Les 39% de droits de douane que les Etats-Unis veulent prélever sur les importations en provenance de Suisse devraient être appliqués à partir du jeudi 7 août. D'ici là, Berne garde toujours une lueur d'espoir quant à un accord. Mais qui se trouve de l'autre côté de la table des négociations? Qui peut décider d'entendre ou non la Suisse? Qui tient vraiment les rênes à Washington? Même si c'est Donald Trump qui tranchera en dernier, l’influence de ceux qui l'entourent pourra peut-être faire pencher la balance. Blick vous présente les sept personnes qui donnent le ton sur les questions douanières aux Etats-Unis et leur position par rapport à la Suisse.
Scott Bessent – L'homme de l'ombre
Le ministre du Trésor Scott Bessent est plutôt discret mais il est très influent. En tant qu'ex-gestionnaire de fonds spéculatifs, il connaît les marchés comme sa poche. Alors que Donald Trump s'exprime à tort et à travers, Scott Bessent sait rester discret. C'est d'ailleurs lui qui a conseillé au président de repousser la date limite pour les accords commerciaux.
Scott Bessent semble être fan de la Suisse. Lors d'une apparition en juin, il a fait publiquement l'éloge de nos «valeurs communes» telles que la démocratie, le fédéralisme et l'Etat de droit. «Les Etats-Unis et la Suisse sont des républiques sœurs», avait-il même affirmé. Si quelqu'un peut encore dire du bien de la Suisse à Washington, c'est bien lui. De plus, il connaît personnellement plusieurs conseillers fédéraux.
Jamieson Greer – Le chef des droits de douane
Jamieson Greer, représentant au Commerce, a dirigé les négociations avec la Suisse. Il justifie les droits de douane de 39% par un déséquilibre commercial, affirmant que celui-ci aurait causé un déficit de 40 milliards de dollars pour les Etats-Unis. Une volonté de compromis? Sans façon. «Nous nous concentrons maintenant sur la mise en œuvre des accords», a-t-il indiqué. Le représentant adopte la méthode Trump: obéir ou payer.
Jamieson Greer minimise également l'importance de la déclaration d'intention, que le Conseil fédéral avait déjà approuvée. «Rien n'est convenu tant que tout n'est pas convenu», a-t-il affirmé. «Ces droits de douane sont quasiment définitifs», a indiqué dimanche le représentant dans une interview à la chaîne américaine CBS. Interrogé sur d'éventuelles négociations en vue d'une réduction, il a déclaré qu'elles n'auraient probablement pas lieu «dans les prochains jours».
Howard Lutnick – L'allié sûr
Howard Lutnick, ancien de Wall Street, aujourd'hui ministre du Commerce dans le cabinet Trump, apporte une influence issue du monde de la finance. A la tête de Cantor Fitzgerald, société de services financiers, il était connu pour son style de négociation musclé. Désormais, il utilise ses méthodes sur la scène commerciale mondiale. Howard Lutnick est considéré comme très loyal envers Trump et partage son point de vue selon lequel les droits de douane sont un moyen de pression légitime. Jusqu'à présent, il ne s'est pas exprimé publiquement sur la Suisse. Sa signature devrait pourtant apparaitre dans les futures décisions concernant les exportations suisses.
Ed McMullen – L'ami déçu
De 2017 à 2021, il a été ambassadeur des Etats-Unis en Suisse. Aujourd'hui, Ed McMullen n'a plus de fonction gouvernementale, mais il continue à avoir de bonnes relations avec le président américain. Et il avait d'ailleurs de l'espoir. En avril dernier, il déclarait encore à Blick que le deuxième mandat de Trump serait «très bon pour la Suisse». Le vent a depuis tourné. Les droits de douane actuels ont probablement étonné Ed McMullen. Il ne s'est d'ailleurs pas exprimé publiquement à ce sujet, mais on peut deviner que la décision de Trump ne figurait pas dans ses prévisions.
Callista Gingrich – La nouvelle ambassadrice
Elle deviendra bientôt l'ambassadrice de Trump en Suisse. De nombreux espoirs reposent sur ses épaules. Callista Gingrich, conservatrice, catholique, avec des racines suisses, a la confiance du président. Elle n'est pas encore en fonction, mais la Suisse fait déjà appel à elle. Peut-elle encore empêcher les droits de douane? Elle ne s'est pas exprimée. Mais elle pourrait bientôt devenir la femme la plus importante de cette affaire.
Peter Navarro – Le fan n°1 de Trump
S’il y a un cerveau derrière la politique douanière de Trump, c’est bien Peter Navarro. Autrefois démocrate, il est aujourd'hui un fervent partisan de Trump. Pour lui, les droits de douane ne sont pas une formalité, mais un acte patriotique. Les Etats-Unis se sont fait «rouler dans la farine», dit-il. Sa solution? La guerre commerciale. Il veut «faire revenir» l'industrie américaine, quel qu'en soit le prix. Même si cela implique d'imposer à la Suisse des droits de douane de 39%...
Donald Trump – Le boss de fin
Il l'a fait. Le 1er août, Donald Trump a annoncé des droits de douane de 39% sur les produits d'exportation suisses en raison d'un «déficit commercial massif». Le président ne veut pas négocier, mais imposer. Pourtant, un accord avec la Suisse était prêt depuis longtemps. Le président américain a refusé de le signer au dernier moment. «J'ai parlé hier avec la Suisse. Nous avons un déficit de 40 milliards. C'est un gros déficit», a-t-il déclaré vendredi.
Désormais, le temps presse à Berne. Jusqu'à jeudi, les diplomates espèrent encore faire céder le président. De son côté, Trump ne voit dans cette affaire avec la Suisse qu’un simple chapitre dans sa tentative de remodeler l’économie mondiale à sa façon.