Un pilote évoque plusieurs pistes
La vague de chaleur a-t-elle causé le crash de l'hélicoptère d'Air-Zermatt?

Samedi, un hélicoptère d’Air-Glaciers s’est écrasé sur le glacier d’Oberaletsch, en Valais, provoquant la mort d’un passager. Comment un tel drame a pu se produire? Le pilote d'hélicoptère Hans Tschirren revient sur les dangers inhérents à la chaleur et à l'altitude.
Publié: 06:18 heures
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Dernière mise à jour: 06:47 heures
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Un hélicoptère s'est écrasé samedi sur le glacier d'Oberaletsch (VS), entraînant la mort d'un occupant.
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Helena Graf

Un hélicoptère d’Air-Glaciers s’est écrasé samedi 28 juin sur le glacier d’Oberaletsch. L’un des trois occupants a perdu la vie. Il s’agit du premier accident de ce type en 2025. Et il est en tout point exceptionnel, selon Hans Tschirren, pilote d’hélicoptère et président de l’Association suisse des journalistes aéronautiques. Il décrypte ce drame pour Blick.

L’accident s’est produit alors que l'hélicoptère – un appareil de type AS350 B3 Ecureuil – effectuait des travaux agricoles. A son bord se trouvaient trois personnes: le pilote, un assistant de vol et un passager. Peu après midi, alors qu'il volait à 2500 mètres d'altitude, l'engin s'est soudainement écrasé.

Comment un tel drame a-t-il pu se produire? Hans Tschirren cite plusieurs facteurs pouvant influencer la performance et la maniabilité d’un hélicoptère: l’altitude, la température, le vent, le poids de l’appareil et la topographie du terrain. Or, samedi, une vague de chaleur s'est abattue sur le Valais. A Bettmeralp, commune située à 2000 mètres d’altitude et à moins de six kilomètres à vol d’oiseau du lieu de l’accident, le mercure a atteint les 24 degrés.

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Chaleur et altitude pointées du doigt

«L’altitude et la chaleur réduisent la pression atmosphérique», explique Hans Tschirren. Autrement dit, plus la température de l'air est élevée et plus l'appareil prend de la hauteur, plus ses performances vont diminuer.

«Dans des conditions comme celles de samedi, les turbines ne peuvent plus fournir toute leur puissance», affirme l’expert. Il précise qu’un problème technique, comme une défaillance de la turbine ou du système hydraulique, bien que moins probable, ne peut être totalement exclu à ce stade.

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Un hélicoptère s'est écrasé samedi sur le glacier d'Oberaletsch, en Valais.
Photo: Leserreporter

Selon les informations communiquées par Air-Glaciers et la police cantonale valaisanne, l’hélicoptère se trouvait en vol stationnaire au moment de l’accident, lorsqu’il a basculé avant de s’écraser. Le vol stationnaire correspond à la phase qui précède avant l’atterrissage, lorsque l’appareil reste suspendu à quelques mètres du sol avant d’entamer sa descente.

L'hypothèse du patin coincé

Stabiliser l’appareil lors d’un vol stationnaire est une étape cruciale. Pour cela, le rotor de queue – c'est-à-dire la petite hélice située à l'arrière de l'hélicoptère – joue un rôle crucial: il permet de contrer la rotation de la cabine causée par le rotor principal, et donc de maintenir la stabilité de l'engin. «Il est possible que ce rotor ait atteint sa limite et que le pilote ait perdu le contrôle, ou qu’une rafale ait soudainement coup fait basculer l’appareil», avance Hans Tschirren.

La proximité immédiate d'une paroi rocheuse pourrait également avoir précipité l’accident. Un patin de l’appareil aurait ainsi pu s’accrocher à un rocher. «C’est un peu comme trébucher sur une bordure: on se bloque, on bascule. Et à partir d’un certain angle d’inclinaison, un hélicoptère ne peut plus se redresser», explique encore le spécialiste.

Un lecteur de Blick témoigne

Un lecteur de Blick a filmé les lieux du crash quelques instants seulement après l'accident. Sur ses images, on voit de la fumée s’échapper de l’épave, qui git sur un versant raide et escarpé. La cabine semble étonnamment intacte.

Selon le témoin, des personnes étaient déjà présentes sur le site avant l’impact, sans doute pour assister l'hélicoptère dans sa manoeuvre. Quant au crash, il ne l’a pas vu sur le moment: «Je filmais ma femme et je ne faisais pas attention à ce qui se passait autour», confie-t-il. 

Un lecteur de Blick a filmé l'opération de sauvetage
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Crash en Valais:Un lecteur de Blick a filmé l'opération de sauvetage

Bien que l'hélicoptère ne semble pas avoir chuté de très haut, le passager, un Suisse de 51 ans, n’a pas survécu au choc. Ce drame est d'autant plus choquant que les accidents mortels d’hélicoptère restent rares en Suisse.

Des accidents rares, mais choquants

L’an dernier, une autre tragédie avait déjà endeuillé Air-Glaciers. Un hélicoptère avait alors déclenché une avalanche lors d'un atterrissage sur le sommet du Petit Combin (VS). La coulée de neige avait emporté tous ses occupants. Trois personnes avaient perdu la vie, trois autres avaient survécu.

En 2024, Service suisse d’enquête de sécurité (SESE) a enregistré cinq accidents d’hélicoptère en 2024, contre seulement deux en 2023. En 2022, cinq accidents s'étaient produits, dont un seul s'était avéré mortel.

Dans un communiqué publié samedi, Air-Glaciers a exprimé ses condoléances aux proches du passager décédé. «Nous sommes profondément bouleversés par ce tragique événement», écrit la compagnie. Le SESE ainsi que le Ministère public de la Confédération ont ouvert une enquête pour déterminer les circonstances exactes du crash.

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