Le diktat de l'héritage
Pourquoi la monogamie a pris le dessus dans nos sociétés

Une étude de l'Université de Zurich publiée dans «Pnas» le 29 décembre 2025 révèle que la monogamie s'est imposée dans les sociétés où les ressources étaient rares, pour éviter le partage de l'héritage entre épouses.
La monogamie n'a pas toujours été le modèle dominant (image d'illustration).
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ATS Agence télégraphique suisse

Les conflits autour des successions ont contribué à faire de la monogamie un modèle à succès. L'idée de léguer ses biens et ses terres sans partage a poussé les hommes à restreindre le nombre de leurs épouses. C'est ce qui ressort d'une étude menée par des chercheurs de l'Université de Zurich dans la revue spécialisée «Pnas», et dont les résultats ont été publiés lundi.

Historiquement, la polygamie, qui consiste pour un homme à avoir plusieurs femmes, était le système matrimonial le plus répandu. Il devait permettre aux femmes de partager un homme privilégié avec d'autres afin d'assurer de meilleures conditions de vie à leurs enfants.

La raison pour laquelle la monogamie s'est imposée au fil du temps dans de nombreuses sociétés reste un mystère. Les chercheurs s'attendaient à ce que la polygamie soit plus fréquente dans les communautés agricoles caractérisées par de grandes différences de propriété et de statut social.

Ressources en jeu

Mais finalement, là où les ressources comme les terres agricoles devenaient rares, qu'elles étaient privées et transmissibles par héritage, la monogamie a pris le dessus. L'équipe de l'Uni de Zurich a analysé les données de 186 sociétés à travers le monde pour cette étude.

Selon les chercheurs, les hommes ont réduit le nombre de leurs épouses afin d'éviter le partage de l'héritage et d'assurer un avantage à leur descendance. Ils n'ont en revanche pas pu confirmer une autre théorie selon laquelle la monogamie favoriserait la stabilité sociale.

Cette hypothèse part du principe que la polygamie entraîne un surplus d'hommes célibataires, ce qui favoriserait la violence. La monogamie réduirait donc la concurrence entre les hommes et apporterait un avantage à la société. Les chercheurs n'ont trouvé aucune preuve claire à l'appui de cette hypothèse.

Les résultats de l'étude remettent également en question l'hypothèse selon laquelle la monogamie serait principalement un héritage historique des sociétés européennes. L'analyse montre que la monogamie est apparue plusieurs fois dans les mêmes conditions de pénurie de ressources, indifféremment de la culture ou de la langue de la société.

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