Socialistes offre un tremplin idéal. Le choix de rester en dehors des associations économiques est assumé: «Elles se soucient du climat autant que la Confédération», critique Wim Obouter.

«Mais nous ne sommes pas fondamentalement contre l'impôt sur les successions», précise son fils Oliver. «Hériter est toujours un revenu sans prestation. Au lieu de s'appliquer à partir de 50 millions de francs, il devrait tout de même intervenir dès 5 millions. Et au lieu de 50%, ce devrait être 5 ou 10%. Ce serait la solution durable!»

«Personne ne veut nous soutenir»

La gauche comme adversaire, l’Etat et les conservateurs comme freins — les Ouboter ne craignent pas de bousculer les gens. Selon eux, la Jeunesse Socialiste ferait mieux de s’attaquer à la prolifération des SUV en ville, tandis que le ministre de l’Environnement, Albert Rösti, devrait enfin accorder à la Microlino l’accès aux certificats CO₂. «D’une certaine manière, nous sommes à un croisement, résume Oliver Ouboter. Tout le monde trouve notre idée sympathique, mais personne ne veut vraiment nous soutenir.»

Aujourd’hui, le petit véhicule biplace est bien classé comme voiture de tourisme pour le dédouanement, mais pas pour les certificats CO₂. «Nous sommes systématiquement désavantagés, déplore Wim Ouboter. Tant que Monsieur Rösti dirigera l’Environnement, rien ne changera.» Déterminé à faire bouger les lignes, il compte désormais porter l’affaire devant le Tribunal fédéral afin de pousser le Conseil fédéral à revoir sa position. «Je le fais par principe», affirme-t-il.

Le règlement de la succession reste pour l'heure en suspens. Pour éviter que la Microlino ne s’essouffle, la famille Ouboter envisage de dissocier la mini-voiture de l’activité commerciale des trottinettes. «Nous cherchons encore des investisseurs», précise Wim Ouboter. Reste à voir si le petit véhicule électrique tiendra le coup avant qu’un éventuel soutien du Conseil fédéral ne vienne le relancer.

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