L'euphorie s'estompe
Nemo a-t-il raté l'occasion de lancer une carrière internationale?

Après sa victoire à l'Eurovision 2024, Nemo a pris ses distances avec les médias suisses. L'euphorie est retombée et l'artiste n'a pas fait d'apparition en grande pompe lors de l'édition 2025 à Bâle. Nemo a-t-il raté l'occasion d'une carrière internationale?
Publié: 20.05.2025 à 12:00 heures
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Dernière mise à jour: 20.05.2025 à 12:04 heures
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L'euphorie était grande lorsque Nemo a remporté l'Eurovision pour la Suisse en mai 2024.
Photo: IMAGO/TT
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Michel Imhof

Après sa victoire au Concours Eurovision de la chanson 2024 à Malmö (Suède), Nemo s’est éloigné du public. Les interviews se sont faites rares. On l’a surtout aperçu sous les projecteurs, lors de festivals, concerts ou de shows sponsorisés. Beaucoup espéraient un retour fracassant à l’Eurovision 2025. Mais le grand coup d’éclat n’a pas eu lieu. Nemo a-t-il laissé passer sa chance de briller?

Une chose est sûre, Nemo n’a pas marqué l’Eurovion 2025 à Bâle. Ce sont plutôt Sandra Studer et Hazel Brugger qui ont ébloui avec leur sketch «Made in Switzerland», devenu viral. L’ouverture avec «The Code» s’est révélée bien moins spectaculaire qu’attendu. Et le nouveau single de Nemo, «Unexplainable», a déconcerté le public.

«Mais qu’est-ce que c’était que ça?», écrit un internaute sous la vidéo YouTube. Un autre ajoute : «Est-ce que Nemo va bien? Je m’inquiète.» Nemo, lui, n’a pas réagi aux critiques, mais a publié sur Instagram: «L’art doit consoler ceux qui sont dérangés et déranger ceux qui sont à l’aise.» Peu après, il s’affiche en pull «Leave me alone, I’m having a crisis»: «Laissez-moi seul, je suis en crise.»

L'euphorie est retombée

Un an après sa victoire, la vague d’enthousiasme autour de Nemo s’est nettement affaiblie. L’artiste n’est plus au centre des discussions. Il a préféré se concentrer sur les shows live de l’Eurovision et en a profité pour annoncer discrètement l’annulation d’une partie de sa tournée européenne. Sur les 24 concerts prévus, seuls 18 sont maintenus. Genève, Madrid, Barcelone, Tallinn et Riga sont rayées de la liste. Des raisons financières et logistiques rendent ces étapes impossibles, selon son entourage.

Peut-être Nemo cherche-t-il à prendre ses distances avec l’exposition médiatique, pour se recentrer sur l’essence de la musique et de la création, avance la manageuse Anita Maric. Et elle croit toujours en son potentiel: «Dans la situation mondiale actuelle, les messages que Nemo véhicule – amour, humanité – sont exactement ce dont beaucoup de gens ont besoin, souligne-t-elle. Nemo préfère sacrifier sa vie privée et se consacrer à son art plutôt que de briller en permanence dans les médias. Et c’est parfaitement légitime.»

Une image brouillée

Pour le publicitaire Frank Bodin, l’image de Nemo reste floue: «L’élan suscité par sa magnifique chanson victorieuse a été éclipsé par ses prises de position politiques, comme sa revendication d’un troisième genre ou sa demande d’exclusion d’Israël de l’Eurovision.» Peu après sa victoire, Nemo avait interpellé le conseiller fédéral Beat Jans pour faire inscrire un troisième genre au registre civil. Et juste avant l’édition 2025, il appelait, via le «Huffington Post», à bannir Israël du concours.

Frank Bodin rappelle une règle clé de son métier: «En publicité, on évite les sujets sensibles comme la politique, l’armée ou la religion.» Il estime que le même principe devrait s'appliquer au monde du show. «Cela ne signifie pas qu’un artiste ne peut pas être engagé. Mais il est plus pertinent de porter ses messages à travers sa musique, plutôt que via des déclarations parfois mal perçues. Que Nemo fasse de la musique: des politiciens, on en a déjà assez.»

Reste à voir ce que le public pensera de son premier album, «Arthouse», attendu cet automne. Un titre qui affirme clairement une chose: pour Nemo, l’art passe avant tout. C’est là que l’on saura si sa communauté de fans suit toujours.

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