«Ils ne viennent que pour faire une photo!»
Fatigué des randonneurs 2.0, ce gardien d'un Club Alpin Suisse quitte la montagne

Christoph Sager, gardien du refuge du Club Alpin Suisse de Grindelwald, en a assez. Fatigué des randonneurs pique-niquant devant sa cabane et obsédés par Instagram, il arrête tout. Lui et sa femme Sarah quitteront la montagne en 2026.
Publié: 29.10.2025 à 11:25 heures
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Dernière mise à jour: 29.10.2025 à 16:50 heures
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La cabane de Christoph Sager est située à 2317 mètres d'altitude au-dessus de Grindelwald (BE).
Photo: DR
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Patrik Berger

Il a un lieu de travail de rêve à 2317 mètres d'altitude, il est son propre chef, et pourtant, il est insatisfait et malheureux. Christoph Sager dirige avec sa femme Sarah le Club Alpin Suisse (CAS) de Grindelwald, dans le canton de Berne. Dans le dernier épisode de la série «Hüttengeschichten» de la SRF, il apparait très ému. Il peste contre les randonneurs qui consomment directement à côté de sa cabane le repas qu'ils ont apporté au lieu de s'arrêter comme il se doit à la cabane.

«Je me laisse tirer vers le bas par certaines personnes», confie-t-il dans le reportage. «Quand ces randonneurs arrivent ici, ils s'étalent sur la terrasse, dans la cabane ou sur la balançoire et déballent leurs cartons de bières et leur pique-nique acheté plus bas.» Depuis 2004, Christoph Sager a passé chaque été dans cette cabane. Aujourd'hui, il constate que la clientèle a changé. «Les gens ont des souhaits et des exigences de plus en plus élevés.»

«Ils me tapent sur les nerfs»

Au cours de la saison, l'idée de changer de métier a commencé à mûrir. «J'en ai assez des gens, ils me tapent sur les nerfs je rêve d'un alpage avec des chèvres et des vaches». 

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Ils montent chez nous lors d'une belle journée, prennent une photo et redescendent dans la vallée
Christoph Sager, directeur du Club Alpin Suisse (CAS) de Grindelwald
»

C'est certainement lié à l'âge, explique-t-il à la SFR. «Ce public qui ne vit que pour Instagram est incroyablement fatigant! Ils montent chez nous lors d'une belle journée, prennent une photo et redescendent dans la vallée», rapporte le gardien de la cabane. Sa compagne Sarah partage son avis: «On arrête, on abandonne notre vie de gardien de refuge.» L'été prochain sera le dernier. «Nous arrêterons à l'automne 2026», assure-t-elle.

Le couple se réjouit de mettre un terme à cette vie et de faire quelque chose de nouveau. «En réalité, je me réjouis tout particulièrement de passer un été dans la vallée avec les enfants», confie Christoph Sager. Et de ne pas être enchaîné à cet endroit, même s'il est merveilleux.»

La frustration d'autres gardiens

Les exigences accrues d'une nouvelle génération de montagnards créent régulièrement de la frustration en montagne. Fin 2024, la gardienne de la cabane du Muttsee, dans le canton de Glaris, a claqué la porte, frustrée. «Le travail demande une énergie que je n'arrive pas à récupérer», avait-elle déclaré. Elle a surtout eu du mal avec les jeunes hôtes, dont la seule préoccupation était de prendre une jolie photo pour alimenter leurs réseaux sociaux.

Cette nouvelle clientèle est d'ailleurs souvent mal équipée pour s'aventurer dans les Alpes. La gardienne le remarquait à leur équipement insuffisant et à leurs mauvaises chaussures. «Ils ne connaissent pas la différence entre un bistrot dans la vallée et une cabane du Club alpin suisse!»

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