La SSR peut-elle souffler?
Les cantons rejettent l'initiative sur la redevance

Les cantons ne sont pas favorables à la baisse de la redevance, qui vise à réduire de moitié le financement de la SSR. Ils insistent sur l'importance du service public dans la cohésion nationale et la lutte contre la désinformation.
Une baisse de la redevance mettrait en péril le mandat de service public de la SSR.
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ATS Agence télégraphique suisse

Les cantons rejettent l'initiative visant à réduire de moitié le financement de la SSR. Une baisse de la redevance à 200 francs par ménage mettrait en péril le mandat de service public de la SSR dans les régions et affaiblirait la formation démocratique de l'opinion.

Le service public régional de la SSR est d'une grande importance pour l'information politique et la formation de l'opinion dans les cantons, a souligné vendredi la Conférence des gouvernements cantonaux (CdC). C'est précisément dans les différentes régions linguistiques, ainsi que dans les régions de montagne et de campagne, confrontées à un appauvrissement de la couverture médiatique, que la SSR joue un rôle central à cet égard.

Lutte contre la désinformation

Les médias de service public jouent aussi un rôle central dans la lutte contre les fausses informations sur les réseaux sociaux. Elle propose des informations vérifiées dans toutes les régions et pour tous les groupes d'âge.

L'organisation décentralisée de la SSR, avec ses sept sites principaux et ses 17 studios régionaux, est par ailleurs importante pour une couverture médiatique ancrée dans les régions et pour la cohésion nationale de la Suisse en tant que nation issue d'une volonté politique commune.

Une passerelle entre les régions linguistiques

La SSR assume à cet égard une fonction de «passerelle entre les régions linguistiques». Elle favorise les échanges et la compréhension mutuelle. En cas de «oui» à l'initiative, la SSR ne pourrait plus remplir cette fonction de manière satisfaisante, estime la CdC.

Les cantons mettent en outre en garde contre les suppressions d'emplois: plus de la moitié des postes à plein temps actuels de la SSR seraient menacés, selon la CdC, ce qui toucherait la Suisse latine de manière disproportionnée. Cela aurait également des répercussions négatives sur la qualité du journalisme dans les régions.

«
La SSR resterait en mesure de fournir une offre de haute qualité à l'ensemble de la population dans toutes les régions linguistiques
Jonas Lüthy, président des jeunes libéraux-radicaux
»

De l'alarmisme selon les initiants

Le président des jeunes libéraux-radicaux Jonas Lüthy, interrogé par Keystone-ATS, estime que la soi-disant coupe sombre dans les régions et les émissions régionales n'est «rien d'autre qu'un alarmisme sans fondement». Même si l'initiative était acceptée, la SSR disposerait toujours d'au moins 850 millions de francs.

«Elle restera ainsi en mesure de fournir une offre de haute qualité à l'ensemble de la population dans toutes les régions linguistiques, et ce d'autant plus que l'initiative stipule expressément que la péréquation financière déjà pratiquée aujourd'hui au sein de la SSR entre les régions linguistiques doit être maintenue afin de continuer à garantir aux minorités linguistiques des programmes de qualité et d'égale valeur», poursuit Jonas Lüthy.

Recentrer le mandat de la SSR

Grâce à l'augmentation constante des recettes de la redevance, la SSR a étendu ses activités bien au-delà du mandat défini dans la concession. Un «oui» à l'initiative l'obligerait à «se recentrer sur la nature même de sa mission de service public», note encore le jeune libéral-radical.

L'initiative «200 francs, ça suffit!» demande une baisse de la redevance radio et télévision pour les ménages de 335 francs actuellement à 200 francs. Les entreprises seraient totalement exonérées de la redevance. Le Parlement recommande le rejet de l'initiative sans contre-projet.

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