«Je vais mourir de chaleur»: voilà une phrase que l'on entend particulièrement ces derniers jours avec le retour des très hautes températures. Mais quel danger pose réellement la chaleur?
Matthias Hermann, cardiologue à l'hôpital universitaire de Zurich, prend la situation très au sérieux. En effet, si l'on considère l'ensemble de la population, on peut déjà constater un risque de mortalité accru à partir de 30 degrés. A partir de ce seuil, on parle de jour de canicule. «Les personnes en bonne santé et quelque peu habituées aux températures élevées ne courent toutefois aucun risque aigu si elles pratiquent une activité physique ces jours-là.» Il est toutefois important de faire des pauses régulières et de boire suffisamment.
La situation est différente pour les personnes souffrant d'une maladie chronique comme le diabète ou l'hypertension. «Ces personnes doivent clairement se ménager en cas de chaleur», déclare Matthias Hermann.
Quelles sont les règles à respecter les jours de canicule? A l'école, au bureau et pour les travaux à l'extérieur?
A l'école, les congés chaleur, c'est du passé
Mauvaise nouvelle pour les élèves: même lorsque les températures dépassent 30 degrés, ils doivent aller en cours. Renvoyer les enfants à la maison n'est pas non plus possible. En effet, l'école a une obligation de prise en charge.
Cela n’a pourtant pas toujours été le cas. Autrefois, les écoles de certains cantons pouvaient accorder une journée libre si la température dépassait 30°C à 10h du matin. Cette règle a peu à peu été abolie au fur et à mesure des années.
Les autorités ont constaté que les enfants profitaient de leur après-midi libre pour aller se baigner ou jouer dehors, ce qui annulait l’effet protecteur. De plus, de nombreux parents avaient du mal à s’organiser à la dernière minute.
Au bureau, seules les femmes enceintes bénéficient d’une limite fixe
Pas de congé non plus pour les salariés en cas de canicule. Toutefois, les employeurs ont une obligation de protection. Selon les recommandations du Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco), la température dans les locaux doit être adaptée au type de travail.
Par exemple, la température ambiante doit être adaptée. Concrètement, pour un travail sédentaire principalement intellectuel, des températures de 21 à 23 degrés sont recommandées, et pour un travail physique, selon son intensité, entre 16 et 21 degrés. En cas de fortes chaleurs extérieures, la température intérieure ne devrait pas dépasser 26 degrés. En outre, plusieurs petites pauses devraient être possibles, et de l’eau potable doit être mise à disposition.
Il existe toutefois une exception: les femmes enceintes et allaitantes peuvent exiger de ne pas venir travailler à partir d'une température ambiante de 28 degrés.
Si l'employeur ne veille pas à un climat ambiant adéquat, on peut s'adresser à l'inspection cantonale du travail. Cette autorité doit agir lorsqu'on lui signale qu'un employeur ne respecte pas la protection de la santé.
Sur les chantiers, travailler si possible à l'ombre
Il n’existe pas non plus de congé pour cause de chaleur pour les ouvriers du bâtiment, bien qu’ils soient probablement parmi les plus exposés aux fortes températures.
Un plan de mesures de la Suva recommande, à partir de 33 degrés, une pause de 15 minutes par heure dans un endroit frais et ombragé. De plus, les travaux lourds doivent être réduits au strict minimum et effectués si possible à l’ombre.
Pour les travaux routiers, le Tessin applique une réglementation spécifique: lorsque Météo Suisse émet un avertissement de chaleur de niveau 3 pendant trois jours consécutifs, les travaux doivent cesser chaque jour à partir de 13 heures. Le médecin cantonal émet un avertissement de chaleur dès que la température moyenne – jour et nuit – dépasse 25 degrés pendant trois jours consécutifs. Dans ce cas, les employeurs doivent suivre le plan de mesures de la Suva et les communes doivent autoriser des débuts de travail plus tôt le matin.