Blick a révélé dimanche 14 décembre que la Bernoise Béatrice Keul, ancienne finaliste de Miss Suisse, avait participé en 1993 à un concours de beauté organisé à New York par Donald Trump. A l’hôtel, elle aurait subi des attouchements de la part de celui qui deviendra plus tard président des Etats-Unis. Elle raconte avoir crié et tenté de le repousser.
Le prédateur sexuel Jeffrey Epstein, condamné par la suite, l’aurait ensuite littéralement «poursuivie». Selon Béatrice Keul, il se serait présenté comme «le meilleur ami» de Donald Trump. Il lui aurait expliqué que Trump l’appréciait beaucoup et lui aurait proposé des invitations pour des soirées à Mar-a-Lago, avec vol et hôtel pris en charge. «Tu n’as qu’à faire tes valises et venir à la fête», lui aurait lancé le financier déchu.
Après son refus, Jeffrey Epstein aurait tenté de l’impressionner en évoquant sa fortune, ses comptes bancaires en Suisse et ses relations influentes. «Epstein savait exactement ce qu’il faisait», a récemment confié Béatrice Keul au «New York Times». «Il avait une méthode de chasse. C’était sa routine.»
«La saga Epstein, c'est moi»
Aujourd’hui, Béatrice Keul dit ne plus se sentir vraiment en sécurité. A l’époque, jeune mannequin suisse venue à New York pleine d’espoir, elle ignorait encore à quels hommes puissants elle avait affaire. Depuis, devenue employée de banque, elle a rendu ses accusations publiques. Des déclarations qui lui ont valu des menaces.
«Le public a le droit de connaître la vérité», a-t-elle déclaré à Blick. Cette Biennoise d’origine affirme même être l’un des éléments déclencheurs du scandale Epstein. Selon elle, le biographe de Donald Trump Michael Wolff aurait mentionné son nom après la publication d’enregistrements audio d’Epstein. «La saga Epstein, c’est moi», assure-t-elle.
Elle souligne aussi qu’en octobre, treize jours après un entretien qu’elle avait accordé à un journal britannique, le prince Andrew avait renoncé à son titre de duc. «Coïncidence?» interroge-t-elle. Toujours selon Béatrice Keul, Epstein aurait tenté de la mettre en contact avec le prince.
Plusieurs menaces
La Suissesse a pu s’éloigner à temps de ces deux hommes influents. Comme l’a montré la suite des procédures judiciaires liées à Epstein, elle n’était pas la seule à l’accuser. «Je ne savais pas que la boîte de Pandore contenait autant de cadavres», dit-elle en évoquant les nombreuses victimes présumées.
Elle affirme que vingt-six jeunes femmes ont depuis brisé le silence et confirmé des abus. «Je n’avais pas conscience de l’ampleur des atrocités qui apparaissent chaque jour un peu plus au grand jour», confie-t-elle.
Mais ses prises de parole l’ont exposée. «Oui, j’ai reçu des menaces», assure l'ex-mannequin, sans vouloir en préciser le contenu. «Les premières sont arrivées la semaine où Virginia Giuffre a été retrouvée morte. Symbolique, non?»
«Je ne suis pas suicidaire»
Virginia Giuffre était l’une des principales accusatrices d’Epstein. Figure publique du scandale, elle accusait notamment le prince Andrew de l’avoir agressée sexuellement lorsqu’elle était mineure. Giuffre s’est suicidée en avril 2025, à l’âge de 41 ans.
Béatrice Keul se remet aujourd’hui d’une opération. Elle montre à Blick une photo prise depuis son lit d’hôpital en Suisse. Son histoire dépasse désormais le cadre personnel et prend une dimension politique. «Mes déclarations ne sont qu’une minuscule pièce du puzzle, et je parie que nous n’avons pas encore découvert toutes les surprises.»
La Bernoise ne se décourage pas pour autant et admet être fière de voir «que même une petite lumière comme moi peut faire la différence». Puis elle ajoute, dans une phrase lourde d’inquiétude: «Je tiens à préciser que je ne suis pas suicidaire et que je ne l’ai jamais été.»