Les paris sont ouverts
À quelle sauce seront mangés les employés de Credit Suisse? Voici les scenarios

A l'occasion d'une conférence de presse ce jeudi, l'UBS a présenté pour la première fois ses chiffres trimestriels après le rachat de CS. Mais une question est déjà sur toutes les lèvres: qu'en sera-t-il du personnel après avoir intégré sa rivale? Blick fait le point.
Publié: 30.08.2023 à 21:12 heures
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Dernière mise à jour: 31.08.2023 à 08:14 heures
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Jeudi, l'UBS lèvera le voile sur ses résultats du deuxième trimestre.
Photo: Keystone
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Christian Kolbe et Martin Schmidt

La conférence de presse de l'UBS ce jeudi a fait de grosses révélations: Le géant bancaire a choisi d'«intégrer totalement» sa rivale Credit Suisse. L'enseigne va donc disparaître, mais sans dévoiler dans l'immédiat ses conséquences pour l'emploi.

Quels sont les scénarios possibles pour les employés? Blick fait le point.

Quels sont les emplois les plus menacés?

Principalement les emplois dans le back-office – c'est là que travaillent de nombreux employés, notamment en Suisse. Le nouvel UBS n'a en effet pas besoin de deux services IT, financier, de contrôle de gestion, opérationnel ou RH. Certains experts estiment donc qu'environ un cinquième des emplois supprimés pourraient l'être chez l'UBS.

Mais l'UBS augmente aussi la pression sur le personnel de CS, où les licenciements devraient également pleuvoir. Il y aurait certes de nouvelles opportunités pour certains employés de CS, mais à de moins bonnes conditions ou avec moins de responsabilités, comme l'écrit la «Handelszeitung». De telles offres sont par ailleurs considérées comme des cadeaux empoisonnés, car ceux qui ne les accepteraient pas mettraient de facto fin à leur contrat de travail.

Après le rachat de CS, l'UBS employait 120'000 personnes. Les rumeurs vont désormais bon train: après les suppressions d'emplois, les effectifs devraient ainsi tomber en dessous de 90'000. Rien qu'en Suisse, 10'000 postes risquent d'être supprimés – dont la majeure partie à Zurich.

Les employés sauront-ils dès jeudi si leur emploi est sauvé?

Probablement pas. Il se pourrait même que l'UBS ne communique aucun chiffre précis sur l'ampleur des suppressions d'emplois. Et il faudra peut-être encore des semaines avant que tous les employés de CS sachent ce qu'il adviendra de leur vie professionnelle.

Néanmoins, l'UBS veillera sans doute à éviter une trop grosse fuite de cerveaux. En effet, «c'est une occasion unique pour d'autres banques d'agrandir leurs équipes en récupérant des spécialistes qui n'étaient pas sur le marché du travail auparavant», explique Jonas Neff, chasseur de têtes pour la société Biermann Neff, spécialisée dans la place financière.

Quelle est l'ambiance chez CS?

Délétère. Un mélange de fatalisme et de désenchantement plâne en effet au sein des deux banques: «La situation est extrêmement pesante pour beaucoup de gens», déclare Jonas Neff. «J'espère que les dirigeants prendront les devants. Car même en cas de licenciement, il est toujours préférable d'être clair.»

Problème: la direction de CS ne fournirait aucune information à ses employés. Un climat de suspicion pousserait certains d'entre eux à se méfier de leurs collègues et de leurs concurrents potentiels venus de CS.

Certains collaborateurs ont même déjà pris les choses en main et se sont mis à la recherche d'un emploi: «De nombreux employés de CS nous contactent déjà d'eux-mêmes. Je n'ai jamais vu ça», explique Jonas Neff.

Sergio Ermotti a d'ailleurs confirmé l'été dernier qu'une vague de démission avait lieu au sein de Credit Suisse. Plus de 10'000 employés auraient quitté la banque de leur propre initiative, rapportait le «Financial Times» à la mi-août.

Y aura-t-il un CS indépendant?

Le CEO de l'UBS Sergio Ermotti s'est déjà exprimé à plusieurs reprises dans ce sens: actuellement, tout laisse à penser que CS sera entièrement intégré à l'UBS. Le logo de CS devrait donc disparaître en Suisse plus rapidement que prévu.

Le besoin d'investissement est énorme, car les activités suisses de CS ont nettement perdu de leur substance. La banque ne disposerait plus de la solide gestion de fortune internationale qui lui a donné les moyens financiers nécessaires pour séduire une clientèle d'entreprises très gourmandes en capitaux.

Quelles sont les opportunités d'affaires de la nouvelle mégabanque?

En cas d'intégration réussie de Credit Suisse, l'UBS disposera d'un solide potentiel de croissance. Si la nouvelle mégabanque parvient à intégrer une grande partie de la clientèle d'entreprises et de la gestion de fortune de CS, elle pourrait faire exploser son chiffre d'affaires. Or c'est justement dans la gestion de fortune que l'UBS se positionne déjà comme le numéro un mondial et pourrait ainsi consolider son avance. Avec les perspectives de bénéfices qui vont avec.

Quels sont les risques liés à l'intégration de CS?

L'intégration de Credit Suisse demande à l'UBS des ressources en personnel considérables, et prend du temps. Une intégration réussie devrait durer des années, ce qui a un coût.

L'année dernière encore, le rapport entre les coûts et les revenus de l'UBS s'élevait à 72,1%. A l'époque, l'UBS se situait tout juste dans la fourchette cible de 70 à 73%. Mais dès le premier trimestre 2023, le rapport est passé à 82,5%.

Si l'UBS ne parvient pas à réduire ces coûts de manière significative au cours des prochaines années, l'intégration sera un échec.

Quels devraient être les résultats présentés par l'UBS?

On peut s'attendre à ce que l'UBS présente un bénéfice à deux chiffres, en milliards. Outre ses propres activités extrêmement solides, ces bons résultats sont dûs avant tout à l'acquisition de CS.

Selon certaines estimations, la transaction devrait générer un bénéfice d'environ 35 milliards de dollars, composé des fonds propres de Credit Suisse ainsi que des 16 milliards de dollars d'obligations AT1, qui ont été amorties à zéro dans le cadre de la reprise.

Ce bénéfice comptable doit toutefois tenir compte du prix d'achat de CS – 3 milliards de francs – ainsi que des amortissements importants sur les actifs de CS, probablement de l'ordre de dizaines de milliards. Credit Suisse aurait par ailleurs accumulé une perte de 3,5 milliards de francs au deuxième trimestre, comme l'écrit la «Sonntagszeitung» en se référant aux analyses de certains experts.

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