Une association met en garde
L'arrivée d'OGM non identifiables de l'UE fait peur aux paysans suisses

L'UE prévoit de vendre des aliments génétiquement modifiés sans étiquetage spécifique. Cela aura des conséquences pour les consommateurs suisses, prévient une association. Qu'en est-il vraiment?
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L'UE prévoit d'assouplir la déclaration des aliments génétiquement modifiés.
Photo: Philippe Rossier
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Martin Schmidt

Pommes résistantes aux maladies, orge plus robuste, brocolis adaptés au climat sec: les aliments modifiés par des procédés modernes de techniques génétiques devraient à l'avenir pouvoir être vendus dans les supermarchés de l'Union européenne sans étiquetage spécial. Il s'agit d'aliments qui ont été modifiés génétiquement dans une mesure limitée, par exemple par l'édition du génome de la plante au moyen de ciseaux génétiques, le procédé dit Crispr. A l'avenir, de telles cultures devraient être exclues dans de nombreux cas des règles strictes de l'UE en matière de génie génétique.

En Suisse, les consommateurs restent très critiques à l'égard du génie génétique, comme l'a montré un sondage Sotomo réalisé cet été. Ils souhaitent que les aliments concernés soient déclarés, comme le prévoit actuellement la législation suisse. Et c’est là que le bât blesse, selon l’association suisse pour les aliments sans OGM.

«Les trois quarts de nos importations de denrées alimentaires proviennent de l'UE», déclare son directeur Dominik Waser, qui ajoute: «Si les aliments transgéniques ne doivent plus être déclarés dans l'UE à l'avenir, comment pourrait-on les déclarer en Suisse? Il faudrait de facto inscrire sur chaque produit de l'UE la mention 'contient potentiellement des OGM'. Tout le reste bafoue la liberté de choix des consommateurs.»

Ce que dit l'Union suisse des paysans

Actuellement, la technologie Crispr est encore peu utilisée dans l'agriculture de l'Union européenne. Néanmoins, Bruxelles veut encourager les innovations dans ce domaine, d'où l'adaptation de la loi. Les Etats-Unis et la Chine sont très en avance en matière de recherche. Si l’Europe accélère soudain, la question de l’étiquetage risque d’enflammer le débat suisse.

Le discours de l'Union suisse des paysans (USP) est clair: «Nous voulons maintenir une règle nationale exigeant une déclaration transparente de tout recours aux nouvelles méthodes de sélection ou à la génétique», affirme son directeur, Martin Rufer.

Il rappelle que des exceptions existent déjà: «Une grande partie du poulet importé en Suisse est produite avec des aliments génétiquement modifiés. Et le fromage étranger provient en partie de vaches nourries avec ce type de fourrage», explique Martin Rufer. Rien de tout cela n’a à être déclaré.

Et maintenant: OGM ou nouvelles technologies de sélection?

Le Parlement suisse planche lui aussi sur Crispr. Les plantes modifiées avec la technologie devraient être autorisées, mais avec étiquetage obligatoire. Les conditions d’autorisation resteraient toutefois plus strictes qu’à l’étranger. Le dossier reviendra au Parlement l’an prochain.

Les projets suscitent des critiques de toutes parts. Pour certains, cela ne va pas assez loin, pour d'autres beaucoup trop loin. L'un des points de désaccord porte sur la terminologie: ainsi, le projet de loi parle de nouvelles méthodes de sélection et non de génie génétique.

L'Union suisse des paysans salue certains assouplissements permettant l'utilisation de nouvelles variétés de plantes. «Nous obtiendrons ainsi des plantes plus résistantes aux maladies et nous aurons besoin d'encore moins de produits phytosanitaires», explique Martin Rufer.

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