Le 1er août, les droits de douane de 39% de Donald Trump ont fait l'effet d'une gifle. Un accord avec le président américain? Toujours rien à l'horizon. Rien d'étonnant donc à ce que la Berne fédérale regarde ailleurs.
La Suisse dispose actuellement d'un réseau de 34 accords de libre-échange avec 44 partenaires – en plus de la convention de l'AELE et de l'accord de libre-échange avec l'Union européenne (UE). L'accord de libre-échange avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) devrait bientôt s'y ajouter. Le ministre de l'économie Guy Parmelin l'a signé mardi dernier à Rio de Janeiro. Or, ce n'est pas le seul qu'a signé le Conseiller fédéral ce jour-là.
Le Brunei et le Rwanda? Des alliés contestés
Presque en même temps que le communiqué sur le Mercosur, le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) a publié un communiqué au titre surprenant: «La Suisse entreprend de nouvelles démarches pour diversifier ses relations commerciales». Derrière ce communiqué se cache la création de ce que l'on appelle le «FIT-Partnership».
La Suisse a créé ce partenariat avec 13 autres pays. Outre les Emirats arabes unis, la Nouvelle-Zélande, la Norvège ou l'Islande, se trouvent des Etats très controversés comme le Brunei ou le Rwanda. L'île de Brunei, un petit Etat situé sur l’île de Bornéo, est dirigée depuis 1967 par le sultan Hassanal Bolkiah. La loi de la charia y est très stricte: les homosexuels ou les infidèles y risquent la peine de mort par lapidation. Côté rwandais, son président Paul Kagame est accusé de persécution politique et de torture par plusieurs ONG.
Quel est l'intérêt pour la Suisse?
Sur le plan économique, les deux pays sont des poids mouches: l'année dernière, le produit intérieur brut de la Suisse était 59 fois plus élevé que celui du Brunei et 66 fois plus élevé que celui du Rwanda. Alors pourquoi Guy Parmelin s'engage-t-il dans un partenariat avec ces pays? «Les participants au partenariat FIT sont tous des petites et moyennes économies qui ont un intérêt à un commerce ouvert avec d'autres nations, comme le Brunei et le Rwanda», répond le Seco à la demande de Blick.
Le partenariat suisse avec le Brunei, le Rwanda et les onze autres pays FIT est donc une réponse directe aux droits de douane punitifs de Donald Trump. Le Seco ne s'en cache pas, il parle de «diversifier les relations commerciales» et de «construire de nouvelles alliances pour faire face ensemble à l'incertitude en matière de politique commerciale.» Le Brunei et le Rwanda devraient donc à l'avenir contribuer à ce que la Suisse soit moins dépendante des Etats-Unis.
Mais comment cela fonctionne-il concrètement? Au Seco, on ne le sait pas encore. «Il n'y a pas encore de projets concrets à l'heure actuelle. Les travaux ne font que commencer.» D'ailleurs, il est fort possible que d'autres pays se joignent à l'alliance. Car, toujours selon le Seco, le partenariat FIT est ouvert à d'autres pays de petite et moyenne taille qui défendraient les mêmes «valeurs de politique commerciale» que la Suisse.