Négociations sous haute tension
La Suisse devra convaincre ces personnes clés pour faire plier Trump

Le Conseil fédéral a mené des mois de négociations avec Washington, sans parvenir à un accord sur les droits de douane. Le 1er août, Donald Trump a annoncé des surtaxes de 39%. Qui sont les figures clés qui pourraient encore influencer la décision du président?
Publié: 05:58 heures
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Dernière mise à jour: 07:11 heures
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C'est avec ce panneau que la guerre commerciale a commencé en avril.
Photo: Brendan Smialowski

Les 39% de droits de douane que les Etats-Unis veulent prélever sur les importations en provenance de Suisse devraient être appliqués à partir du jeudi 7 août. D'ici là, Berne garde toujours une lueur d'espoir quant à un accord. Mais qui se trouve de l'autre côté de la table des négociations? Qui peut décider d'entendre ou non la Suisse? Qui tient vraiment les rênes à Washington? Même si c'est Donald Trump qui tranchera en dernier, l’influence de ceux qui l'entourent pourra peut-être faire pencher la balance. Blick vous présente les sept personnes qui donnent le ton sur les questions douanières aux Etats-Unis et leur position par rapport à la Suisse.

Scott Bessent – L'homme de l'ombre

Scott Bessent, le ministre des Finances de Trump, est considéré comme la voix de la raison - et a une relation remarquablement bonne avec la Suisse.
Photo: imago/UPI Photo

Le ministre du Trésor Scott Bessent est plutôt discret mais il est très influent. En tant qu'ex-gestionnaire de fonds spéculatifs, il connaît les marchés comme sa poche. Alors que Donald Trump s'exprime à tort et à travers, Scott Bessent sait rester discret. C'est d'ailleurs lui qui a conseillé au président de repousser la date limite pour les accords commerciaux. 

Scott Bessent semble être fan de la Suisse. Lors d'une apparition en juin, il a fait publiquement l'éloge de nos «valeurs communes» telles que la démocratie, le fédéralisme et l'Etat de droit. «Les Etats-Unis et la Suisse sont des républiques sœurs», avait-il même affirmé. Si quelqu'un peut encore dire du bien de la Suisse à Washington, c'est bien lui. De plus, il connaît personnellement plusieurs conseillers fédéraux. 

Jamieson Greer – Le chef des droits de douane

En tant que représentant au commerce, Jamieson Greer défend les droits de douane punitifs en faisant référence à l'énorme déficit commercial.
Photo: keystone-sda.ch

Jamieson Greer, représentant au Commerce, a dirigé les négociations avec la Suisse. Il justifie les droits de douane de 39% par un déséquilibre commercial, affirmant que celui-ci aurait causé un déficit de 40 milliards de dollars pour les Etats-Unis. Une volonté de compromis? Sans façon. «Nous nous concentrons maintenant sur la mise en œuvre des accords», a-t-il indiqué. Le représentant adopte la méthode Trump: obéir ou payer. 

Jamieson Greer minimise également l'importance de la déclaration d'intention, que le Conseil fédéral avait déjà approuvée. «Rien n'est convenu tant que tout n'est pas convenu», a-t-il affirmé. «Ces droits de douane sont quasiment définitifs», a indiqué dimanche le représentant dans une interview à la chaîne américaine CBS. Interrogé sur d'éventuelles négociations en vue d'une réduction, il a déclaré qu'elles n'auraient probablement pas lieu «dans les prochains jours». 

Howard Lutnick – L'allié sûr

Du chef de Wall Street au ministre du Commerce : le «deal maker» de Trump croit à des négociations difficiles - même si cela devient inconfortable pour des pays partenaires comme la Suisse.
Photo: keystone-sda.ch

Howard Lutnick, ancien de Wall Street, aujourd'hui ministre du Commerce dans le cabinet Trump, apporte une influence issue du monde de la finance. A la tête de Cantor Fitzgerald, société de services financiers, il était connu pour son style de négociation musclé. Désormais, il utilise ses méthodes sur la scène commerciale mondiale. Howard Lutnick est considéré comme très loyal envers Trump et partage son point de vue selon lequel les droits de douane sont un moyen de pression légitime. Jusqu'à présent, il ne s'est pas exprimé publiquement sur la Suisse. Sa signature devrait pourtant apparaitre dans les futures décisions concernant les exportations suisses.

Ed McMullen – L'ami déçu

L'ancien ambassadeur américain à Berne, Ed McMullen, avait espéré un traitement spécial pour la Suisse - en vain.
Photo: imago images / GFC Collection

De 2017 à 2021, il a été ambassadeur des Etats-Unis en Suisse. Aujourd'hui, Ed McMullen n'a plus de fonction gouvernementale, mais il continue à avoir de bonnes relations avec le président américain. Et il avait d'ailleurs de l'espoir. En avril dernier, il déclarait encore à Blick que le deuxième mandat de Trump serait «très bon pour la Suisse». Le vent a depuis tourné. Les droits de douane actuels ont probablement étonné Ed McMullen. Il ne s'est d'ailleurs pas exprimé publiquement à ce sujet, mais on peut deviner que la décision de Trump ne figurait pas dans ses prévisions. 

Callista Gingrich – La nouvelle ambassadrice

Pas encore en fonction, mais déjà sous pression : l'ambassadrice américaine désignée doit atténuer le cours des droits de douane de Trump - et devient porteuse d'espoir à Berne.
Photo: IMAGO/Sipa USA

Elle deviendra bientôt l'ambassadrice de Trump en Suisse. De nombreux espoirs reposent sur ses épaules. Callista Gingrich, conservatrice, catholique, avec des racines suisses, a la confiance du président. Elle n'est pas encore en fonction, mais la Suisse fait déjà appel à elle. Peut-elle encore empêcher les droits de douane? Elle ne s'est pas exprimée. Mais elle pourrait bientôt devenir la femme la plus importante de cette affaire.

Peter Navarro – Le fan n°1 de Trump

Peter Navarro : L'ancien idéologue en chef de la politique économique de Trump considère les droits de douane comme un devoir patriotique.
Photo: keystone-sda.ch

S’il y a un cerveau derrière la politique douanière de Trump, c’est bien Peter Navarro. Autrefois démocrate, il est aujourd'hui un fervent partisan de Trump. Pour lui, les droits de douane ne sont pas une formalité, mais un acte patriotique. Les Etats-Unis se sont fait «rouler dans la farine», dit-il. Sa solution? La guerre commerciale. Il veut «faire revenir» l'industrie américaine, quel qu'en soit le prix. Même si cela implique d'imposer à la Suisse des droits de douane de 39%...

Donald Trump – Le boss de fin

Avec sa massue tarifaire de 39 pour cent contre les exportations suisses, le président américain montre clairement que les négociations ne se feront qu'à ses conditions.
Photo: Getty Images

Il l'a fait. Le 1er août, Donald Trump a annoncé des droits de douane de 39% sur les produits d'exportation suisses en raison d'un «déficit commercial massif». Le président ne veut pas négocier, mais imposer. Pourtant, un accord avec la Suisse était prêt depuis longtemps. Le président américain a refusé de le signer au dernier moment. «J'ai parlé hier avec la Suisse. Nous avons un déficit de 40 milliards. C'est un gros déficit», a-t-il déclaré vendredi. 

Désormais, le temps presse à Berne. Jusqu'à jeudi, les diplomates espèrent encore faire céder le président. De son côté, Trump ne voit dans cette affaire avec la Suisse qu’un simple chapitre dans sa tentative de remodeler l’économie mondiale à sa façon.

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