Une lettre incendiaire
Un silence qui dérange? 55 ex-ambassadeurs pressent Cassis de se montrer plus ferme envers Israël

Le ministre suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, fait face à des critiques concernant sa position sur Gaza. 55 anciens diplomates l'appellent à prendre des mesures concrètes, mettant en garde contre un risque de «nettoyage ethnique».
Publié: 01.06.2025 à 10:02 heures
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Dernière mise à jour: 01.06.2025 à 10:36 heures
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Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis doit agir, demandent les ex-ambassadeurs.
Photo: KEYSTONE
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Raphael Rauch

Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis est sous le feu des critiques en raison de son attitude jugée hésitante face à la situation dramatique dans la bande de Gaza. Selon des informations obtenues par Blick, le Conseil fédéral s’est accordé mercredi sur la publication d’un communiqué condamnant les actions menées par le gouvernement israélien à Gaza. Une décision à laquelle Ignazio Cassis n’était visiblement pas préparé: le communiqué n’a ainsi été diffusé que tard dans l’après-midi.

Un risque de «nettoyage ethnique»

Mais ce n’est pas tout. Dans une lettre ouverte adressée au ministre, 55 anciens diplomates du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) appellent Ignazio Cassis à prendre «des mesures concrètes dans l’esprit des Conventions de Genève et des résolutions de l’ONU». Ils mettent en garde contre un risque de «nettoyage ethnique et de processus génocidaires».

L’appel est explicite: «Les projets d’expulsion de la population civile de Gaza ainsi que la réoccupation militaire du territoire par Israël doivent être immédiatement rejetés. Ces deux actions constituent des violations du droit international et relèvent de formes de nettoyage ethnique et de processus génocidaires, comme l’a établi la Cour internationale de justice (CIJ).»

Les anciens ambassadeurs exhortent également Ignazio Cassis à reconnaître sans attendre l’Etat de Palestine. «La Suisse devrait jouer un rôle actif lors de la conférence internationale de l’ONU prévue à la mi-juin à New York, coprésidée par l’Arabie saoudite et la France, et consacrée à la mise en œuvre concrète de la solution à deux Etats», écrivent-ils.

Ils réclament en outre l’interdiction d’entrée sur le territoire suisse pour les colons israéliens radicaux – déjà sanctionnés par l’Union européenne (UE), mais pas encore par la Suisse. Enfin, ils demandent un «étiquetage clair de l’origine» pour tous les produits provenant des colonies israéliennes jugées illégales au regard du droit international.

Un diplomate PLR se fâche avec Damien Cottier

Parmi les signataires de la lettre ouverte figurent plusieurs anciens ambassadeurs de renom: Tim Guldimann, Paul Seger, Jean-Daniel Ruch, Georges Martin, ainsi que Didier Pfirter, un collègue de parti d'Ignazio Cassis au Parti libéral-radical (PLR). Ce dernier n’a d’ailleurs pas mâché ses mots. La semaine dernière, il s’est publiquement confronté à Damien Cottier, chef du groupe PLR aux Chambres fédérales, sur le réseau LinkedIn. «Je suis reconnaissant de ne plus devoir défendre et justifier cette politique», écrivait Didier Pfirter, en faisant référence à la position de Cassis.

Mais la contestation ne s’arrête pas aux anciens diplomates. Selon les informations de Blick, une autre lettre a été adressée à Ignazio Cassis – cette fois par des membres actuels du DFAE. «En tant que collaborateurs du DFAE qui œuvrent chaque jour à la défense des valeurs humanitaires de la Suisse et des principes inscrits dans sa Constitution, nous vous appelons, en votre qualité de chef du Département, à condamner fermement les opérations indiscriminées de l’armée israélienne à Gaza et en Cisjordanie», peut-on lire dans cette missive.

Le personnel du DFAE appelle également Ignazio Cassis à agir: «Nous vous demandons de prendre les mesures appropriées pour inciter Israël à respecter ses obligations. Votre engagement en faveur du droit international est plus urgent et nécessaire que jamais.»

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