Les députés fribourgeois ont accepté jeudi une motion demandant une interdiction de l’utilisation des téléphones portables et autres appareils électroniques des élèves dans l’enceinte des établissements scolaires. Le vote est survenu contre l'avis du Conseil d'Etat.
La motion des députées centriste Francine Defferrard et PLR Antoinette de Weck a été avalisée par 67 voix contre 35 et 3 abstentions. Elle demande une réglementation «plus stricte et surtout uniforme». La position du Conseil d'Etat, défendue par la ministre de la formation Sylvie Bonvin-Sansonnens, a été minorisée.
Le texte déplorait une interdiction à «géométrie variable et une situation trop hétérogène». «C'est un enjeu de climat scolaire et de protection de la santé et de la jeunesse», a relevé Francine Defferrard, en mentionnant une «distraction permanente», avec des effets négatifs de l'hyperconnectivité connus.
En vigueur depuis 2017
La loi interdit l’utilisation d’appareils électroniques durant le temps scolaire depuis 2017, mais les directions d’école disposent d'une marge de manœuvre. Elles peuvent autoriser leur usage lors des pauses ou décider si tous les téléphones doivent être déposés dans une même boîte ou simplement laissés dans les sacs ou casiers.
L'examen a montré des positions diverses au sein des groupes. Sylvie Bonvin-Sansonnens n'a pas réussi à convaincre de l'inutilité de la motion. «Les bases légales et les mesures visant à interdire les usages des équipements numériques personnels dans les établissements scolaires sont suffisantes aujourd’hui», a-t-elle constaté.
«L’autonomie actuelle donnée à ceux-ci de concrétiser l'interdiction, selon leur réalité et leur expérience, offre une meilleure adéquation aux besoins du terrain qu’une interdiction généralisée», a-t-elle souligné. «Interdire donne une illusion de protection», a dit la députée verte Liliane Galley.
Sensibiliser et prévenir
«Les écoles se saisissent déjà de l’opportunité de développer leurs propres initiatives et bonnes pratiques, notamment en faveur du lien social entre les élèves», a complété la conseillère d'Etat. «Les approches pédagogiques et de sensibilisation soutiennent les mesures de prévention des mésusages numériques au-delà des murs de l’école.»
«Accepter la motion signifie que la problématique se déplacera à la maison», a averti Sylvie Bonvin-Sansonnens. Au-delà, l'exécutif s’était engagé à «communiquer activement et régulièrement» à propos des pratiques en matière de prévention des usages abusifs et des initiatives prises par les écoles pour favoriser le «lien social».
«Les écoles doivent redevenir des lieux d'apprentissage, notamment du vivre ensemble», a indiqué en substance le député PLR Savio Michellod, pour qui la motion apporte une réponse «claire et forte». D'autres interventions ont cité l'amélioration de la «qualité de vie» non seulement des élèves et mais aussi du corps enseignant.
Exceptions exhaustives
L’usage des smartphones perturbe l’apprentissage, nuit à la concentration, contribue au harcèlement et à une addiction au contenu, avec les réseaux sociaux, les jeux d’argent ou les jeux vidéo, ont relevé encore les motionnaires. Selon celles-ci, les autres cantons romands sont allés plus loin que Fribourg.
Ces collectivités publiques demandent aux élèves qui fréquentent l’école obligatoire d’éteindre et ranger leur téléphone portable durant le temps scolaire, tant en classe que dans l’enceinte de l’établissement. Sylvie Bonvin-Sansonnens leur a répondu qu'elles s'étaient alignées sur la pratique fribourgeoise. En vain.
Aux yeux des motionnaires, une interdiction dans le secondaire 2 et les écoles professionnelles devrait être envisagée. Des exceptions exhaustives pourront être prévues telles que besoins pédagogiques ou urgences, lors des camps de ski ou des camps verts moyennant une autorisation expresse des membres du corps enseignant.
Enfin, la Conférence intercantonale de l'instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP) a publié en mai une position commune visant à encadrer le phénomène. Elle stipule d'éteindre et de ranger les appareils durant les cours et les récréations, avec des exceptions dans un «cadre pédagogique clairement défini».