Les deux cuisinières vedettes Vilai et Virat Kanjan, des jumelles âgées de 60 ans, ont dû quitter le Bürgenstock Resort après avoir échoué à trois reprises à un test d’allemand. Les autorités nidwaldiennes exigeaient un niveau A2 – correspondant à des connaissances de base – pour prolonger leur permis de séjour.
Cette décision soulève une question: tous les travailleurs étrangers en Suisse sont-ils jugés avec la même rigueur lorsqu’il s’agit de leurs compétences linguistiques?
Des personnes dispensées de test
Quiconque se rend à Zurich, Zoug ou Genève le remarque assez rapidement: de nombreux étrangers ne maîtrisent aucune des quatre langues nationales. Dans les entreprises internationales, l’anglais s’impose souvent comme langue de travail.
Selon le pays d’origine, la pression pour apprendre une langue nationale reste faible. Les personnes issues de l’Union européenne ou de l’AELE, bénéficiant de la libre circulation, n’ont d’ailleurs pas à passer de test linguistique pour obtenir un permis de séjour.
Le cas des spécialistes bancaires
La Suisse a durci les exigences linguistiques pour les expatriés de pays tiers il y a un peu plus de cinq ans. Il est toutefois frappant de constater que tous ne sont pas égaux face à la loi sur les étrangers et l’intégration.
Les banquiers américains ou britanniques, également soumis aux contingents des pays tiers, bénéficient souvent d’un traitement plus souple que les cuisiniers, par exemple. Pour ces cadres, de bonnes connaissances en anglais suffisent. Les experts en informatique, les conseillers, les chercheurs ou encore les spécialistes de la cryptomonnaie profitent du même régime.
Les professionnels considérés comme hautement qualifiés dans des domaines spécialisés échappent donc souvent à ces tests linguistiques. «Lors de l’octroi d’une autorisation de séjour à des cadres et à des spécialistes dans un environnement international, il est possible de renoncer à l’examen des connaissances d’une langue nationale», confirme la Direction de l’économie publique du canton de Zurich.
Ce que dit le canton de Nidwald
Alors que la prolongation du permis de séjour n’est qu’une formalité pour un banquier ou une ingénieure informatique, elle peut se transformer en obstacle pour d’autres professionnels, comme les deux cuisinières. «Une preuve de langue reconnue est toujours exigée lorsque l’intégration linguistique est examinée dans le cadre d’une procédure d’autorisation», précise le canton de Nidwald.
Les autorités affirment se conformer au droit fédéral, tout en reconnaissant une certaine marge de manœuvre pour les cantons. Les permis de séjour accordés aux ressortissants de pays tiers sont en outre contingentés et ne représentent qu’une poignée d’autorisations dans le petit canton de Suisse centrale.