Le PLR Thierry Burkart tacle les «populistes sociaux»
«Nous sommes le dernier parti à défendre ceux qui se lèvent chaque matin pour aller travailler»

Thierry Burkart, président du PLR, critique vivement le PS, Le Centre et l’UDC. Selon lui, leurs promesses électorales irréalistes font grimper les coûts et pénalisent les travailleurs. Interview.
Publié: 11:02 heures
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Dernière mise à jour: 11:10 heures
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Thierry Burkart en a assez: il combattra toute nouvelle hausse d'impôts.
Photo: Samuel Schalch
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Rolf Cavalli

Le président du PLR, Thierry Burkart, présentera ce samedi un plan économique en neuf points à ses délégués. Blick l’a rencontré en amont.

Vous faites campagne pour des électeurs «qui mettent le réveil et vont travailler». Le PLR devient-il le parti des travailleurs?
Nous sommes effectivement le dernier parti à défendre encore ceux qui se lèvent chaque matin pour aller travailler. Ce sont eux qui font tourner la société. A l’inverse, le PS semble surtout représenter ceux qui préfèrent vivre des aides de l’Etat plutôt que de s’engager professionnellement.

Le PS se bat pourtant pour le pouvoir d'achat des petits salaires.
C’est tout le contraire. Regardez leurs votes au Parlement, souvent soutenus par Le Centre. Ils veulent sans cesse augmenter les charges salariales et la TVA. Résultat: à la fin du mois, il reste moins d’argent et la vie coûte plus cher. Leurs exigences pèsent sur ceux qui travaillent dur, sans réelle marge de manœuvre. Je peux vous donner des exemples?

Volontiers.
La 13e rente AVS: 5 milliards de francs. L'allègement des primes maladie: 4,5 milliards. L’initiative pour un fonds climatique: 7,7 milliards. L’accueil extra-familial: 770 millions. Tout cela doit être financé. Et qui paie? Ceux qui travaillent.

Mais la 13e rente AVS a été acceptée par le peuple. Les autres projets ont été rejetés.
C’est vrai. Mais le PS a menti pendant la campagne en affirmant que l’argent était déjà là. Beaucoup de ces projets de plusieurs milliards sont encore en discussion. Je pourrais allonger la liste sans difficulté. Ce que nous observons chaque jour à Berne, ce sont des promesses irréalistes de la part des populistes sociaux du PS, du Centre, et même de plus en plus de l’UDC, et pas seulement sur la question de la 13e rente.

Pourquoi l'UDC aussi?
Parce qu'elle n'ose plus dire à ses électeurs la vérité qui dérange. A savoir que chaque franc doit d'abord être gagné avant de pouvoir être distribué. Et parce que l'UDC participe à des mesures qui augmentent les impôts et entravent le libre-échange.

Dans quelle mesure l'UDC entrave-t-elle le libre-échange?
Elle veut soumettre les investissements étrangers à un contrôle bureaucratique. Et elle a paralysé notre industrie de l'armement pendant des années. Ce sont les classes moyennes et les PME qui en paient le prix.

Vous présenterez un plan en neuf points à l'assemblée des délégués de samedi. Quel en sera l'élément central?
Pas de nouveaux impôts, une meilleure incitation au travail, le gel des effectifs de l'Etat. Et le maintien d'un écart suffisant entre le salaire et l'aide sociale.

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La plupart des personnes vivant dans la pauvreté n’ont pas d’activité professionnelle. Il faut d’abord renforcer les incitations à la réinsertion, plutôt que rendre l’aide sociale plus confortable.
Thierry Burkart, président du PLR
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Alors pourquoi rejetez-vous le salaire minimum?
Parce que cela détruit des emplois sans résoudre le problème. La plupart des personnes vivant dans la pauvreté n’ont pas d’activité professionnelle. Il faut d’abord renforcer les incitations à la réinsertion, plutôt que rendre l’aide sociale plus confortable. Malheureusement, on voit une tendance inquiétante: on passe d’une aide d’urgence à une assurance tous risques.

Voulez-vous démanteler l'Etat social?
Non. Mais nous nous opposons à toute nouvelle extension. Chaque élargissement coûte de l’argent et nous avons atteint un seuil critique. Nous refuserons toute charge supplémentaire sur les salaires, de même que toute hausse d’impôts.

Cela a toujours été la ligne du PLR. Qu'est-ce qui est nouveau?
Il n'y a pas besoin d'une nouvelle ligne! Le PLR doit rappeler aux autres partis les principes libéraux qui ont fait leurs preuves. Malheureusement, un nouvel impôt menace déjà.

Lequel?
Il existe des projets visant à taxer davantage la prévoyance professionnelle, c'est-à-dire le 2e pilier, voire à la supprimer progressivement. Mercredi, le Conseil fédéral a décidé de taxer la prévoyance. Si le Parlement suit, nous lancerons un référendum.

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Un quart des personnes actives travaille désormais pour les pouvoirs publics ou les entreprises proches de l'Etat, ce qui représente plus d'un million de personnes.
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Vous voulez également faire des économies au niveau du personnel de l'Etat. Quel est le potentiel?
Enorme. Un quart des personnes actives travaille désormais pour les pouvoirs publics ou les entreprises proches de l'Etat, ce qui représente plus d'un million de personnes. Chaque année, la Confédération crée 450 nouveaux postes sans en supprimer. Les salaires y sont en moyenne d'environ 14% plus élevés que dans le privé.

Comment voulez-vous alléger le rôle des fonctionnaires?
Par la numérisation, des processus plus efficaces et une meilleure planification. Comme dans toute PME. C’est pourquoi je demande un gel des effectifs fédéraux. Toute nouvelle tâche doit être absorbée par une redistribution des ressources existantes.

On ne trouve rien sur l’accord avec l’UE dans votre plan économique: Vous évitez le sujet?
Pas du tout. Nous affirmons clairement notre attachement à la voie bilatérale, qui a apporté prospérité et stabilité à notre pays. Une rupture, comme le propose l’UDC avec son initiative de résiliation (ndlr: initiative contre la Suisse à 10 millions), serait une grave erreur, surtout face au risque d’une hausse de la migration illégale. Notre position sur le nouvel accord sera décidée en octobre lors de notre assemblée.

Entre-temps, avez-vous lu le contenu de l'accord?
Je suis en train de le lire. Je veux prendre le temps d’analyser en détail les annexes, notamment sur l’électricité, les transports ou les clauses de sauvegarde. Je suis avocat, je préfère me prononcer en connaissance de cause.

La Confédération prévoit jusqu'à 5% de perte de PIB en cas de rejet. Pour un parti économique, le choix semble évident, non?
Les deux options ont un coût, l'acceptation comme le rejet. Il faut évaluer ce qui garantit, à long terme, la prospérité des citoyens et des PME. C’est une vraie balance des intérêts. Et ensuite seulement, on pourra trancher.

Et si l'accord s'avère économiquement pertinent, mais démocratiquement douteux?
La démocratie reste un critère fondamental. On ne peut pas tout mesurer en francs. L’économie est un outil au service de la qualité de vie, pas une finalité en soi.

Revenons à votre slogan «mettre le réveil et aller travailler». Une pique à l’initiative sur les successions? Les héritiers n’auraient pas besoin de se lever pour aller travailler, eux.
La fortune est déjà imposée plusieurs fois. Un impôt supplémentaire sur les successions frapperait en premier lieu les entreprises familiales, qui créent des emplois stables. Le Conseil fédéral estime à 3,5 milliards les pertes fiscales si ces entreprises disparaissent à cause de nouvelles charges. Il faudrait compenser par d’autres impôts, encore une fois au détriment de ceux qui travaillent. C’est un boomerang classique de la gauche.

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